Nicolas de Roumanie appelle au retour de la monarchie
Nicolas de Roumanie appelle au retour de la monarchie
Les Roumains ont été appelés à voter pour renouveler leur classe politique. Les premiers résultats du scrutin présidentiel ont été une surprise. Interrogé, l'ex- prince Nicolas de Roumanie a réclamé que la question du retour de la monarchie soit abordée sérieusement. Divers candidats à l'élection se sont positionnés en ce sens.
Les Roumains ont été récemment appelés à renouveler leur dirigeant. Face à une corruption endémique qui secoue régulièrement la classe politique, à un risque généralisé de guerre, ils ont reporté leurs premiers votes sur le populiste Calin Georgescu, un des leaders de l’extrême-droite locale qui ne cache pas ses sympathies envers la Russie, avec 23% des voix. Un choc pour la Roumanie, longtemps un satellite de l’Union Soviétique, qui s’est libéré de sa dictature marxiste en 1989, après la chute du Mur de Berlin. Certaines voix ont appelé au retour de la monarchie.
Une institution royale qui demeure ancrée dans l'histoire nationale
Interrogé par Prima News fin novembre 2024, peu de temps avant le premier tour de l’élection présidentielle, c’est l’ancien prince Nicolas de Roumanie, 39 ans, qui s’est rappelé au bon souvenir de ses compatriotes et qui a appelé une nouvelle fois à restaurer la monarchie, contre-feu à la gabegie actuelle qui règne dans l’ancien royaume du roi Michel Ier (1921-2017). « Nous entendons de plus en plus souvent parler de la famille royale dans la société. Il semble que les gens soient beaucoup plus ouverts, plus réceptifs et comprennent beaucoup mieux ce que signifie exister en société », affirme le petit-fils du monarque.
Il a souhaité partager sa vision du rôle de la Maison royale à l’ère moderne. « (…) Le fait que les gens parlent de la façon dont ils ont rencontré la princesse, le prince, (…) de ce que le roi Michel Ier, de la reine Marie ont fait dans la société est le signe que nous cherchons aussi autre chose. Nous avons une comparaison, nous avons un point de référence. C'est quelque chose qui leur tient à cœur, [les Roumains] veulent quelque chose de différent, je pense. », déclare le prince Nicolas. Interrogé sur l’évolution de la perception de la monarchie depuis la chute du régime de Nicolae Ceaucescu, il a affirmé que celle-ci avait changé grâce à un accès élargi à l’information. Il a même profité de cette occasion pour évoquer son propre projet, L’Histoire de la royauté, une initiative bien accueillie selon lui. « Les gens veulent réouvrir ce chapitre de notre histoire. C’est essentiel de tirer des leçons du passé pour construire un avenir prospère. », surenchérit Nicolas Medforth-Mills.
La question du retour de la monarchie est plus que jamais d'actualité, selon le petit-fils du roi Michel Ier
Fils de la princesse Elena de Roumanie et de Robin Medforth-Mills , c’est en 1992 que le prince Nicolas a découvert la Roumanie. Il a été marqué par l’enthousiasme que le retour du roi Michel Ier avait suscité. Souverain deux fois au cours de son existence ( 1927-1930 et 1940-1947) , Michel Ier a été contraint par les communistes à l’exil. Très rapidement, la Maison royale s’est progressivement imposée dans le paysage politique de la Roumanie, quitte à devenir un État dans l’État, une alternative crédible. Pour le prince Nicolas, la monarchie ne peut que revenir dans cette partie des Balkans. Pour autant, son approche de cette question reste mesurée. « La monarchie a fonctionné pour la Roumanie de 1866 à 1947, mais est-ce qu’elle fonctionnerait aujourd’hui ? Je pense que la question mérite d’être discutée sérieusement. », explique-t-il, insistant sur la nécessité pour la Couronne de rester proche des citoyens. « Pour qu’un tel changement soit possible, la monarchie doit être davantage présente dans la société, de manière protocolaire et informelle. Et de cette façon, nous aurons une communauté grandissante qui soutiendra un changement dans ce sens. Mais nous devons tous y travailler, pas seulement la famille royale. », déclare Nicolas de Roumanie.
