Les regalia du roi Othon de Grèce retrouvés intacts à Tatoï
Exclusif : Les regalia du roi Othon de Bavière, premier souverain de Grèce, la couronne, le sceptre et l'épée, ont été retrouvés au Palais de Tatoï. L’information a été officiellement confirmée par le ministère de la Culture et par le prince Paul de Grèce, prétendant à la couronne.
On a beaucoup spéculé sur les régalia du roi Othon de Grèce. Souvent décrits comme fantasques, inexistants, perdus par les affres du temps, ils ont été enfin retrouvés au cours de travaux de documentation et d’identification des biens culturels et des objets mobilier menés par des employés du ministère de la Culture au sein du palais de Tatoï.
Les regalia du roi Othon de Grèce retrouvés intacts à Tatoï
Conservés et soigneusement emballés dans une des pièces de l’ancien palais royal du roi Constantin II, cette découverte a été qualifiée d’inattendue par Stylianí « Lína » Mendóni. « Je tiens à remercier les services compétents du ministère de la Culture pour le travail scientifique extrêmement diligent et soigneux qu'ils ont effectué à Tatoi ces dernières années. La découverte des emblèmes royaux d'Otton, roi de Grèce, est inattendue. Leur importance est extraordinaire pour l'État grec, quel que soit le changement d'État qui a eu lieu » a déclaré la ministre de la Culture. « Ils sont les premiers insignes officiels du premier État grec et offrent des traces tangibles de sa continuité dans le temps. Il est évident que les emblèmes royaux appartiennent au peuple grec et à la nation. Une fois leur restauration terminée, les objets, après consultation avec le Premier ministre et du président du Parlement, seront remis au Parlement grec afin d'être exposés en permanence dans la salle des trophées "Eleftherios Venizelos" » a déclaré Stylianí « Lína » Mendóni.
Othon Ier, jouet des puissances européennes
En 1832, les Grandes Puissances européennes (Angleterre, France, Russie) réunies à Londres décident de choisir parmi de multiples prétendants le prince Othon de Bavière comme roi des Grecs. Il a 17 ans, fils du roi Louis Ier de Bavière et de la reine Thérèse de Saxe-Hildburghausen. Il a été élevé dans l’amour de la Grèce antique. Souffrant d’un léger bégaiement, il se passionne très tôt pour ces Grecs qui se battent pour obtenir leur indépendance de la Turquie ottomane. Le 6 février 1833, il débarque à Nauplie, capitale temporaire de l'État grec nouvellement formé, acclamé par ses sujets épuisés par les luttes intestines entre les principaux leaders de la guerre de libération. Suivi par une armée bavaroise de 3500 hommes destinés à remplacer les divisions françaises déjà installées en Grèce, les Grecs vont rapidement déchanter. En raison de sa minorité, une régence est mise en place sous la coupe de conseillers bavarois. Malgré quelques tentatives de rébellion personnelle (comme son mariage surpris avec Amélie d’Oldenbourg en 1836), Othon Ier décide pourtant de maintenir en poste ses ministres bavarois lors de sa majorité. Dirigeant le pays de manière autocratique, il exercera même à diverses reprises le poste de Premier ministre (8 décembre 1837 - 10 février 1841 et 10 août 1841 - 3 septembre 1843). Un coup d’État militaire, à l’issue de son second gouverrnement, met finalement fin à la monarchie absolue, remplacée par une autre plus constitutionnelle. Avec le temps, le roi Othon s’éloigne des Grecs de plus en plus mécontents de la dépendance du souverain vis à vis des puissances européennes et de l’ingérence de la souveraine dans les affaires du pays, incapable de produire un héritier. Plusieurs conspirations seront découvertes jusqu’au soulèvement d’octobre 1862 qui contraint le roi Othon Ier à repartir vers la Bavière. Il meurt dans son pays natal cinq ans plus tard, avec comme derniers mots : « Grèce, Grèce, ma chère Grèce… ».
Des objets uniquement symboliques
La couronne et le sceptre du monarque ont été réalisés par la célèbre maison d'orfèvrerie parisienne Fossin et Fils, tandis que l'épée a été conçue par le forgeron Jules Manceaux, de la maison du même nom. Commandés par le roi Louis de Bavière, le père d’Othon, ils n’ont pu être présentés dasn les délais pour son sacre. Lors de son départ de la Grèce, Othon de Bavière emportera avec lui ces regalia, purement symboliques et sans bijoux (excepté le lapis-lazuli sur la poignée de l'épée), afin de rappeler à tous qu’il n’avait pas abdiqué. La maison des Wittelsbach a finalement accepté de les restituer au roi Paul Ier de Grèce après de longues négociations. Ils ont été présentés à nouveau au peuple Grec en décembre 1959 au palais d’Athènes et en présence du Premier ministre Constantin Karamanlis et du prince Maximilien-Emmanuel de Bavière.
Sur son compte Instagram, suivis par 90 000 personnes, le prince Paul II de Grèce, prétendant au trône de Grèce, a également confirmé la découverte des régalia et félicité le ministère de la Culture.
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Date de dernière mise à jour : 17/07/2023
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