Charles-Xavier de Bourbon-Parme : un prince enraciné dans l’histoire
Charles-Xavier de Bourbon-Parme : un prince enraciné dans l’histoire
Dans un entretien exclusif accordé à Vanitatis, Charles-Xavier de Bourbon-Parme prétendant carliste au trône d’Espagne, partage sa vision de la monarchie contemporaine, ses liens avec le Gotha européen et son engagement dans la préservation du patrimoine historique du carlisme.
Le carlisme est un mouvement monarchiste né au XIXe siècle à la suite des guerres de succession en Espagne. Il défend une monarchie traditionnelle et légitimiste, fondée sur les principes de la religion catholique, des fueros (libertés régionales) et d’un modèle territorial fédératif. Depuis son apparition en 1833 avec la revendication du trône par Charles de Bourbon, le carlisme a traversé plusieurs époques, porté par différentes générations de prétendants dont un seul a réussi à s’approcher suffisamment du trône ( Carlos VII en), pour menacer la branche libérale installée au pouvoir. Trois guerres (1833-1840, 1846-1849 et 1872-1876) qui ont ravagé l’Espagne et montré ses divisions identitaires.
Le carlisme : un héritage historique et politique
Héritier de cette tradition, Charles-Xavier de Bourbon-Parme, 55 ans se considère comme le dépositaire d’un patrimoine historique et culturel qu’il entend préserver. « Mon engagement est envers l'Espagne et envers ma famille. Depuis que mon grand-père Don Javier (Xavier) a assumé les droits de la légitimité espagnole en 1936, nous sommes les gardiens d'un patrimoine matériel et immatériel de près de 200 ans », souligne-t-il.
Père de 4 enfants ( dont un né hors mariage), lee duc de Parme incarne une vision moderne et enracinée de la royauté. Pour lui, la monarchie doit jouer un rôle de médiateur au sein des sociétés contemporaines, en veillant à la stabilité et à la transmission des valeurs fondamentales. Il regrette que le monde actuel ait perdu le sens du symbolisme et de la transcendance, des éléments pourtant essentiels à la mission d’un souverain. « La royauté devrait être ce pouvoir d’arbitrage qui équilibre les tensions et agit comme protecteur des actifs non négociables de la société », explique-t-il.
Pour préserver l’héritage du carlisme, Charles-Xavier de Bourbon-Parme a entrepris un ambitieux projet de centralisation des archives carlistes, aujourd’hui dispersées à travers l’Europe. C’est à l’Université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas, qu’il a choisi d’établir un centre de documentation dédié. Ce projet bénéficie de la collaboration d’institutions espagnoles telles que la CEU et de chercheurs spécialisés dans l’histoire du carlisme. « J'ai décidé que le Centre de Documentation Catholique de l'Université Radboud garderait, en dépôt, cette partie du patrimoine familial et historique du Carlisme, parce qu'il nous offrait des garanties pour sa conservation et son catalogage corrects », précise-t-il. L’objectif est de faciliter l’accès aux documents pour les chercheurs et le grand public, tout en utilisant les nouvelles technologies pour unifier numériquement les collections existantes en Espagne et à l’étranger.
Pretendientes Carlistas al trono de España. Carlos Javier de Borbón-Parma y Orange-Nassau (Nimega 27 de enero de 1970) y Annemarie Cecilia Gualthérie van Weezel (Den Haag 19 de diciembre de 1977). Pretendiente desde el 18 de agosto de 2010. pic.twitter.com/b6gfx3OF6L
Des relations étroites avec les familles royales européennes
Héritier du duché de Parme, une monarchie emporte par le Risorgimento en 1859, le prince Charles Xavier entretient des relations familiales et diplomatiques avec plusieurs souverains européens. Cousin germain du roi Willem-Alexander des Pays-Bas, il partage avec lui une proximité générationnelle qui renforce leurs liens. Il se montre admiratif des qualités de la princesse héritière Amalia des Pays-Bas, qu’il décrit comme une jeune femme cultivée et prometteuse : « Il possède une grande formation et des qualités humaines spectaculaires. De plus, il entretient des liens très étroits avec l’Espagne où il a noué de très bonnes et solides amitiés. »
Quant à son rapport avec le roi Felipe VI, Charles-Xavier de Bourbon-Parme affirme le côtoyer lors d’événements familiaux. « Bien sûr, je connais Don Felipe. Nous faisons tous deux partie de la famille Bourbon », précise-t-il, feignant de ne pas reconnaître son titre de souverain. Il était présent dernièrement aux obsèques du Pape François (2025) à Rome, parmi un parterre de princes de maisons royales.
