L'idée monarchique en perte de vitesse en Roumanie ?

À l’occasion de la visite du roi Charles III en Roumanie, l’institut de sondage Avangarde a posé la question du retour de la monarchie dans ce pays des Balkans. Bien qu'ils aient une assez bonne opinion du rôle de cette institution dans leur histoire et que la maison royale reste populaire, la plupart des Roumains ne souhaitent pas un retour à cette forme de gouvernement. 

C’est sans son épouse que le roi Charles III s’est rendu en Roumanie. Premier pays qu’il visite depuis son couronnement et pour lequel il porte une affection réelle. Le nouveau monarque britannique est un descendant direct de Vlad III l’Empaleur, le « Dracula » de l’écrivain Bram Stocker. Il cousine avec la princesse Margareta de Roumanie, curatrice du trône depuis la mort du roi Michel Ier (2017). Résidant au Palais Elizabeth, elle jouit de privilèges importants qui lui permettent même de représenter la République de Roumanie. Véritable État dans l’État, la maison royale de Roumanie compte de nombreux partisans dans ce pays des Balkans qui doit sa création à l’Empereur Napoléon III au cours du XIXe siècle. À l’occasion de cette visite de Charles III, l’institut de sondage Avangarde est parti à la rencontre des Roumains afin de savoir si ceux-ci souhaitaient la restauration de la monarchie. 

 

 

Une bonne opinion de la monarchie mais sans souhait de restauration

Selon ce sondage, 44% des personnes interrogées ont une bonne opinion de l'institution royale qui a gouverné la Roumanie jusqu'en 1947, date à laquelle elle a été renversée par les communistes. Un pourcentage de 30% affirment cependant le contraire, tandis que 22% préfèrent ne pas répondre à la question, n’ayant aucune forme d'opinion liée à ce sujet. Malgré tout, une majorité des Roumains interrogés ne souhaitent pas revenir au système monarchique (66%). Seulement 18 % se prononcent en sa faveur. L’enquête a aussi révélé que de nombreux Roumains ne connaissent pas le rôle de la monarchie dans leur histoire bien que celle-ci ne soit pas éludée au cours de la scolarité. Parmi les monarques les plus populaires, l’ancien roi Michel Ier tient le haut du podium (19%) suivi de Carol I (14%), Ferdinand I (8%) et de la reine Maria (4%). Le regard sur les actuels représentants de la maison royale est plus sévère. 44% des Roumains, qui ont répondu à l'enquête, n'ont aucune opinion, ni bonne ni mauvaise, sur la princesse Margareta, prétendante au trône. Celle qu’ils ont du prince Radu Dadu n’est guère plus avantageuse. A peine 31 % des sondés se positionnent de la même manière avec une variante de 13% qui ont une très mauvaise opinion de lui (contre 9% pour la princesse Margareta). 

Une idée en berne, des dissenssions familiales 

Bien que l’institution royale bénéficie d’une certaine visibilité avec une émission de télévision régulière, d’un site internet détaillant ses moindres faits et gestes, de mouvements la soutenant ouvertement, de prise de parole au parlement, les chiffres de ce sondage montrent une nette baisse de sa popularité chez les Roumains comparé à celui réalisé en 2013. 27% assuraient alors souhaiter le retour de la monarchie dans un pays traversé par une crise politique importante contre 41% en faveur du maintien de la république et 34% qui ni se prononçaient pas. À cette époque, la figure du roi Michel Ier (1921-2017) apparaissait comme un élément fédérateur dans un pays miné par la corruption. Les jeunes générations post-communistes découvrant le rôle qu’il avait joué dans le retour de la démocratie en 1944. Les nombreuses dissensions au sein de la mouvance monarchiste ont provoqué de nombreuses scissions et des départs de jeunes cadres importants qui étaient de sérieux relais dans l’opinion publique. L’affaire qui a éclaté avec le prince Nicolas Medfotrth-Mills, déshérité pour avoir eu une relation hors mariage (2015), a mis à mal la popularité de la maison royale. Pourtant, aussi apprécié que le roi Michel, le retrait du  jeune prince Nicolas a modifié une  lignée de succession  devenue exclusivement féminine, avec de futures curatrices du trône qui restent de parfaites inconnues du grand public. Pour autant, la Roumanie n'est pas une exception puisque cette tendance peut également se vérifier aujourd'hui en Bulgarie ou en Grèce. 

Interrogés également sur la venue du roi Charles III, cette visite ne semble pas intéresser les Roumains outre mesure tant elle entre dans un cadre privé. 35 % de ceux qui ont répondu au questionnaire conservent toutefois une bonne opinion de Charles III contre 12% qui ont un avis négatif.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 07/06/2023

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