Le roi des Belges présente ses excuses officielles au Congo !

Felix tshisekedi et philippe roi des belges«Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd'hui ravivée par les discriminations encore présentes dans nos sociétés». Dans une lettre adressée au président de la République démocratique du Congo, le roi des Belges, Philippe de Saxe-Cobourg-Gotha, a présenté, pour la première fois, ses excuses à ce pays d’Afrique centrale pour les crimes et exactions perpétrés durant la colonisation. Des excuses officielles inattendues qui divisent les belges à l’heure où les militants du Black Lives Matter entendent déboulonner tout ce que le royaume comporte de statues représentant le roi Léopold II. Un débat qui laisse pourtant de marbre les congolais.

La reine et le roi des belgesInattendue ! La lettre adressée au président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a été rendue publique par le palais de Laeken. Secoué par des manifestations organisées par le mouvement local du Black Lives Matter («La vie des noirs compte»), née à la suite de la mort brutal de l’afro-américain Georges Floyd, c’est un débat sur le rôle de la maison royale de Belgique dans la colonisation de l’Afrique qui a fait soudainement irruption sur la scène politique et civile du royaume. De nombreuses statues ou bustes du roi Léopold II, accusé de tous les crimes possibles, dont celui de génocide, ont été retirés de tout le royaume afin de calmer les militants du BLM qui exigent que la monarchie fasse amende honorable sur le sujet. Si «notre histoire est faite de réalisations communes mais  aussi connu des épisodes douloureux, il faut pouvoir se parler en toute vérité et en toute sérénité» a écrit le roi des Belges à son alter-égo africain. «À l'époque de l'État indépendant du Congo, des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective» poursuit le souverain qui rappelle que cette ancienne possession belge a été une colonie personnelle du roi Léopold II de 1885 à 1908, avant d’être cédé au royaume. Une colonisation du Congo tout comme une décolonisation qui ont été très violentes et une source de  profondes divisions politiques.

La statue de leopold a kinshasaS’engageant à «combattre toutes les formes de racisme », le roi Philippe  encourage la réflexion qui est entamée par (son) parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée». En évoquant la «souffrance et les humiliations» vécues par les congolais, le roi des Belges s’est adressé au président en utilisant la première personne du singulier, renvoyant ainsi la maison royale face à ses responsabilités. Une lettre écrite en accord avec le gouvernement actuel, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance du Congo, et qui espère ainsi calmer la rancœur de ceux qui se surnomment en Belgique, «les afro-descendants». Saluant le geste du monarque, la première ministre, Sophie Wilmès, a également déclaré que «l’heure était venue pour la Belgique d’entamer un parcours de vérité, d’un travail de vérité et de mémoire  qui passe d’abord par [le fait de] reconnaître la souffrance de l’autre»  comme l'indique le journal « Le Monde », dans son édition d’aujourd’hui.

Si le débat sur la colonisation divise considérablement la société belge, il ne semble pourtant pas passionner les premiers concernés qui restent de glace face aux demandes des militants indigénistes, dont la princesse Maria-Esmeralda de Belgique s’est elle-même faite la porte-parole. Si la statue équestre du roi Léopold II trône toujours en hauteur de Kinshasa, la capitale de la république démocratique du Congo, à «côté de celui de son successeur, Albert Ier, et de l'explorateur britannique Henry Morton Stanley», les congolais pensent majoritairement que ce débat n'est qu'une histoire belgo-belge. Interrogé par la RTBF, l'historien Isidore Ndaywel affirme qu’ici, il est nullement question de déboulonner quoi que ce soit. «La statue de Léopold II, pour nous, ça reflète une histoire, une mémoire. C'est une référence pour nos enfants» explique José Batekele. Un directeur de collection au Musée national qui rappelle également, que l’ancien président Joseph Kabila avait pourtant rendu hommage  à ceux «qui crurent au rêve du roi Léopold II de bâtir, au centre de l'Afrique, un État» sans exiger d’excuses de la part du gouvernement belge pour les meurtres politiques perpétrés par celui-ci au Congo (dont celui du premier ministre Patrice Lumumba), pour sa reconnaissance des républiques du Katanga ou du Kasaï ou les crimes des colons. Dont acte ! 

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Date de dernière mise à jour : 13/07/2022

Commentaires

  • JANSSENS Claude
    C'est étrange, le texte que j'ai lu fait bien la scission entre le Congo indépendant qui avait pour souverain Léopold, Roi du Congo, et la période ou ce pays a été rattaché à la Belgique, comme colonie.

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