« Les monarchies européennes ont montré le bon exemple en prenant à bras le corps les problèmes actuels et en soumettant des solutions à leurs gouvernements et à l'opinion publique, contribuant ainsi à assurer la stabilité politique de leurs pays. L'Espagne et la Belgique se seraient probablement déjà désintégrées si elles avaient vécu sous un régime républicain ». Alors que les monarchistes portugais commémorent le tragique assassinat le 1er février 1908 du roi Dom Carlos Ier et son fils aîné Luiz-Felipe, un évènement qui ne va laisser que deux ans de répit à la monarchie des Bragance, le prétendant au trône du Portugal a accordé une interview au magazine « Descendance ». Un entretien à découvrir dans lequel Dom Duarte-Pio de Bragance, filleul du Pape Pie XII, ne mâche décidément pas ses mots.
« Je sais qu'il a été lié au défunt gouvernement radical en Éthiopie, le DERG, qui a terrifié la population éthiopienne après avoir assassiné l'empereur Hailé Selassié. J'espère ne pas me tromper mais force est de constater qu’il y a des incohérences et une incompétence certaine dans les mesures qu’il a pris. En tout cas, il a de l'expérience avec les morts ». Prétendant au trône du Portugal, Dom Duarte-Pio de Bragance a le verbe vif et sec quand il s’agit d’évoquer la figure du docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus qui est à la tête de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le 1er février, il a accordé un entretien au magazine « Descendance » et entend partager ses pensées du moment, même là où cela fait mal. Ce Capétien ne digère pas la gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19 et entrevoit déjà les conséquences géopolitiques et économiques auxquelles vont devoir faire face un bon nombre de pays dans le monde, dénonçant ces lobbys qui profitent de la situation pour se remplir les poches. « L'économie mondiale semble être avant tout au service de certains intérêts de groupes, plutôt qu'au service du peuple (…). Même en Europe, y compris au Portugal, cela se voit au quotidien » se plaint Dom Duarte–Pio qui pointe aussi le doigt sur cette « mauvaise organisation de l’économie et du temps de travail ». Il entend présenter ses solutions aux portugais « bien qu'il a conscience qu’elles vont à l’encontre des syndicats. « Au lieu de licencier les employés, ouvriers en cas de forte baisse des commandes, il faut accepter le fait qu’il serait plus efficace de réduire leur temps de travail hebdomadaire, et par conséquent accepter une perte de salaire. Mais ainsi aucune personne ne serait licenciée. Cette pratique va à l'encontre des positions syndicales, mais elle est humainement intelligente et économiquement efficace » affirme le filleul du pape Pie XII.
La monarchie est une solution alternative de gouvernement qu’il faut étudier. « Les monarchies européennes ont montré le bon exemple en prenant à bras le corps les problèmes actuels et en soumettant des solutions à leurs gouvernements et à l'opinion publique, contribuant ainsi à assurer la stabilité politique de leurs pays. L'Espagne et la Belgique se seraient probablement déjà désintégrées si elles avaient vécu sous un régime républicain » explique Dom Duarte. «Le prestige de l'institution monarchique vient du fait qu'elle prouve continuellement son utilité aux populations. Une utilité qui trouve ses racines dans cette expérience et à cette préparation acquises tout au long de leurs vies par les différents rois et reines lorsque vient le moment d'assumer leur charge de chef d'état. Ajoutons à cela, cette relation affective et de proximité qu'ils entretiennent avec leurs compatriotes » poursuit le prétendant.
« En regardant la plupart des républiques actuelles, y compris la nôtre, on ne peut pas dire que l'éthique de leurs responsables soit plus élevée que l'éthique des politiciens des monarchies. Bien sûr, il y a des politiciens qui sont moralement sérieux et malhonnêtes dans les deux régimes. Plusieurs rois portugais se sont définis eux -mêmes comme les défenseurs de la «République», à savoir la défense du bien commun. Dans la pratique, nous constatons plutôt et au contraire que ceux qui sont élus sous des monarchies ont généralement un sens plus profond de la responsabilité et l'éthique à long terme que ceux qui siègent sous les couleurs de la république » tient à rappeler Dom Duarte–Pio qui précise que les « souverains sont ceux qui incarne le mieux la défense des valeurs permanentes de leur nation ». « J'entends beaucoup parler de l'éthique républicaine, mais j'avoue que je n'ai jamais compris pourquoi les républicains auraient une éthique supérieure à celle des autres » s’amuse le représentant de la branche migueliste des Bragance. « Tous les rois d'aujourd'hui sont concernés et travaillent pour la justice sociale et la protection de l'environnement » renchérit Dom Duarte-Pio qui cite les actions passées de Lady Diana, charismatique, ou de la princesse Grace de Monaco.
Dom Duarte-Pio est lucide sur l’état du Portugal. « Il ne reste rien de ce que le Portugal a construit jusqu'en 1975. Ce qui reste, c'est le lien affectif que nous entretenons avec les pays de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Mais ce lien doit être soigneusement cultivé, afin de ne pas disparaître car les personnes qui étaient des citoyens portugais jsqu'en 1974 ont perdu ce statut avec l'indépendance » regrette le prince qui a porté les armes en Angola aux côtés des troupes coloniales du Portugal tout en se battant contre le racisme en Afrique. « L'un des problèmes avec l'arrivée des jeunes les plus favorisés par le programme Erasmus est que beaucoup préfèrent rester ici, au lieu de repartir et d'aider au développement de leur pays. Ce problème pourrait être résolu comme le propose l'ex-ministre de l'Education Maria de Belém Roseira à savoir que le diplôme universitaire obtenu par ces étudiants boursiers ne serait valable que dans leur pays d'origine pendant au moins 10 ans, avant de devenir un diplôme international » propose Dom-Duarte.
Evoquant ses liens avec diverses maison royales et impériales, le prince s’attarde sur l’importance du patrimoine historique à entretenir, pierre angulaire qui lie le passé et le présent des portugais. Si Dom Duarte–Pio se félicite du bon entretien des monuments et châteaux dans son pays, il s’agace de certaines actions qui, selon lui, » défigurent certains bâtiments historiques au nom du tout modernisme. « Des ascenseurs en aluminium, des passerelles en acier, etc. ont défiguré, par exemple, le château de Palmela ou de Porto de Mós, entre autres. Dans de nombreux cas, des associations de la société civile et parfois même des conseils municipaux, se sont prononcés contre ces interventions. Les architectes en charge sont réfugiés derrière le protocole de Venise qui affirme, tel un dogme, qu’ils ont une obligation morale d'intervenir afin de marquer leur temps! Or, en Europe et dans le monde, pratiquement personne ne croit en cette terrible absurdité culturelle » s’agace le prince de Bragance. « Il est essentiel d'avoir un grand mouvement civique et éducatif qui puisse changer cette attitude » demande Dom Duarte-Pio décidément sur tous les fronts et au chevet constant de son pays, le Portugal.
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Extrait interview accordée au Magazine « Descendance », le 1er février 2021. Traduction. droits réservés