Margrethe II et la réunification du Jutland avec le Danemark

Le prince Frederik (gauche), la reine Margrethe II (centre) et le prince Christian (droite)Accompagnée des deux héritiers au trône, les princes Frederik et Christian, la reine du Danemark Margrethe II, le président allemand Frank-Walter Steinmeier et divers dignitaires des deux pays ont célébré ce dimanche le centenaire de la réunification du Danemark et du Jutland méridional. Un événement qui a été retardé de près d'un an en raison de la crise de Covid-19. Une célébration qui a toutefois galvanisé l’esprit nationaliste des danois très attachés à la dynastie des Schleswig-Holstein-Sonderbourg et qui a été marquée par les excuses officielles de l’Allemagne. Une monarchie, plébiscitée par les danois, qui a récemment durci sa législation sur les migrants.

Le roi Christian X en 1920Retardée en raison de la pandémie de covid-19 et initialement prévue en juillet 2020, la célébration du centenaire de la réunification du Danemark et du Jutland méridional  a été à la hauteur des attentes des danois qui ont pu la suivre en direct sur leurs écrans de télévision. Dimanche dernier, la reine Margrethe II, son fils le prince Frederik et son petit-fils, le prince Christian, tous deux héritiers au trône, ont refait en calèche le même trajet que celui du roi Christian X en 1920, escortés par le Guard House Regiment. C’est en effet à cette date, le 15 juin, que le souverain danois a ratifié un décret confirmant le retour de la région du Jutland du Sud (Sønderjyllands Amt)  dans le giron du  Danemark après un référendum sans appels qui a mis fin à un demi-siècle de domination allemande.  Annexé à la suite de la guerre des duchés en 1864 par la Prusse, la perte de cet territoire appartenant à la maison royale avait été vécue comme une véritable humiliation nationale (elle suivait celle de la Norvège en 1814 au profit de la Suède) et avait eu des conséquences inattendues, comme de mettre en compétition l’Allemagne en devenir et l’Autriche, chacune des deux nations revendiquant le podium du pangermanisme. Une joute dont sortiront vainqueurs les Hohenzollern. Il faudra attendre la fin de la première guerre mondiale pour que le futur du Jutland, marqué par une bataille navale importante en 1916, soit remis sur la table des négociations. Un retracé des frontières et 74% des voix en faveur du rattachement achevèrent de rendre cet « amt »  (département) au royaume danois. 

Margrethe II« L'Allemagne n'a vraiment pas toujours été un bon voisin pour le Danemark ».  Dans un discours adressé à la reine Margrethe II, passé d’une tenue blanche à une plus rouge au cours de ce voyage, allusion évidente aux couleurs du Danemark, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a présenté les excuses officielles de son pays au royaume. « La  promesse de paix a été brutalement violée lorsque nous, Allemands, avons attaqué nos voisins danois. Surtout ce qui s'est passé après 1945 des deux côtés de la frontière n'est rien de moins qu'un petit miracle «  a ajouté le dirigeant teuton qui a surpris son auditoire. « Cela ne s'est pas fait sans combat et c'est une histoire importante qui doit être transmise aux générations futures, afin qu'elles ne tiennent pas simplement pour acquis d'être danois » a rappelé le maire de Kolding Jørn Pedersen. Une déclaration qui fait écho au discours prononcé par la reine Margrethe II. « Nous laissons désormais en héritage une frontière aux jeunes générations. Sûrs et confiants qu'ils peuvent suivre le développement que leurs parents et grands-parents ont commencé. Aujourd'hui, nous devons célébrer la Réunification. C'est avec une joie sincère qui va plus loin et plus profondément qu'on ne l'aurait imaginé il y a 100 ans. Nous pouvons voir à la fois l'histoire et nous regarder l’un et l’autre avec les yeux de l’amitié » a déclaré la souveraine face à son fils et son petits fils. Le prince Christian, 15 ans, dont c’était là son premier engagement officiel. 

La reine Margrethe II sous une haie de drapeaux nationaux« La célébration de ces retrouvailles était l'un des moments forts de l'année que j'attendais le plus avec impatience et j’aurais été désolé de devoir m'en passer » a ajouté Margrethe II qui règne sur son pays depuis le 14 janvier 1972.  Plus de 77% des danois plébiscitent d'ailleurs et toujours le maintien de l’institution royale selon un récent sondage sur cette question.  A la fin de la cérémonie, elle a inauguré un mémorial du centenaire composé à la fois d'une sculpture et d'un ruban de bronze symbolisant le point entre les deux frontières avant d'aller assister à un service religieux sous les applaudissements de ses sujets, massés le long de la route. Récemment le royaume a fait les principaux titres des médias internationaux après que la première ministre Mette Frederiksen ait affirmé publiquement vouloir poursuivre une politique visant « zéro demandeur d'asile ». En 2016, la monarchie a voté une loi qui permet de confisquer aux demandeurs d'asile argent et biens de valeur pour financer leur séjour, avec en arrière-fond une souveraine qui n’a pas mâché ses mots vis-à-vis des étrangers qui refusaient de s’assimiler dans son royaume.

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Date de dernière mise à jour : 13/07/2022

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