Nicolas II Petrovitch-Njegosh rend hommage à une résistante engagée
Nicolas II Petrovitch-Njegosh rend hommage à une résistante engagée
Prince très discret, héritier au trône du Monténégro, Nicolas Petrovitch-Njegosh s'est rendu à Saint-Brieuc pour un hommage à sa mère, Geneviève Prigent, résistante et écologiste engagée.
C’est avec une certaine émotion que la ville de Saint-Brieuc, en Bretagne, a accueillie un hôte de marque. Le prince Nicolas II Petrovitch-Njegosh, 80 ans, héritier au trône du Monténégro, s’est rendu dans la ville bretonne pour inaugurer le square Geneviève Prigent, en hommage à sa mère. En présence des élus locaux et des habitants, il a dévoilé une plaque commémorative portant le nom de cette figure de la Résistance et défenseuse des droits de l’homme et de l’environnement. « Ça me touche profondément. Une mère comme elle, c'est ce que l'on souhaite à tout le monde », a confié le prince, visiblement ému, dans des propos rapportés par Le Télégramme qui couvrait cet événement.
Geneviève Prigent est née en 1919 à Saint-Brieuc où elle va grandir. Quatrième fille d’un chirurgien qui aura cinq enfants, elle décide de suivre la voie paternelle et entame des études de médecine à Rennes. Elle suit la montée du nazisme avec une certaine anxiété, comprend rapidement ce qui va bouleverser l’Europe durant quelques années. C’est dans le train entre les deux villes qu’elle va faire la rencontre du prince Michel de Monténégro. Il est de dix ans son aîné, mais cette différence importe peu à Geneviève Prigent.
Michel (1908-1986) est le petit-fils du roi du Monténégro, chassé de son trône durant la Première Guerre mondiale par les Serbes qui vont finir par annexer le royaume de sa famille (1918). C’est le temps de l’exil, celui des espoirs pour ses partisans. Peu importe si le prince a fait allégeance à Belgrade, il demeure un prétendant au trône suivi de près par l’Italie fasciste. La politique n’efface pas les joies de l’amour pour autant. En 1941, il épouse enfin Geneviève Prigent. Instants de bonheur éphémère, car l’Allemagne, qui occupe la France, décide de les arrêter et des emmener en Allemagne. C’est là que va se tramer un étrange ballet diplomatique autour de l’héritier qui refuse le trône d’un Monténégro reconstitué sous la houlette de Rome. Un état fantoche dont il ne veut pas ceindre la couronne en dépit de l'insistance des leaders monarchistes monténégrins. Il faudra d'ailleurs toute la diplomatie de la reine d’Italie, Hélène du Monténégro, pour que le couple soit libéré en 1943. De retour en France, Michel et Geneviève s’engage dans la résistance bretonne. Geneviève Prigent sera active, tombe enceinte de Nicolas à qui elle donne naissance en juillet 1944. Sans Michel. Il a été arrêté et déporté en Allemagne, 3 mois auparavant.
Un engagement écologiste pour la Bretagne
Après la guerre, Geneviève Prigent s’investit au service de la Croix-Rouge yougoslave, organisant le rapatriement de ses compatriotes dispersés par le conflit. Reconnue pour son intransigeance et ses valeurs, elle finit par quitter la Yougoslavie avec son époux, déçus par l’évolution du régime de Tito qui avait nommé le prince Michel, chef du Protocole (1947-1948). Revenue en France, elle reprend ses études, divorce (1949) et devient une pionnière de l’orthoptie en collaboration avec le docteur Jean Lavat, contribuant à l’avancement de la prise en charge des strabismes.
Installée en 1972 à Trébeurden, surnommée « la princesse rouge » par ses camarades dans la résistance, Geneviève Prigent se distingue par un nouvel engagement : la préservation de l’environnement breton. À la tête de la Fédération des Associations de Protection de la Nature (FAPEN), elle se bat pendant près de quinze ans contre la construction d’un port de plaisance à Trébeurden et parvient à préserver des sites naturels emblématiques, tels que la baie de Keryvon et l’île Milliau. Par ses efforts, elle contribue au rachat de lieux menacés par des promoteurs immobiliers, protégeant ainsi des écosystèmes précieux pour les générations futures.
Décédée en 1990, les mots inscrits sur sa tombe témoignent de son indéfectible engagement : « Avec conviction, ténacité et courage, Geneviève Prigent a lutté contre le nazisme, les atteintes à l’environnement et aux droits de l’homme. ».
Un hommage unanime pour une figure locale et universelle
À Saint-Brieuc, le Conseil municipal a voté à l’unanimité pour que ce square porte le nom de Geneviève Prigent afin de l'inscrire dans l'histoire locale et nationale. Hervé Guihard, maire de la ville, a salué sa mémoire en ces termes : « C’était une femme extrêmement engagée, militante des droits de l’homme et résistante politique. ».
Le prince Nicolas, qui a passé les premières années de sa vie dans cette ville, a partagé sa gratitude avec l’assemblée, rappelant le courage et l’humanité de sa mère. Un symbole de dévouement au service des autres qui est à suivre pour les générations actuelles et futures.