Le retour des Petrovic-Njegos

«Ispunjavamo istorijsku obavezu prema dinastiji Petrovi?-Njegoš ! » (Nous avons un devoir d’obligation historique envers la dynastie des Petrovi?-Njegoš !). C’est désormais officiel, les membres de la maison royale du Monténégro, décédés en exil dans 3 pays européens, vont être rapatriés dans la mère-patrie.  30 ans après ceux du dernier roi du Monténégro, Nicolas Ier.

30C’est hier que le président Milo Djukanoviç a présidé la première session du Comité de coordination chargé d’organiser  le rapatriement des restes des membres de la famille des Petrovi?-Njegoš.  Lors de son discours et devant le prétendant au trône, le prince Nicolas (II), le président a demandé au comité d’entamer des négociations avec la France, l’Italie et l’Autriche afin de ramener dans les plus brefs délais les dépouilles royales  et après la signature d’un accord avec les pays concernés. Le dirigeant du Monténégro a estimé que cette décision répondait à une « obligation historique et morale envers la dynastie des Petrovi?-Njegoš » et que dès que leurs cercueils poseraient le pied au Monténégro,  les « honneurs militaires devraient leur être rendus, guidés par la seule idée de s’acquitter d’une dette envers notre dynastie nationale» a ajouté le dirigeant monténégrin et que l’on peut lire dans un communiqué rendu public.

Créé le 31 janvier 2019, le Comité de coordination entend « renforcer l’identité monténégrine autour de sa famille royale ».  Paris devrait recevoir sous peu une demande officielle de transfert de la dépouille du prince Michel, petit-fils du dernier roi du Monténégro, Nicolas Ier, et qui repose dans la capitale française. Suivront Vienne qui recevra une demande similaire pour le prince Danilo II (1871-1939,  brièvement roi du Monténégro du 1er au 7 mars 1921)  et Mirko (1879- 1918, Grand Voïvode de Grahovo et Zeta)  puis Rome pour le prince Pierre Petrovi?-Njegoš (1889- 1932, candidat en 1913 au trône d’Albanie et père de la reine Hélène d’Italie)) 

Outre le Président Djukanovic, les membres de ce comité une large partie du gouvernement monténégrin, le prince Nicola Petrovi? Njegoš,  le maire de la capitale, Alexander Kaš?elan, Danilo Nikoli?, Directeur du Musée national du Monténégro, l'académicien Pavle Goranovi? ou encore le peintre Dimitrije Popovi?. Pour ne citer que ceux-là.

Une fois les dépouilles des membres de la famille royale rapatriés dans le « pays des montagnes noires », dont on dit qu’il influença le dessinateur Hergé pour les aventures de son héros, « Tintin en Syldavie », celles-ci seront inhumées au cimetière de Novi Groblje à Cetinje, ancienne capitale d’une dynastie de Vladikas (prêtres)  qui aura dirigé la principauté, puis le royaume du Monténégro entre 1698 à 1918.  Avec cette particularité de se succéder d’oncles en neveux.

LeLe ministre de la Culture et conseiller du président, Aleksandar Bogdanovic, a déclaré à la presse que la destitution de la maison royale, était une « décision illégale et sans précédents alors qu’elle avait participé à l’effort de guerre aux côtés des alliés, lors de la première guerre mondiale, sacrifiée sur l’autel serbe (..)».

Ancienne possession ottomane, au carrefour des luttes d’influences entre l’Autriche et la Russie, c’est en 1910 que le prince Nicolas prend la décision de faire de la principauté du Monténégro, un royaume indépendant. Exilé en France lors du premier conflit mondial, il reçut l’interdiction de revenir dans son pays et fut destitué par une grande assemblée lors d’un vote très controversé. Le royaume incorporé à la nouvelle Yougoslavie, les monarchistes monténégrins (Verts) tentèrent en vain, en janvier 1919, de restaurer le souverain. La lutte armée contre Belgrade durera encore 4 ans. Avant que les royalistes renoncent finalement à la lutte armée pour participer à la vie parlementaire.  Lors de la seconde guerre mondiale, l’Italie restaurera la souveraineté du Monténégro (1941-1943). Monarchie fantoche, le prince Michel refusera de collaborer avec le Duce Bénito Mussolini mais succombera un temps aux sirènes socialites du maréchal Joseph Broz dit « Tito ».

Il faudra attendre 1989, à la chute du communisme et la désintégration progressive de la Yougoslavie,  pour que les monténégrins redécouvrent leur maison royale avec le rapatriement triomphal des restes du roi Nicolas Ier. Un tournant dans la vie du fils du prince Michel, Nicolas, architecte reconnu âgé actuellement de 75 ans, qui va prendre peu à peu ses marques comme prétendant au trône et accompagner le processus d’indépendance, proclamée en 2002.

Le Monténégro a officiellement repris les armes des Petrovi?-Njegoš comme blason officiel et a octroyé en 2011,  un statut officiel au prince Nicolas Petrovi?-Njegoš et sa famille qui cousinent aujourd’hui avec la plupart des maisons royales d’Europe.

Copyright@Frederic de Natal

Paru le 30/07/2019

Date de dernière mise à jour : 22/04/2020

Ajouter un commentaire