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Quand l'héritier des Murat redonne souffle au bonapartisme

Le Prince Joachim Murat, descendant du Maréchal d’Empire, a livré une conférence aussi historique que résolument politique. Intitulée « Être bonapartiste au XXIᵉ siècle », cette intervention a su conjuguer héritage dynastique et vision républicaine pour le futur de la France. 

Le 1er avril 2025, dans le décor solennel de la mairie du VIIᵉ arrondissement de Paris, S.A.R. le prince Joachim Murat, descendant en ligne directe du maréchal d’Empire éponyme et de Caroline Bonaparte, sœur de l’Empereur Napoléon Ier, a livré une conférence aussi érudite qu’engagée sur le thème : « Être bonapartiste au XXIᵉ siècle ». Loin d’un hommage figé aux gloires impériales, cette prise de parole a sonné comme un manifeste politique, ancré dans les réalités contemporaines, sous le sceau d’un nom chargé d’histoire.

Un prince entre passé impérial et convictions d’avenir

Titré Prince de Pontecorvo, Joachim Murat, 52 ans, incarne aujourd’hui la branche muratiste de la Maison impériale de France. Homme de son temps, il se démarque par un engagement politique personnel, républicain dans la forme, bonapartiste dans l’esprit. Héritier d’un nom prestigieux mais lucide sur son rôle dans la France moderne, le prince Joachim Murat n’a de cesse d’insuffler une nouvelle vitalité à l’idéal napoléonien, celui d’un État fort, au service du peuple, appuyé sur la méritocratie et la souveraineté nationale.

À la croisée des mondes, il bénéficie d’une popularité grandissante parmi les cercles patriotes et souverainistes, sans jamais céder aux facilités populistes. En s’impliquant dans des débats de fond, il a su gagner une estime transpartisane parmi les nombreux partis de l’échiquier politique français, notamment chez les nostalgiques de ce qui furent les gloires de la France, son empire ou sa république impériale défunte. Sans revendiquer une restauration monarchique ou dynastique de l’Empire, idée à laquelle il n’est pas insensible pour autant et incarnée par le prince Jean-Christophe Napoléon ("le meilleur candidat pour une monarchie constitutionnelle qui ne souffre pas d'avoir de contestation au sein de sa famille"), il incarne une figure d’autorité morale, apolitique au sens partisan, mais profondément politique dans la vision qu’il propose.

Bonapartisme : une boussole pour notre temps

Dans son intervention, tout en rappelant l'histoire riche du bonapartisme qui a eu ses élus dans toutes les assemblées, le prince Murat déconstruit les clichés qui entourent le bonapartisme. À ses yeux, il ne s’agit ni d’une nostalgie impériale, ni d’un folklore de salon, mais d’une pensée de gouvernement exigeante. S’appuyant sur les héritages importants de Napoléon Ier (1799-1815) et Napoléon III (1851-1870), il a rappelé les fondements concrets d’un système visionnaire : institutions solides, méritocratie, unité nationale, État stratège, réforme sociale, grandeur collective.

Face à un pouvoir technocratique qu’il juge désincarné, et à des clivages partisans devenus stériles, le prince a appelé à un sursaut. Il plaide pour une refondation de la pensée bonapartiste, adaptée aux défis du XXIᵉ siècle : réindustrialisation, souveraineté énergétique (notamment nucléaire), redressement scolaire, justice sociale. Pour lui, il ne s’agit pas de revenir à l’Empire, mais de faire revivre son esprit dans une République efficace et ambitieuse.

L’un des temps forts de la conférence fut sans doute ce plaidoyer nuancé contre les caricatures : non, le bonapartisme n’est pas un despotisme éclairé ni un autoritarisme brutal. Il repose sur un lien direct entre le chef et le peuple, sans passer par les clientélismes partisans. Le prince Murat l’a dit sans détour : " Loin d'être folklorique,  inscrit dans l'ADN des Français, le bonapartisme est autoritaire dans la forme, jamais dans le fond ; il vise l’unité, non l’exclusion.". Rappelant le caractère égalitaire et national du régime, récusant toute tentation totalitaire ou césariste dont le bonapartisme est souvent accusé, le prince Murat réaffirme le fait qu'il soit aussi un gouvernement de consensus qui a inspiré de nombreux d'autres en Europe, capable de travailler avec tous les courants politiques, de mettre en place "une politique d'action", basée sur " la grandeur collective". 

