Les Hohenzollern tournent (enfin) la page d’un siècle de litige
Les Hohenzollern tournent (enfin) la page d’un siècle de litige
Un accord historique vient de clore un contentieux centenaire entre la maison de Hohenzollern et l’État allemand. Des milliers d’œuvres d’art contestées resteront dans les musées publics, évitant une bataille judiciaire aux lourdes implications mémorielles.
Depuis l’abdication de l’empereur Guillaume II en 1918 et la chute de la monarchie prussienne, les biens de la maison de Hohenzollern ont été au cœur de multiples litiges. À l’époque, la République de Weimar avait préalablement confisqué une partie des possessions impériales, avant que l'État prussien et que les Hohenzollern ne signent un accord partiel de restitution (1926). Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une incertitude juridique s'est installée et a perduré, notamment concernant les châteaux nationalisés et la propriété d’œuvres d’art d'une haute valeur historique et symbolique de cette dynastie.
Le 13 mai 2025, le ministre d'État à la Culture, Wolfram Weimer, a annoncé qu'un accord entre la maison de Hohenzollern et les autorités publiques avait été trouvé. Ce compromis met fin à une bataille de près de dix ans entamée officiellement en 2014, au sujet de milliers de pièces exposées dans la Fondation des châteaux et jardins prussiens de Berlin-Brandebourg, le Musée historique allemand ou encore la Fondation du patrimoine culturel prussien. Ces objets, autrefois conservés dans le musée Hohenzollern, seront désormais transférés à une nouvelle entité à but non lucratif, la Fondation du patrimoine artistique Hohenzollern. « Cet accord est un énorme succès pour l’Allemagne en tant que centre culturel et pour le public amateur d’art », a déclaré le ministre.
Un prince sous les projecteurs : Georg Friedrich de Prusse
Au cœur de ce litige se trouve Georg Friedrich de Prusse, prince de Prusse et chef actuel de la maison de Hohenzollern. Né en 1976, il est l’arrière-arrière-petit-fils du Kaiser Guillaume II et incarne la continuité dynastique de l’ancienne monarchie. Homme d’affaires, discret mais déterminé, il s’est engagé dans une longue campagne juridique pour faire reconnaître les droits patrimoniaux de sa famille. Mais son image a été ternie par un débat plus sensible : les liens présumés de ses ancêtres avec le régime nazi. Les négociations avec l’État fédéral ont été freinées afin de déterminer su la maison de Hohenzollern, en particulier le prince héritier Guillaume, avait activement soutenu Hitler dans les années 1930. Si cette connivence avait été juridiquement prouvée comme « soutien actif au national-socialisme », elle aurait rendu toute compensation inacceptable selon la loi allemande actuelle. Faute de trancher définitivement cette controverse historique, les parties ont préféré une issue diplomatique, sous forme de fondation partagée.
Avec la création de la Fondation du patrimoine artistique Hohenzollern, les objets en question resteront accessibles au public et échappent ainsi à une éventuelle dispersion ou privatisation. L’accord met un terme à une page douloureuse de l’histoire allemande, mêlant mémoire impériale, réconciliation post-monarchique et enjeux de patrimoine. Plus qu’un simple compromis juridique, il s’agit d’un geste de responsabilité historique — où l’intérêt collectif a, pour une fois, prévalu sur les prétentions privées.
Je partage votre analyse, tant d'un point de vue juridique que politique.
Cet accord historique est d'autant plus à saluer que ce chemin de sagesse et de responsabilité est devenu très rare dans nos sociétés fragmentées, divisées, violentes et amnésiques.
Pour savoir comment avancer, il est indispensable de savoir d'où nous venons, qui nous a précédé.
De nos jours, l'Histoire ne fait plus l'objet d'une transmission par le savoir.
L'Histoire est ignorée.
Votre travail inlassable est d'autant plus précieux.
Je vous prie de croire, Cher Monsieur de Natal, en mon profond respect.