Le prince Sforza Ruspoli, dernier aristocrate romain, est décédé

Homme politique proche des mouvements fascistes, banquier, entrepreneur, ambassadeur de l'Ordre Souverain de Malte, le prince Sforza Marescoto Ruspoli (« Lillio ») était une figure italienne. Considéré comme le dernier aristocrate romain, il est décédé le 25 octobre 2022, à l’âge de 95 ans.

C’est une figure de la politique et de l’aristocratie italienne qui vient de fermer définitivement les yeux. Né le 23 janvier 1927, le prince Sforza Marescoto Ruspoli est très vite confronté aux réalités du monde. À l’âge de 8 ans, « Lillio » perd sa mère et se retrouve placé sous la garde de son grand-père, Francesco Matarazzo (1857-1937). Un entrepreneur italo-brésilien à succès anobli par le roi Victor-Emmanuel III peu de temps avant sa naissance en raison de l'aide financière et matérielle apportée à la monarchie durant la Première Guerre mondiale. Un bonheur de courte durée, un répit, puisque le jeune prince est finalement renvoyé à Rome quelques années plus tard où il va y passer tout le reste de sa vie.

Lillio Sforza Ruspoli, addio al «principe contadino» che ballò con Elisabetta II Le foto https://t.co/tuxZz6BK34

— Corriere della Sera (@Corriere) October 26, 2022

Une dynastie italienne

Après des études dans le domaine bancaire, il intègre le conseil d’administration de la Banca Romana. Son seul nom a suffi à lui ouvrir des portes. L’origine florentine de sa famille remonte au XIIIe siècle. Ils vont marquer l’histoire de l’Italie en s’illustrant à la bataille de Lépante (1571) et en défendant âprement les territoires pontificaux menacés en 1709 par l’Autriche. En remerciement, le pape Clément XI érige leur marquisat de Cerveteri en principauté héréditaire de Ceverteri. Proches du Saint-Siège à qui ils ont donné un nombre conséquent de cardinaux, les Sforza Ruspoli vont cumuler les titres et même acquérir celui de prince du Saint-Empire romain germanique en 1792 ou celui de Grand Maître de l'Hospice Apostolique Sacré dès 1808. Un poste prestigieux qu’ils vont détenir sans discontinuité durant un siècle et demi. Après le Congrès de Vienne, où ils tentent vainement de faire restaurer les droits du Pape à régner sur son état, ils perdent leurs droits féodaux. 

Un prince fasciste

Sa proximité avec le prince Junio Valerio Scipione Borghese (1906-1974), fasciste de la première à la dernière heure, le conduit à rejoindre le Mouvement social italien (MSI), créé juste après la Seconde Guerre mondiale par des nostalgiques du régime de Mussolini. En 1965, il fonde le Centre d'action agricole, un mouvement officiellement apolitique (mais en réalité d'extrême droite) qui va se concentrer sur la défense de la « civilisation paysanne » et qui se dote d'un programme économique libéral. Une alternative aux syndicats de gauche où les membres de son mouvement n'hésitent pas à faire le coup-de-poing dans la rue. « Nous porterons la révolte dans toutes les campagnes (…) » n’hésite pas à dire le prince Sforza Marescoto Ruspoli que certains soupçonnent de vouloir renverser la République. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’éclate, en décembre 1970, la tentative de putsch du prince Borghese dont les raisons de l'échec restent encore aujourd’hui obscures. Élu conseiller municipal de Rome entre 1989 et 1993 sous l’étiquette du MSI, il échoue à se faire élire député en 1994, n’obtenant que 3% des votes. Sa dernière tentative sous une seconde étiquette, celle du Front national, en 2017, s’est aussi soldée par une autre défaite électorale (1% des voix).

Nommé ambassadeur de l'Ordre Souverain de Malte en 2001, membre de l’Ordre Constantinien de Saint-Georges, son nom avait été cité en 1999 comme possible vice-président de la Banque du Sud. Son décès, le 25 octobre 2022, a fait les titres des principaux quotidiens italiens. Il laisse derrière lui 3 enfants issus de deux mariages différents. Cadet, c’est son neveu, le prince Francesco Ruspoli (55 ans), qui est l’actuel prince de Ceverteri. Il existe plusieurs branches Ruspoli, dont une (dite « de Poggio Suasa ») qui a donné naissance à Emmanuelle de Dampierre, duchesse de Ségovie et grand-mère du prince Louis-Alphonse de Bourbon.

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