Il en a profité pour saluer les figures actuelles qui, selon lui, portent encore cette flamme politique selon lui : Jean-Pierre Chevènement, Georges Kuzmanovic, Nicolas Dupont-Aignan, ou encore David Saforcada et son mouvement "L’Appel au Peuple "  qui, à travers ses élus locaux, ambitionne de revivifier cet héritage au sein du cadre républicain, l'association France Bonapartiste, organisatrice de cette conférence aux côtés de Forum Richelieu, leurs partenaires, et bien d'autres.

Arbre généalogique des Murat @site officiel /Kevin Guillot

Une maison inscrite dans l’histoire de France

Né en 1767 dans le Lot, Joachim Murat fut l’un des plus brillants sabreurs de la Révolution, général à 28 ans, maréchal d’Empire et Grand-Amiral de France. Époux de Caroline Bonaparte, grand-duc de Berg, il est éléveé au rang de roi de Naples en 1808. En lui, l’Empire reconnaît l’homme de guerre devenu homme d’État, dans une trajectoire qui incarne à elle seule la méritocratie impériale.

Mais la grandeur militaire n’est pas tout : Murat gouverne avec un sens aigu de l’ordre et de la réforme. Il modernise son royaume, institue un code civil local, promeut l’instruction et tente une forme d’unité italienne avant l’heure. Tombé en 1815, fusillé à Pizzo après une tentative de reconquête, il laisse à la postérité une légende de bravoure, de panache et de fidélité à Napoléon jusqu’à la fin.

Ses descendants, qui portent quasiment tous le prénom de Joachim -une tradition au sein de cette branche impériale- ne démériteront pas. Entre possible tentative de restauration sur le trône de Naples dans la seconde moitié du XIX siècle et représentation de l’idée bonapartiste en France, ils donneront leurs vies pour la France durant les deux Guerres mondiales, proue de résistance à l’oppression nazie, s’engageront sur les plans politiques et culturels.

Une voix singulière dans le paysage politique

Fidèle à la lignée conductrice de ses ancêtres, doté d’un parcours atypique, l’héritier actuel des Murat, auteur d'un Napoléon III avec Olivier Pastré, ne revendique rien mais entend agir comme un passeur d’idées. Père de deux enfants, ancien candidat aux élections européennes (2024), se réclamant du gaullisme, il entend redonner une épaisseur historique à des valeurs que beaucoup pensaient désuètes : grandeur, ordre, justice sociale. Son influence, discrète mais réelle, s’exerce aussi dans les cercles souverainistes, où il incarne un bonapartisme républicain, éloigné des excès populistes comme des dérives ultralibérales.

Rarement, une figure issue du Gotha dynastique n’avait osé formuler une vision aussi articulée de l’avenir politique national, sans tomber dans la revendication nostalgique. Aux côtés de de son épouse, la princesse Yasmine Murat, ce faisant, ce souverainiste réhabilite une tradition française oubliée : celle de l’engagement public des princes, non pour régner, mais pour inspirer.

Alors que la France traverse une période de doutes et reste secouée par de multiples crises, cette conférence, peu commentée dans la presse, pourtant qui dessine un véritable programme politique dont il égrenne les grandes lignes, pourrait bien marquer le retour d’une parole impériale dans le débat d’idées. Ni passéiste, ni opportuniste, le discours de Joachim Murat s’inscrit dans une volonté de refonder un idéal : celui d’un État qui ne gère pas, mais qui guide; d’un peuple qui ne subit pas, mais qui décide. À l’heure où les monarchies constitutionnelles sont observées avec curiosité, où la France doute de ses repères et de son avenir, la famille Murat offre un exemple singulier : celui d’une lignée qui, sans chercher à régner, continue de servir. En portant haut l’étendard du bonapartisme, se traçant dans celle du Muratisme qui a su fédérer autour d'une idée nationale, elle donne une profondeur historique à une alternative politique oubliée, mais peut-être en passe de renaître.

En ces temps de morosité républicaine, peut-être fallait-il qu’un prince parle pour rappeler que l’histoire, quand elle se conjugue au futur, peut encore éclairer le présent.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 16/05/2025

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