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Le détail des funérailles du roi Constantin II

Décédé le 10 janvier 2023 à l’âge de 83 ans, le roi Constantin II laisse derrière lui un héritage politique contrasté qui fait encore débat en Grèce. Le gouvernement conservateur du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis n’a pas souhaité donner des funérailles nationales à l’ancien chef d’Etat. Plusieurs membres de maisons royales européennes sont attendues pour les obsèques du monarque qui auront un caractère « privé ».

Hospitalisé depuis le début de l’année, le roi Constantin II a rendu son dernier souffle le 10 janvier 2023 à l’âge de 83 ans. Dernier souverain de Grèce, il laisse derrière lui un héritage politique contrasté qui divise le pays sur lequel il a régné de 1964 et 1967. A l’annonce de son décès, de nombreux médias se sont penchés sur son destin, à grand renfort d’analyses et de documentaires sur ses actions comme monarque. Particulièrement sur le rôle qu’il a joué lors du putsch des Colonels. Un événement qui a marqué le début d’un long exil et signé la fin de la monarchie abolie en 1973, ratifiée lors d’un référendum un an plus tard. Affaibli par la maladie, ancien médaillé aux Jeux olympiques, le roi Constantin II s’était éloigné de la politique depuis une décennie. La question de lui donner des obsèques nationales s’est rapidement posée avant que le gouvernement du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis ne finisse par trancher. 

Les funérailles du roi Constantin II, un cadeau empoisonné pour le gouvernement grec

« (...) Avec sa mort s'écrit l'épilogue d'un chapitre définitivement clos avec le référendum de 1974. L'histoire a désormais son mot à dire. Elle jugera Constantin avec équité et rigueur » a déclaré dans un communiqué le chef du gouvernement conservateur. Il a d’ailleurs estimé que les « blessures (du passé-ndlr) étaient guéries ». Une prise de position qui a étonné une partie des grecs. Parmi eux, Christos Zampounis. Il a révélé la vraie raison de ce choix. « Le gouvernement a basé sa décision sur des critères pré-électoraux. C'était un chef d'État, il aurait dû être enterré avec les honneurs dus à son rang » s’est agacé l’écrivain et journaliste lors d’une interview donnée à la télévision grecque. « Nous n'avons pas besoin d'un autre front de confrontation, surtout en ce moment » a rétorqué une source gouvernementale en forme d’aveu, citée par le magazine Newsbeast, et qui a également rappelé que, selon l’article 4 alinéa 7 de la Constitution, les « titres de noblesse ne sont ni décernés ni reconnus aux citoyens grecs ». Le gouvernement conservateur craignant que l’opposition ne se serve d’éventuelles funérailles nationales pour l’accuser de collusion avec la mouvance monarchiste. Laquelle compte de nombreux sympathisants parmi la majorité conservatrice au pouvoir. Ils ne sont pourtant que 11% à soutenir l’idée de restauration de la monarchie selon un sondage de 2007.

Le roi Constantin II de Grèce

La gauche  fustige un monarque, symbole d'une période sombe de l'Histoire grecque 

La mort du roi Constantin II a d’ailleurs ravivé les tensions au sein de la classe politique grecque, toujours très partagée sur la figure du monarque. Du côté de la gauche grecque, on n’a pas mâché ses mots. « La question royale dans notre pays a été définitivement close avec la décision irrévocable prise par les Grecs lors du référendum de 1974, et l'ancien roi Constantin Glücksbourg (terme méprisant utilisé par la Gauche pour le désigner-ndlr) a déjà été jugé par l'Histoire. La période où il était à la tête de l'État grec reste dans la mémoire du peuple grec comme une période sombre » a déclaré Syriza. Le parti d’extrême-gauche a d’ailleurs pointé du doigt « la responsabilité » du roi dans l’installation de la dictature des Colonels. « L'histoire n'est pas à réécrire malgré les efforts persistants de certains pour le faire. La monarchie en Grèce constitue un chapitre de l'histoire qui s'est définitivement clos avec le verdict du peuple grec et l'acceptation généralisée de l’actuel système politique » a renchéri Michalis Katrinis, leader socialiste du Pasok au Parlement (Vouli). Un parti qui n’a jamais caché son animosité au roi Constantin II. 

