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Les états d'âme de Georg Friedrich, prince de Prusse

À l'heure où les échos du passé se mêlent aux défis du présent, la Maison de Hohenzollern, avec sa longue histoire, reste encore un symbole puissant en Allemagne. Georg Friedrich, prince de Prusse, incarne cet héritage. Dans un entretien exclusif, accordés aux étudiants de l'université d'Oxford, il partage son point de vue sur l'histoire de sa famille, sa place dans le monde moderne et son engagement envers la préservation du patrimoine culturel prussien.

« C’est en 1994 que J'ai succédé à mon défunt grand-père, le prince Louis Ferdinand, , alors que j'avais seulement 18 ans. Je considère qu'il est de mon devoir de prendre soin de notre famille, de la représenter et parler en son nom » explique Georg Friedrich, prince de la Maison de Hohenzollern. Sans le ton martial que la caricature prête généralement aux Allemands, le descendant du Kaiser Guillaume II assume son rôle et son héritage. 

 

 

Une maison étroitement liée à l'histoire de l'unité de l'Allemagne

L'histoire de la Maison Hohenzollern est étroitement liée à celle de l’Allemagne. Interrogé sur sa vision de l'histoire, Georg Friedrich souligne l'importance d’avoir un regard impartial et un certain recul sur celle-ci : « En ce qui concerne l’histoire de mes ancêtres, je crois qu’il est important que nous n’oubliions pas notre histoire et ce qui a fait de nous ce que nous sommes. Je n'arrête pas de dire que notre histoire, c'est un peu comme nos parents : bien sûr, on peut les négliger, et on peut penser du mal d'eux. Mais finalement, sans eux, on ne serait pas là. La même chose s’applique à notre passé. Il est extrêmement important de ne rien laisser de côté lorsque l’on examine l’histoire – de considérer l’histoire au moment où elle s’est produite et de tenir compte du contexte. Je crois fermement qu’il y a des leçons à tirer des échecs du passé. L’histoire ne doit pas se répéter » explique Georg-Friedrich aux étudiants d'Oxford qu'il a récemment rencontré

Gardien de l'héritage prussien

Faisant fi des controverses concernant la restitution des biens de sa maison nationalisés en 1945 et qu'il réclame aux gouvernements sucessifs qui siègent au Bundestag, le prince Georg Friedrich préfère mettre en avant le rôle qu’il joue dans la préservation du patrimoine culturel prussien. « Lorsque l'État de Prusse a été aboli en 1947, l'immense patrimoine culturel a heureusement été largement préservé. Cela me rend très fier que ma collection privée figure parmi leurs plus grands prêteurs. Mais il y a beaucoup de choses inattendues auxquelles on ne pense. Par exemple, les couleurs nationales de notre équipe nationale de football, le noir et le blanc, dérivent des couleurs du drapeau prussien » rappelle le prince. « Ma famille reste donc le plus grand prêteur d’œuvres d’art provenant de notre collection privée aux principales fondations d’État qui s’occupent du patrimoine culturel prussien. Mon épouse Sophie et moi-même consacrons également beaucoup de temps à soutenir des œuvres caritatives, notamment grâce à notre propre fondation qui s'occupe éaglement d'enfants défavorisés » renchérit-il. 

Sondage sur le retour de la monarchie en Allemagne en 2023

Un prétendant qui ne court pas après sa couronne

Inutile de lui parler de retour de la monarchie, il n’y croit guère même si entre 8 et 15% de ses compatriotes souhaiteraient avoir un Empereur à la tête de l'Allemagne. Un chiffre qui varie mais qui est en nette diminution depuis des années. « Ce n’est certainement pas  un sujet qui est discuté en Allemagne. Nos dispositions constitutionnelles actuelles ont conduit à la plus longue période de paix et de prospérité, de croissance et de liberté de notre histoire. Je ne vois aucune raison de changer cela. Si je me compare à mes ancêtres, je ne crois qu’aucun d’entre eux ne vivait dans des circonstances plus heureuses que dans les sociétés libres et démocratiques dans lesquelles nous avons le privilège de vivre aujourd’hui » assure-t-il. De quoi doucher les espoirs de ses partisans qui honorent chaque année la mémoire du dernier monarque allemand décédé en exil. Proche de la CDU (droite allemande), le prince a plus d'une fois condamné l'utilisation des symboles de sa famille par l'extrême-droite, tentant de faire gommer toute les compromissios de sa famille avec le nazisme. « Depuis l'abdication de mon arrière-arrière-grand-père, l'empereur Guillaume II, en 1918, ma famille n'a joué aucun rôle politique » rappelle le prétendant au trône. 

 

 

Un partisan de l'unité européenne

La question de l'Union européenne suscite l'intérêt du prince Georg Friedrich qui suit cette actualité avec inquiétudes. Évoquant les convictions pro-européennes de son grand-père, il se dit optimiste quant à la solidité de l’unité européenne malgré les défis. « Dans les années 1970, en pleine guerre froide, mon grand-père, le prince Louis Ferdinand (1907-1994), a donné une remarquable interview télévisée dans laquelle il déclarait qu'il croyait fermement que l'Europe finirait par être à nouveau unie. C’était bien avant la chute du rideau de fer et la réunification de l’Allemagne. Mon grand-père a toujours cru à l’idée d'unification européenne. Je me considère tout à fait dans sa tradition résolument pro-européenne. Et même si j’ai été personnellement déçu lorsque les Britanniques ont voté en faveur de la sortie de l’Union européenne, je crois fermement que le Royaume-Uni continuera à être un membre fort de la famille européenne des nations et un allié solide dans la défense de nos valeurs occidentales communes. Chose intéressante, ma grand-mère, la princesse Kira, était russe et en même temps arrière-petite-fille de la reine Victoria. C’est pourquoi j’espère sincèrement que la paix reviendra également dans la partie orientale de notre continent » déclare le prétendant au trône qui évoque ici le cas ukrainien. 

À l'aube de l'avenir, la Maison de Hohenzollern, guidée par le prince Georg Friedrich, continue d'être un témoignage vivant de l'histoire allemande, tout en se tournant vers un avenir empreint d'engagement, de responsabilité et de respect pour les leçons du passé.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 20/10/2023

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