La chute de la maison d'Orange-Nassau dans les sondages

Chaque année aux Pays-Bas, la presse locale évalue la cote de popularité de la monarchie néerlandaise. Selon une enquête Ipsos/NOS, c’est désormais un Néerlandais sur quatre qui souhaiterait que l’institution royale soit remplacée par une république. Une perte de confiance qui s’explique par la crise identitaire qui traverse le royaume des tulipes mais qui reste toutefois à nuancer. 

Lors de l'investiture en 2013 du roi Willem-Alexander, près de 80 % des Néerlandais étaient favorables à la monarchie. Aujourd’hui, seulement plus de la moitié de la population souhaite conserver l'institution royale. La confiance placée dans le roi Willem-Alexander (âgé de 55 ans) a fortement diminué pendant la crise du covid-19 et ne semble pas se redresser depuis. C'est ce qui ressort de l’enquête annuelle NOS/ par Ipsos qui a été publiée le jour anniversaire de l’investiture du monarque, le 16 avril 2023.

Une famille royale en perte de vitesse dans les sondages

Selon le sondage mené auprès d'un millier de Néerlandais(es), seules 46% des personnes interrogées déclarent avoir confiance dans le roi Willem-Alexander. A titre de comparaison, en 2020, c’étaient les trois quarts des Néerlandais qui affirmaient la même chose. Une baisse progressive qui trouve ses racines dans la crise de covid-19 qui a frappé les Pays-Bas comme le reste de l’Europe. Les vacances du couple royal en Grèce, au plus fort de la pandémie, ont été très critiquées, contraignant le souverain et sa famille à revenir au palais royal d’Amsterdam. Avec la montée des populismes dans le pays et la remise en cause de l’histoire coloniale par des lobbys décoloniaux, le roi Willem-Alexander a cru bon de s’excuser pour les crimes passés. Notamment sur le commerce triangulaire qui a fait la fortune de la maison Nassau et du royaume. Pis, le monarque a même fait enlever des symboles de cette histoire présents depuis des siècles sur le Gouden Koets (carrosse d’or). Des gestes qui ont divisé les Néerlandais très attachés à leur riche passé et qui ont provoqué d’importants débats au sein de la société civile et de la classe politique, laissant s'installer une crise d’identité dont les Pays-Bas peinent à se défaire. 

Un Néerlandais sur quatre souhaite la République

La reine Maxima, 51 ans, jouit d’une meilleure popularité que son mari même si une petite baisse est enregistrée. Elle est passée de 80% en 2020 à 64% en 2023. Toutefois, un chiffre à nuancer puisqu’une grande majorité des Néerlandais pense qu'elle apporte une valeur ajoutée à la monarchie, ayant imposé un style qui rassemble derrière elle. C’est en 2002 qu’elle a épousé le roi Willem-Alexander. Un mariage qui avait provoqué une polémique. Bien que descendante du roi Alphonse III du Portugal, la reine Maxima est également la fille de Jorge Horacio Zorreguieta Stefanini, un ministre du général Videla, chef de la junte militaire argentine au pouvoir dans les années soixante-dix.  Ensemble, ils ont eu trois filles dont la princesse héritière Catharina-Amélia (19 ans) qui peut compter sur la sympathie et la compréhension de la population. Beaucoup reconnaissent ses qualités qui feront d'elle une bonne reine plus tard : « demoiselle intelligente », « engagée et compatissante », « proche des gens » sont les termes qui reviennent le plus souvent. Parallèlement, des trois-quarts des Néerlandais comprendraient si la princesse Catharina-Amalia décidait de ne pas devenir reine en raison des menaces persistantes qui pèsent sur elles et qui ont obligé la princesse à renoncer à sa vie d'étudiante en colocation. 

55 % des Néerlandais soutiennent encore la monarchie. Une légère baisse par rapport à l'année dernière mais importante au regard des chiffres avancés en 2013. Ce soutien semble être considérablement plus élevé chez les personnes âgées que chez les jeunes. La baisse du soutien à la famille royale s'inscrit dans une tendance sociale plus large alors que les institutions d’état connaissent une chute drastique dans l'opinion. Il est assez frappant de constater que la famille royale conserve, malgré tout, un taux de confiance plus élévé (près de 40 %) que les partis politiques (17 %) et les médias (23 %) laissant encore entrevoir un long avenir pour l'institution royale.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 16/04/2023

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