Nicolas de Roumanie se pose en prétendant au trône
Lorsque le journaliste Ciprian Aron lui demande directement si l’institution royale conviendrait encore à la Roumanie, il n’hésite pas répondre : « à mon avis, oui, mais je suis peut-être subjectif". Mais oui, c'est un bénéfice pour notre pays, nous en avons la preuve. ». En décembre 2023, l’institut INSCOP a publié un sondage sur la réelle perception de la monarchie en Roumanie. L'idée progresse, les résultats sont sans appels. Plus de la moitié des Roumains (56,4%) estiment que si la Roumanie avait adopté la monarchie immédiatement après 1989, les choses auraient été différentes au cours des 35 années qui ont suivi. À la question de savoir comment ils voteraient lors d'un éventuel référendum si la question de la transformation de la Roumanie en monarchie se posait, 54,7% des Roumains ont déclaré qu'ils voteraient contre la monarchie et pour le maintien de la république (contre 41% en juillet 2013). 35,4% déclarent qu'ils voteraient en faveur de la monarchie (contre 27,2% en juillet 2013), et 9,9% ne savent pas ou ne répondent pas (contre 31,8% en juillet 2013). Près de la moitié des personnes interrogées (48,5%) ont actuellement une bonne ou une très bonne opinion de la Maison royale de Roumanie. Une dynastie qui bénéficie d'un temps d'antenne très important sur les télévisions roumaines et même d'une émission régulière.
Un mouvement monarchiste endormi en dépit de soutiens publis divers et de sondages favorables
Si le chemin vers un retour de la monarchie reste encore loin, il dépend aussi du bon vouloir des élus qui se pressent à chaque élection au Palais Elisabeth afin d’être vu avec « Sa Majesté la princesse Margareta » dont le pouvoir est quasi équivalent au président de la République , ce qui a valu à la Roumanie son surnom de « République couronnée ». La fille du roi Michel Ier reçoit régulièrement les chefs d’État ou de gouvernement, y compris venus de l’étranger comme si elle était en exercice. À 75 ans, elle est toujours aussi combattive, n’hésite pas à prendre des positions comme sur l’Europe (dont elle est une ambassadrice passionnée à l'intégration) ou la Russie. Un pays pour qui elle ne cache pas son aversion. Du côté monarchiste, le mouvement qui a tenu haut le pavé de la politique roumaine dans la décennie 1990, qui a connu un nouveau regain entre 2000 et 2015 (notamment avec l'Alliance nationale pour la restauration de la monarchie) avant d’être frappé par plusieurs soubresauts et diverses scissions.
Volontiers conservateur et nationaliste, le vote monarchiste se perd au sein des différents partis, plutôt centré sur la droite ou l’extrême-droite. Par le passé, divers ténors de la politique roumaine et de la société civile ont pris position en faveur de la restauration de la monarchie sans pour autant en défendre l’idée une fois élus. Cette élection ne fait pas exception. Le député George Nicolae Simion, arrivé troisième au premier tour (14%) est un sympathisant de cette cause. « Il vaut mieux élire un roi que d'avoir les présidents que nous avons », a déclaré le leader l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), un parti d’extrême-droite, en novembre 2023. Cristian Diaconescu, candidat indépendant, ancien ministre des Affaires étrangères (2012) qui a obtenu tout juste 3% des voix, se place sur une ligne identique. « La monarchie est considérée par de nombreux Roumains comme le dernier salut du pays », assure cet ancien Président du Parti Mouvement populaire.
Être prince royal, « cela signifie représenter un pays, un peuple avec fierté, avec dignité, mais en même temps avoir cette modestie envers le peuple », poursuit le prince Nicolas qui cite le prince William de Galles en exemple. « La princesse Margareta, ma tante, travaille également pour un avenir meilleur [pour la Roumanie-ndlr], pour la Couronne. Et je continuerai dans le même sens. Je considère qu'il est de ma responsabilité, en tant que prochaine génération, de poursuivre cette mission, tout comme nos ancêtres l'ont fait. » , assure le prince Nicolas qui se pose déjà en prochain prétendant au trône. Quand même bien, il a été exclu de la succession en 2015, pour des raisons obscures.