Propriété du dernier souverain de Bulgarie et restitué par le gouvernement en 1998, le palais de Vrana, situé à l’extérieur de la capitale, faisait l’objet d’une âpre bataille juridique entre Siméon II et le premier ministre Boïko Borissov depuis une décennie. L’ancien maire de Sofia réclamant la restitution de cette résidence royale au fils de Boris III et de Jeanne d’Italie, tout en accusant son ex-patron de se l‘être fait attribuer indument. Le 29 juillet dernier, la Cour d’appel justice de Sofia a statué en faveur du monarque qui pourra conserver sa résidence, dont les murs ont été les témoins de nombreux événements historiques majeurs.
Acheté par le Tsar Ferdinand Ier en 1908, le palais de Vrana va subir de profondes transformations architecturales au cours du règne de ce petit-fils de Louis-Philippe Ier d’Orléans, dernier roi des français. C’est ici que le roi Boris III affrontera le regard des putschistes du 9 juin 1923 qui avait porté atteinte à ses prérogatives de souverain. Bombardé par la Royal Air Force (RAF) entre 1943 et 1944, Vrana devient la résidence de Georgi Dimitrov Mihaylov, Premier ministre entre 1946 et 1949. Restitué au roi Siméon II et sa sœur la princesse Marie-Louise en 1998, le palais de Vrana va être très vite au cœur d’un contentieux entre le dernier monarque et le gouvernement du premier ministre Boïko Borissov. Ce dernier accusant le souverain déchu, devenu Premier ministre entre 2001 et 2005, de s'être fait attribuer cette « perle de la couronne bulgare » de manière controversée. Sommées de trouver un accord par l’Union européenne, les négociations entre les deux parties avaient finalement échoué en 2017.
Le roi réside seulement dans une des ailes du palais bordé par un immense parc ouvert au public. Un trésor orthodoxe qui mélange plusieurs styles sur lequel s’est penché récemment la Cour d’appel justice de Sofia et qui a tranché en faveur du roi ce 29 juillet, cassant la précédente décision du tribunal municipal de Sofia, qui affirmait en août 2018 que Vrana était la propriété de l'État. A cette époque, Siméon II s’était plaint publiquement d’avoir été « sali, humilié et exilé de l’intérieur ». Cette décision ne clôt pourtant pas cette affaire aux multiples rebondissements puisqu’elle peut être encore contestée devant la Cour de cassation bulgare.
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