La droite nuance l'héritage laissé par le roi Constantin II

Un son de cloche identique mais nuancé chez les conservateurs de droite. « Les Grecs ont mis fin à l'institution monarchique par référendum - dès 1974. Le peuple grec l'a jugé depuis. L'Histoire le jugera aussi » a twitté l’ancien Premier ministre conservateur Antonis Samaras, appelant toutefois chacun à respecter sa mémoire.  « (…) Il n'est pas temps de cultiver les tensions, l'introversion et la dissension. Notre objectif est de gérer l'avenir, pas le passé. La démocratie grecque est une démocratie civile et libérale moderne et n'est menacée par rien ni personne » a lâché lapidairement le vice-Premier ministre Yannis Oikonomou, indiquant que la monarchie avait peu de chances de revenir en Grèce. Dimitris Markopoulos, député de la Nouvelle Démocratie (au pouvoir) a souhaité rappeler, après une confrontation avec un député de Syriza, que le roi Constantin II « avait droit à des honneurs car il était une partie intégrante de l’histoire contemporaine grecque ». « Avec la mort de l'ancien roi des Grecs Constantin, le rideau se ferme sur une longue période historique de notre pays avec laquelle sa famille a été liée entre 1863 à 1974. (…) Il avait et a évidemment une histoire qui doit être jugée équitablement » a déclaré Konstantin Tasoulas. Le président du Vouli s’est néanmoins félicité que le monarque ait pu s’éteindre « dans son pays qu’il a toujours aimé ». 

Les détails des funérailles du monarque

À la suite d’une réunion avec le ministre d'État, George Gerapetritis, au Palais Maximou, les trois fils du roi Constantin II, (Paul, Nicholas et Philippos) ont annoncé que leur père serait enterré le lundi 16 janvier 2023 au Palais de Tatoï. Là où il a longtemps vécu. C’est aussi ici que reposent de nombreux souverain(e)s et prince(sse)s de Grèce. Il sera placé aux côtés de ses parents, le roi Paul Ier (1901-1964) et la reine Frederika de Hanovre (1917-1982). Sa sœur, la reine Sofia d’Espagne, a été chargée de préparer la tombe. Son corps sera exposé dès la veille, durant 24 heures, au sein de la cathédrale orthodoxe d'Athènes afin de laisser ceux qui le souhaitent rendre un ultime hommage au monarque. C’est le métropolite de Thèbes et de Levadia, primat de l'Église orthodoxe en Grèce, Monseigneur Ieronymos II, qui célébrera la messe. Il sera accompagné des principaux membres du saint-Synode. Il est possible que le monarque bénéficie d’une procession publique jusqu’à son dernier lieu de repos. De nombreux grecs sont également attendus aux abords du palais de Tatoï, objet d’un long combat juridique porté devant la cour européenne des droits de l’Homme entre le roi Constantin II et les socialistes du Pasok, bientôt promu à devenir un complexe hôtelier. 

Les invités attendus pour des obsèques royales mais privées

Outre la ministre de la Culture et des Sports, Lina Mendoni, qui représentera le gouvernement, les membres de maison royale de Grèce, le roi-émérite Juan Carlos a annoncé qu’il souhaitait être présent pour les funérailles de son beau-frère (il est aussi possible que le roi Felipe VI, la reine Letizia assistent également à l’inhumation de son oncle). Actuellement en visite à Chypre, la princesse Anne pourrait se rendre en Grèce afin de représenter son frère le roi Charles III, très proche de ses cousins grecs (on évoque aussi la présence du prince Edward comte de Wessex ou celle du prince William de Galles, filleul du roi Constantin II). Le royaume du Danemark, qui a mis son drapeau national en berne, devrait être également présent sans que le nom du prince ou de la princesse représentant la reine Margrethe II (sœur de la reine Anne-Marie de Danemark, épouse du roi Constantin II) ait été encore révélée (le nom de son fils, le prince Frederik est cité comme la reine elle-même). La presse grecque, qui spécule beaucoup sur le nom des invités, citant également l’arrivée probable de membres des maisons royales des Pays-Bas, de Belgique, de Norvège (le prince héritier Haakon Magnus et son épouse) de Suède (le roi Carl XVI Gustav et son épouse), du prince Alexandre de Serbie, du roi Siméon II de Bulgarie, du roi Abdallah II de Jordanie, du grand-duc Henri de Luxembourg, du prince Albert II de Monaco ou encore de la princesse Margareta de Roumanie. 

Le gouvernement a confirmé que toutes les mesures protocolaires seraient prises afin d’assurer une protection aux personnalités qui feront le déplacement aux funérailles du roi Constantin II et dont il rappelle que le caractère sera exclusivement « privé ».

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 17/01/2023

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