A l'occasion du 60ème anniversaire de l'indépendance du Congo, le roi des Belges, Philippe, a adressé une lettre au président de la République démocratique du Congo où il exprime des regrets en forme d'excuses officielles pour les crimes et discriminations commis durant la colonisation. Félix Tshisekedi a répondu au souverain des Belges et a invité le roi à «réécrire l'histoire de la colonisation».
«En ce soixantième anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, je tiens à vous adresser ainsi qu’au peuple congolais mes vœux les plus chaleureux.
Cet anniversaire est l’occasion de renouveler nos sentiments d’amitié profonde et de nous réjouir de la coopération intense qui existe entre nos deux pays dans tant de domaines, et notamment dans le domaine médical qui nous mobilise en cette période de pandémie. La crise sanitaire nous frappe au milieu d’autres préoccupations. Le partenariat privilégié entre la Belgique et le Congo est un atout pour y faire face. En ce jour de fête nationale, je souhaite réaffirmer notre engagement à vos côtés.
Pour renforcer davantage nos liens et développer une amitié encore plus féconde, il faut pouvoir se parler de notre longue histoire commune en toute vérité et en toute sérénité.Notre histoire est faite de réalisations communes mais a aussi connu des épisodes douloureux. A l’époque de l'État indépendant du Congo des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective. La période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations. Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés. Je continuerai à combattre toutes les formes de racisme. J’encourage la réflexion qui est entamée par notre parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée.
Les défis mondiaux demandent que nous regardions vers l’avenir dans un esprit de coopération et de respect mutuel. Le combat pour la dignité humaine et pour le développement durable requiert d’unir nos forces. C'est cette ambition que je formule pour nos deux pays et pour nos deux continents, africain et européen. Les circonstances actuelles ne permettent malheureusement pas de me rendre dans votre beau pays, que j’aimerais tant mieux connaître. J’espère que j’en aurai bientôt l’opportunité» a écrit le roi Philippe des Belges à son alter égo africain, Félix Tshisekedi
Penant acte à ce qui ressemble fortement à des excuses officielles, le président de la République démcratique du Congo à «réécrire l'histoire de la colonisation». «J'estime nécessaire que notre histoire commune avec la Belgique et son peuple, soit racontée à nos enfants en République démocratique du Congo ainsi qu'en Belgique sur la base d'un travail scientifique réalisé par les historiens des deux pays» a déclaré le président conglais dans une allocution télévisée alors que son pays marque le 60ème anniversaire de la proclamation de son indépendance. «Mais le plus important pour l'avenir, c'est de bâtir des relations harmonieuses avec la Belgique parce qu'au-delà des stigmates de l'histoire, les deux peuples ont su construire une relation forte que j'ai pu vivre personnellement lors de mon exil en Belgique, mon autre Congo» a tenu à réaffirmer Félix Tshisekedi, dont le père a été longtemps un cacique puis un opposant au régime (1965-1997) du président Mobutu Sese Seko.
«C'est ainsi que, n'eut été la pandémie de la Covid-19, j'avais prévu de commémorer les 60 ans de notre indépendance ici à Kinshasa avec comme invité spécial le roi Philippe de Belgique qui, tout comme moi, cherche à renforcer les liens entre nos deux pays sans renier notre passé commun mais dans l'objectif de préparer un avenir radieux et harmonieux au profit de nos deux peuples» a poursuivi et en guise de conclusion le président Tshisekedi.
Reste à savoir si les belges vont également demander des excuses de la part du Congo (ex-Zaïre) pour le massacre de Kolwezi en 1978 !? Un sujet soigneuseuement évité par les deux pays qui tentent malgré tout de panser les douleurs d'un passé bien trop jugé actuellement avec les yeux de ce siècle et sans le recul nécessaire qui appellerait à plus de modération de part et d'autres des protagonistes engagés dans ce débat.
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