Don Carlos, presente en la Misa de inicio del pontificado de León XIV en Roma
— Carlos de Borbón (@CarlosJdeBorbon) May 18, 2025
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Une relation sous-tension avec Sixte de Bourbon-Parme
Un sujet particulièrement sensible pour le prince est la situation de son oncle, Sixte-Henri de Bourbon-Parme, dont l’état de santé s’est dégradé. Admis dans une maison de retraite en France et placé sous incapacité judiciaire, Sixte-Henri a suscité l’inquiétude de sa famille. « Moi-même, en tant que chef de famille, j'ai rendu visite à mon oncle Sixto avec mon frère Jaime à la résidence pour nous poser des questions sur lui. Ce fut une rencontre très émouvante », a confié Charles-Xavier. Il a d’ailleurs insisté sur son rôle dans la protection de son oncle : « Ce que j'exige, en ma qualité de chef de la Maison de Parme, c'est que l'État respecte la santé de mon oncle, qu'il soit traité avec dignité et affection et que toute démarche de tiers visant à profiter de sa vulnérabilité soit évitée. ».
Pourtant, les liens entre les deux hommes n’ont jamais été tendre. Le prince Sixte-Henri de Bourbon-parme a toujours été le tenant d’un carlisme traditionnaliste (CTC), proche du franquisme ou des milieux ultra conservateurs des deux côtés des Pyrénées. Il se considère lui-même comme un prétendant au trône d’Espagne (Henri V) bien que son parti enregistre de très faibles scores aux élections. Idéologiquement loin de ce que prône le carlisme autogestionnaire du prince Charles-Xavier, lui et ses partisans n’ont pas hésité à faire le coup de feu contre ses opposants au sein de la mouvance carliste à Montejurra (1976). Faute de successeurs directs, il n’est pas certains que la CTC accepte une fusion avec le carlisme de Charles-Xavier et tente plutôt de se trouver un prince de substitution.
« Les familles doivent toujours être unies, et plus encore dans les moments difficiles », affirme-néanmoins Charles-Xavier qui a décidé de fermer la querelle dynastique par ce biais.
Une vision de l’Espagne entre défis et opportunités
Très attaché à l’Espagne, Charles-Xavier de Bourbon-Parme suit de près son évolution et en souligne les potentialités. Malgré les défis économiques et politiques, il demeure optimiste quant à l’avenir du pays. « L'Espagne me surprend positivement car, malgré de nombreuses adversités, nous parvenons toujours à avancer », affirme-t-il.
Il perçoit l’Espagne comme une nation dotée d’un fort potentiel d’innovation et capable de surmonter les obstacles grâce à sa résilience historique. Dans un monde en quête d’identité et de repères, le prince carliste prône un retour aux valeurs essentielles portées par le carlisme : Dieu, Patrie, Fueros et Roi. « Le carlisme est une tradition enracinée dans la vision catholique du monde et dans nos libertés historiques, qui se perfectionne au fil du temps et répond aux défis de chaque époque et de chaque génération », ajoute-t-il.
À travers cet entretien, Charles-Xavier de Bourbon-Parme se révèle être un homme de son temps, soucieux d’honorer son passé tout en bâtissant un avenir où la monarchie demeure un repère de stabilité et de continuité. Un credo chez les Bourbons, toujours soucieux de préserver leur héritage quel qu’il soit.