La Jamaïque souhaite déchoir Elizabeth II de son titre de chef d'État

La reine Elizabeth , souveraine de JamaïqueChef d’état du Royaume-Uni, la reine Elizabeth II est aussi la souveraine de quinze autres pays, tous membres du Commonwealth. Depuis quelques mois, la Maison royale des Windsor doit faire face à une résurgence républicaine alors que se termine doucement le règne d’une femme qui aura marqué de son empreinte tout un siècle et plusieurs générations. Notamment dans les différentes îles des Caraïbes qui font désormais pression sur Buckingham Palace afin que le palais accepte de briser ces chaînes qui les retiennent encore à Londres. Après l’île de la Barbade, c’est désormais celle de la Jamaïque qui exprime son désir de déchoir la « Queen » de son titre de monarque.

La reine Elizabeth II en JamaïqueC’est en 1962 que l’île de la Jamaïque a officiellement obtenu son indépendance tout en conservant la reine Elizabeth II comme souveraine de fait dans le cadre du Commonwealth, représentée par un Gouverneur-général. Mais dans les faits, c’est le Premier ministre qui dirige cet état annexé par les britanniques au cours du XVIIème siècle. Une île marquée une forte histoire esclavagiste et une répression assez violente qui va permettre au mouvement abolitionniste de mettre fin à cette pratique dans l’empire deux siècles plus tard. Sensible aux revendications du Black Lives Matter (« La vie des noirs comptent »), le gouvernement travailliste jamaïcain d’Andrew Holness semble avoir rallié le point de vue du Parti National Populaire (PNP), anciennement au pouvoir et qui ne fait pas mystère de sa volonté de déchoir de son titre de monarque, la reine Elizabeth II. La récente décision de la Barbade semble avoir décidé les dirigeants de cette île à s’engager sur ce même chemin rapporte le «Daily Mail »

La monarchie en Jamaïque, vestige colonial ?« Je pense qu'avoir la reine d'Angleterre à la tête de l'État est vraiment ridicule au 21e siècle. Nous sommes censés être un pays post-colonial, mais nous nous accrochons à tous ces vestiges d'empire. Il est temps de se débarrasser de la reine en tant que chef d'État » a déclaré Carolyn Cooper, écrivaine et professeur à l'Université des Antilles, située à Kingston, la capitale jamaïcaine. Un sondage réalisé l'an dernier par le « Jamaica Observer » a révélé que seulement 30 % des Jamaïcains soutenaient le maintien de la monarchie. Loin d’être négatif,  c’est un chiffre qui n’a jamais été aussi haut note le quotidien britannique alors que s’est engagé un débat sur cette question dans l’île de Bob Marley. « Nous devons reconnaître qu'une grave injustice a été commise et que l'héritage de cette injustice demeure. La richesse de la Grande-Bretagne a été alimentée par l'esclavage » assure Carolyn Cooper. D’après le quotidien, une pétition serait travaillée par différents politiciens locaux afin de forcer la monarchie britannique à rembourser le coût de l’esclavage. « Avoir la reine à la tête de la Jamaïque est un exemple classique d'esclavage mental. Nous devons nous émanciper de certaines de ces traditions qui nous lient au passé et ne nous permettent pas de revendiquer une liberté totale » ose même Angela Brown-Burke, ancienne maire PNP de la capitale. « Un individu qui nous gouverne  qui ne nous rassemble pas, qui ne nous ressemble pas. Cela a déclenché un autre débat en Jamaïque » précise t-elle encore. 

Livres sterlings en JamaïqueCes questions sont jugées « très importantes » pour la Jamaïque, comme l'a déclaré à « The Independent », Mark Golding, leader du PNP. « Je pense que les questions relatives à la destitution de la reine en tant que chef de l'État et aux réparations pour l'esclavage sont très importantes ; ils sont fondamentaux pour notre identité et notre nationalité ». Et de se faire l’écho des propos d’Angela Brown-Burke. « Je ne pense pas que l'on puisse prétendre que nous sommes totalement indépendants lorsque notre chef d'État est quelqu'un qui vit de l'autre côté de l'océan Atlantique et qui n'est pas un Jamaïcain » ajoute également Mark Golding. Pourtant tout n’est pas aussi simple que cela. La procédure légale de destitution de la reine en tant que chef de l'État jamaïcain impose une majorité des deux tiers dans les deux chambres du Parlement jamaïcain et d'être soumise au peuple jamaïcain lors d'un référendum. Un dernier point dont semble s'être passé l’île de la Barbade où ses politiciens ont pris en otage le débat et décidé unilatéralement de proclamer la République. Ce dont pourraient être aussi tentés de faire leurs confrères jamaïcains.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 27/09/2021

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