«Le racisme n’a pas sa place dans nos sociétés». Hier, lors d’un discours en hommage à sa mère, la défunte princesse Diana Spencer, le prince Harry (Henry de Galles) a prononcé un bref discours où il est revenu sur les derniers événements qui secouent de nombreux pays depuis la mort de l’afro-américain Georges Floyd, en juin dernier. Un speech virtuel qui a fait les principaux titres des médias internationaux et britanniques qui scrutent les moindres faits et gestes d’un couple qui s’est retiré de la maison royale d’Angleterre avec pertes et fracas. Un soutien au mouvement Black Lives Matter qui rejoint celui de son épouse Meghan Markle et qui ne passe pas inaperçu.
Le «princely speech» était inattendu et a surpris hier les médias d’autant que celui-ci intervient presque un mois après que son épouse, Meghan Markle, ait pris elle-même et publiquement position en faveur du Black Lives Matter (« La vie des noirs compte »). Dès les premières minutes, le prince Harry, col ouvert et barbe mal taillée, a évoqué sa mère, Lady Diana, qui «aurait soutenu le mouvement» selon lui, étant «constamment aux côtés des plus démunis, les défendant envers et contre tous». Regrettant que le «racisme soit devenu une règle au sein de nos sociétés », «lequel ne devrait pas avoir sa place» a-t-il précisé, le fils du prince Charles a pointé du doigt les générations actuelles et passées qui «n’ont pas encore assez fait pour réparer les torts du passé».
«En ce moment, nous voyons des situations dans le monde où la division, l’isolement et la colère dominent alors que la douleur et le traumatisme refont surface».Reconnaissant que les tensions sont exacrerbées de part et d’autres des lignes en présence, le prince Harry a réclamé que «cesse ce racisme institutionnel et les préjugés qui l’accompagne». «Si ma mère était vivante, elle combattrait le racisme» a affirmé le prince de 35 ans qui a présenté ses excuses et qui entend prendre part au «combat contre ce racisme endémique».
Des mots qui font échos à la duchesse de Sussex, féministe engagée. Dans une courte vidéo également et publiée sur le site du magazine «Essence», Meghan Markle avait déclaré à de jeunes lycéens «qu’ils devaient cessés d’avoir peur et de ne pas oublier les événements de 1992, à Los Angeles». Avant de les exhorter à rejoindre le mouvement Black Lives Matter (BLM) «afin de permettre la reconstruction d’un monde plus positif et meilleur». Première afro-américaine à avoir intégré «La Firme», surnom de la maison royale des Windsor, la jeune actrice qui a épousé le prince Harry devant le monde entier en mai 2018, a été rapidement la victime d’attaques racistes dans les médias anglais ou de la part de politiques qui n’ont pas hésité à parler d'elle dans des termes péjoratifs ou explicites.
Depuis plusieurs semaines, des militants du mouvement républicain britannqiue ont entamé une campagne dans les médias afin de réclamer que la reine Elizabeth II présente elle aussi ses excuses à l’instar du roi des Belges et reconnaisse le rôle de la Grande-Bretagne dans l’esclavage. «La Reine a été absolument silencieuse sur tout cela alors que nous vivons moment assez important. Depuis Guillaume IV, ses prédécesseurs avant lui sur le trône ont été personnellement impliqués dans ce commerce» a affirmé sur les ondes des radios anglaises, Graham Smith, leader du mouvement républicain. «Personne ne suggère qu'elle est personnellement responsable, mais dans l'esprit du temps, il serait tout a fait approprié pour elle de reconnaître l'implication de la maison royale et de la nation dans l'esclavage. La famille royale actuelle est assise sur un montant d’argent extrêmement important qui a été acquis grâce au commerce l'esclavage dans l'empire» explique Graham Smith qui comprend les actions du BLM en Angleterre. Des militants anti-racistes qui ont réclamé que certaines statues représentant des figures de l'esclavagisme soient déboulonnées y compris des figures royales comme la reine Victoria au nom de la «repentance collective».
En 2011, lors d’un banquet organisé à Dublin, la reine Elizabeth II avait présenté des excuses aux irlandais pour les souffrances qu’ils avaient dû subir durant l’occupation britannique. «C'est une triste et regrettable réalité (…). Avec le recul que cela impose, nous voyons aujourd’hui ce que nous aurions dû faire et ne pas faire» avait précisé «The Queen» qui a également soutenu les actions du gouvernement néo-zélandais lorsque celui-ci a demandé pardon aux maoris pour avoir pris «illégalement leurs terres».
«Je suis confiant sur notre avenir et quand je vois des personnes comme vous [en s’adressant aux comité du prix Diana-ndlr], je sais que nous avons la capacité de guérir le monde de ses douleurs». «Il est temps que nous puissions avoirs plus de noirs dans nos universités» a précisé le prince Harry qui a rendu hommage à l’engagement du londonien James Frater, 24 ans, nouveau détenteur du prix Diana.
C'est entre 1833 et 1838 que le Royaume-Uni a aboli graduellement la pratique de l'esclavage.
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