Le duché de Séville est vacant. En vertu de l’égalité entre hommes et femmes dans la succession des titres de noblesse, Olivia de Bourbon a décidé de faire acte de candidature face au prince Francisco qui n'a pas été averti des ambitions de sa soeur.
Le silence feutré des palais espagnols cache parfois des remous inattendus. L’annonce, publiée discrètement au Boletín Oficial del Estado (BOE) le 20 juin 2025, a pourtant surpris le Gotha européen : Olivia de Bourbon a officiellement demandé à succéder à son père, feu Don Francisco de Paula de Bourbon y Escasany, comme duchesse de Séville et Grande d’Espagne. Une démarche légitime au regard de la loi, mais qui interroge sur l’équilibre délicat entre traditions, héritage et liens familiaux.
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Un duché discret mais symbolique : Une famille unie malgré tout ?
Les ducs de Séville portent un titre prestigieux, créé au XIXe siècle, et reconnu parmi les plus anciens Grands d’Espagne. À travers les décennies, les descendants du roi Charles IV (1748-1808) ont incarné une noblesse discrète, alliant engagement charitable et fidélité monarchique. Le dernier titulaire, Don Francisco de Paula, s’est illustré notamment comme Grand Maître de l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem (1996-2008), perpétuant l’héritage chevaleresque de cette lignée qui remonte à Louis XIV. À sa mort, survenue le 20 mai dernier, ses enfants Olivia et Francisco ont hérité d' un leg qui dépasse la simple transmission matérielle : porter le nom de Bourbon, assumer un titre ducal et prolonger un rôle moral au sein de la noblesse espagnole
Depuis 2006, la loi espagnole 33/2006 consacre l’égalité entre hommes et femmes dans la succession des titres de noblesse. Olivia, aînée de la fratrie, 51 ans, était donc légalement la première à pouvoir hériter du duché. Mais à Madrid comme à Marbella, chacun s'est interrogé : allait-elle confirmer ce droit ou, par égard aux usages et à la loi de primogéniture masculine, respecter le souhait de son père, le transmettre à son frère Francisco ? La réponse est tombée plus vite que prévue : Olivia de Bourbon a pris l’initiative. Une décision que son frère n’aurait appris qu’en découvrant l’avis officiel. Pour le fils cadet, Grand Maître de l’Ordre, la surprise est réelle – et peut-être teintée d’amertume. Selon l’entourage, il était persuadé que le deuil passerait avant tout et qu’un an de réflexion précéderait toute démarche. Il n’en sera rien.
Dans l’une de ses rares confidences, le défunt duc avait confié à ¡HOLA! : « Porter le nom de Bourbon représente une grande responsabilité. Il faut être très prudent dans ses actes et dans la manière dont on les accomplit, en raison des répercussions que cela peut avoir sur les autres membres de la famille. » Cette prudence, Olivia, mère de deux enfants, saura-t-elle la prolonger en assumant ce titre qui, plus qu’un honneur mondain, reste un symbole de continuité et de devoir ?
Au-delà d’une querelle de nobles, cette histoire dit beaucoup de l’aristocratie contemporaine : une noblesse qui conjugue modernité et héritage, égalité et usages, dans une Espagne où porter un nom historique engage encore bien plus qu’un simple patronyme.
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