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Nicolas Petrović-Njegoš, un anniversaire discret et controversé

Hommage du gouvernement au roi Nicolas Petrovi?-NjegošDescendant des princes-évêques, unique roi du Monténégro, Nicolas Ier Petrovi?-Njegoš a été exilé par les affres de la Première guerre mondiale. Décédé à Antibes le 1er mars 1921, le gouvernement monténégrin dirigé par le Premier ministre Zdravko Krivokapic est venu rendre hommage au souverain dont les cendres ont été ramenées en 1989. Un centième anniversaire discret et symbolique qui a provoqué des manifestations anti-gouvernementales à Cetinje, l 'ancienne capitale royale où repose celui qui fut surnommé le «beau-frère de l'Europe». Le prétendant au trône s'est contenté , quant à lui, d'un simple communiqué paru dans  les carnets du journal  « Le Figaro ». 

Nicolas Petrovi?-Njegoš« Un siècle jour pour jour s'est écoulé depuis que notre ancêtre le roi Nikola est décédé à Antibes, loin de son Monténégro qu'il aimait tant et pour lequel il avait tant œuvré pendant ses 58 ans de règne, digne de tous ses ancêtres Petrovitch-Njegosh qui avaient défendu et maintenu l'indépendance de leur pays face aux empires ». Le communiqué tout en sobriété est paru dans une des rubriques du journal « Le Figaro ». Signé par Nicolas Petrovi?-Njegoš, ses deux enfants et petits-enfants, l’actuel prétendant au trône n’a pas souhaité donner une grande importance au centième anniversaire de la mort du roi Nicolas, unique et dernier monarque du Monténégro. A contrario du gouvernement actuel conduit par le Premier ministre Zdravko Krivokapic venu, avec une importante délégation, rendre hommage au descendant des princes-évêques qui ont fondé l’état monténégrin au cours du  XVIième siècle.

C’est en 1860 que le prince Nicolas monte sur le trône de ses ancêtres. Les deux guerres balkaniques lui permettent d’agrandir sa principauté menacée par les velléités expansionnistes de son voisin serbe et la Turquie qui entend garder ce pays sous sa juridiction. Dans le conflit qui oppose les deux maisons serbes des Obrénovitch et des Karageorgevitch, le prince Nicolas prend position en faveur de la première. Une tactique diplomatique qui lui sera bientôt fatale. Le violent coup d’état qui assassine le dernier rejeton des Obrénovitch à Belgrade en 1903 contraint Nicolas a convoqué une assemblée constituante chargée d’élaborer une constitution qui va naître deux ans plus tard. Les relations entre l’autocrate Nicolas et son parlement sont exécutables. Le prince ne cache pas sa volonté de diriger les slaves du Sud, considérant sa monarchie comme la dernière survivance de ce que fut l’empire serbe du Moyen-âge. En 1910, il est couronné et pour l’occasion,  des lampadaires électriques sont installés dans toute la capitale. Une cérémonie suivie par les monarques de Bulgarie, d’Italie et quelques Grands-ducs russes venus rappeler leur alliance avec le roi Nicolas. L’assassinat d’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg-Lorraine à Sarajevo (1914) va précipiter ce trône dans l’enfer d’une guerre qui déstabilise cette monarchie incapable de résister au rouleau compresseur austro-hongrois. Avec la signature d’une capitulation (1916), Nicolas et sa famille se réfugient d’abord à Lyon puis à Bordeaux. Il ne reverra plus son pays qui est donné aux Serbes lors du congrès de Versailles (1918). Les tentatives de restauration de la monarchie échoueront toutes en dépit des manoeuvres de l’Italie. Il s’éteint loin de ses montagnes noires à 79 ans.

Prince Nikola II de MontenegroA l’extérieur de l’église qui a accueilli les restes du roi Nicolas ramenés en grandes pompes peu avant la chute du Mur de Berlin, les membres du gouvernement ont dû faire face à des manifestations. Sous les cris « traîtres », « Serbes », « Chetniks », le Premier ministre a tout de même déposé une gerbe sur le tombeau du souverain. Objet de cette opposition, un ruban aux couleurs de la Serbie apposé sur la gerbe de fleurs. Interrogé par les journalistes, le Premier ministre Zdravko Krivokapic a rappelé aux journalistes présents « cette vision étatique des institutions qui a toujours caractérisé le roi Nicolas». « Je veux rendre hommage à celui qui fut pour nous un homme d'État, un guerrier, un diplomate, un sage, un poète et surtout - un réformateur » a poursuivi le dirigeant en dépit des cris des manifestants maintenus à bonne distance par un large cordon de policiers déployés. Peu de temps après le départ des membres du gouvernement, les opposants au gouvernement se sont précipités dans l’église et ont détruit la gerbe. L’actuel prétendant au trône n’a pas voulu se joindre à cette commémoration controversée. « C'est aussi avec joie et reconnaissance que nous repensons aux journées inoubliables d'octobre 1989 et à l'accueil que le peuple monténégrin, unanime, lui a réservé à l'occasion du retour de ses cendres, ainsi que de celles de la reine Milena et des princesses Vjera et Xenia »s'est contenté de déclarer le prince Nicolas Petrovi?-Njegoš qui jouit au Monténégro d'un statut spécial de représentation.

Copyright@ Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 06/03/2021

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