Le prince Georg Friedrich de Prusse fait son autocritique

Le prince Georg Friedrich de Prusse. photo Gordon Welters for The New York Times« Mon arrière-grand–père a reconnu (« aidé » ? ) ce régime criminel, mais il est très vite devenu clair qu'il n'avait ni la force morale ni le courage de se lancer dans l'opposition »*. Interrogé par le célèbre « New York Times », le prince Georg Friedrich de Prusse est revenu, une nouvelle fois, sur le différend qui l’oppose à l’état fédéral allemand et à celui du gouvernement du Brandebourg avec lequel il est en conflit ouvert. Menacé par une campagne orchestrée par la gauche socialiste-démocrate et les verts, le prétendant au trône d’Allemagne a menacé de retirer des musées tous les objets prêtés par sa famille. Lors de cette interview, l’arrière-arrière–petit-fils du Kaiser Guillaume II a fait son autocritique, reconnu à demi-mots l’implication de sa famille dans la montée du nazisme et souhaite qu’un accord soit rapidement trouvé entre les parties concernées afin de mettre un terme à une procédure juridique épuisante.

Le prince Georg Friedrich de Prusse avec son grand-père Louis-Ferdinand de HohenzollernLa maison impériale d’Allemagne va-t-elle lâcher du lest dans le conflit qui l’oppose à l’état fédéral allemand et à celui du gouvernement du Brandebourg ? C’est la question qui interroge la presse locale qui ergote sur le dernier entretien accordé par le prince Georg Friedrich de Prusse au « New York Times », le 12 mars dernier.  Verts et socialistes-démocrates mènent une sévère campagne contre les Hohenzollern dans l’état du Brandebourg où le prince impérial réclame que lui soient restitués objets, meubles et châteaux ayant appartenu à sa famille jusqu’à la fin de Seconde guerre mondiale, avant de s’en voir dépossédés après avoir été reconnue coupable d’assistance financière et militaire au régime nazi. Un argument que réfutent les avocats du prince Georg Friedrich de Prusse et qui affirment que la maison impériale a tenté en vain de noyauter de l’intérieur de parti du chancelier Adolf  Hitler. Un point de vue qui divise largement les allemands qui n’ont toujours pas pansé les plaies du nazisme et une classe politique qui s’agace des demandes du rejeton impérial. Il y a une semaine de cela, une pétition rassemblant plus de 20000 signatures, appelée « Aucun cadeau pour les Hohenzollern », a été présentée par les socialistes-démocrates et les verts au parlement du Brandebourg afin que les députés de cet état qui siègent à Postdam, une ville chère au cœur des descendants du Kaiser Guillaume II,  délibèrent sur les exigences du prince Georg Friedrich.

Le prince Georg Friedrich de Prusse devant les collections de porcelaine de sa familleJusqu’ici le prince impérial a poursuivi en justice tout journaliste ou historien se permettant de disserter sur la place publique de la culpabilité ou non des Hohenzollern dans la montée du nazisme. Mais le retrait soudain des négociations de l’état du Brandebourg avec la maison impériale a contraint les Hohenzollern à revoir leur copie. « Je suis convaincu que nous nous réunirons à nouveau autour d’une table, car il est dans notre intérêt à tous de parvenir à un accord », a déclaré le prince Georg Friedrich  au « New York Times ». « Nous avons tous  intérêt à éviter les procédures judiciaires interminables qui s'éternisent», a-t-il ajouté. Face à la multiplication des preuves de soutien de sa famille à Hitler (lettres manuscrites du Kronprinz Guillaume (Wilhelm), dons financiers, adhésions de certains membres de la famille impériale au parti nazi,..), le prétendant semble vouloir désormais jouer la carte de l’apaisement. « Mon arrière-grand–père a reconnu (« aidé » ? )  ce régime criminel, mais il est très vite devenu clair qu'il n'avait ni la force morale ni le courage de se lancer dans l'opposition » a reconnu le prétendant qui toutefois laisse à la charge des experts et universitaires, la question de déterminer le niveau de soutien des Hohenzollern au nazisme (d'autant que tous n'ont pas collaboré mais aussi participé aux activités de la résistance). Dans la foulée, Georg Friedrich de Prusse a nié vouloir retirer des musées les objets de sa famille, affirmant que les médias avaient « extrapolés et mal interprétés » ses propos. Quant aux journalistes qu’il a trainé devant les tribunaux et fait condamner, le prince affirme qu’il s’agissait de «  faire cesser les erreurs de jugement colportées par les médias qui traitaient de l’affaire ». « Je ne cherche pas à stopper la liberté de penser ni d’écrire » a tenté de rassurer Georg Friedrich de Prusse qui affirme avoir effectué son « autocritique » vis-à-vis de la situation actuelle.  

« Beaucoup de gens craignent que si un accord est conclu avec l’état, que ma famille soit disculpée des accusations auxquelles elle doit faire face », a déclaré le prince de Prusse. « Mais je m’oppose à cette affirmation qui est erronée. Je crois franchement que cette discussion doit se poursuivre mais que le débat historique  sur le rôle de ma famille dans le Troisième Reich doit être séparé des négociations que nous menons avec l’état » plaide  aujourd'hui le prétendant impérial au trône impérial.

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* Lors de son interview, le prince utilise le terme  « a reconnu »  qui peut -être traduit ou compris de différentes manières tel que  « aidé ». Le choix du terme en  traduction  française a été respecté et doublé pour une meilleure compréhension linguistique. 

 

Date de dernière mise à jour : 13/07/2022

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