Le Grand-duc héritier Max de Bade est décédé

Le Margrave Max de Bade est décédé au château de Salem, situé aux bords du lac de Constance. Neveu de la reine Elizabeth II, prétendant au trône de Bade depuis 1963, il était âgé de 89 ans. Un Grand-duché dont la monarchie est tombée après la Première Guerre mondiale.  C’est son fils, le Margrave Bernhard de Bade, qui lui succède à la tête de cette maison princière qui cousine avec toutes les dynasties royales d'Europe. 

Si la Révolution de novembre 1918 n'avait pas balayé la monarchie impériale des Hohenzollern, le Margrave Max(imilian) aurait pu être Grand-duc de Bade. La maison grand-ducale a annoncé que le prétendant au trône avait rendu son dernier soupir, le 29 décembre 2022, au château de Salem, propriété de cette famille dont l’origine remonte au XIIe siècle. 

Margrave Berthold avec ses fils, le prince héréditaire max (d) et le prince Ludwig (G). Photo maison de Bade

Un pur produit de l’aristocratie allemande

Né le 3 juillet 1933, l’année où Adolf Hitler a été élu Chancelier du IIIe Reich, Max de Bade était le fils du prince Berthold (1906-1963) et de la princesse Théodora de Grèce (1906-1969). Pur produit de l’aristocratie allemande, il va effectuer une large partie scolarité au pensionnat du château sous le regard du Führer que sa famille ne supporte pas. Et réciproquement. Invité à une réception organisée par Hitler, ce dernier avait durement sermoner le Grand-duc titulaire Berthold, l’accusant d’avoir des sympathies pour les juifs. Un rejet du nazisme qui permettra au prince Max d’intégrer le pensionnat de Gordonstoun en Écosse après la Seconde Guerre mondiale. Après l’obtention de son diplôme secondaire, il rentre en Allemagne, servir sous les couleurs de la Bundeswher comme officier militaire (il sera colonel de réserve). 

Valérie de Habsbourg-Toscane et le prince Max de Bade. Son fils, le prince Bernhard de Bade

Une fortune qui a fondu comme « neige au soleil »

Au décès de son père, il avait hérité d’une immense fortune et des milliers d’hectares de terre. Des investissements hasardeux lui feront perdre une large partie de son trésor de guerre. Afin de payer une ardoise de 184 millions de dollars d’endettement, il avait dû vendre en 1996 tout ce que possédait le château de Baden-Baden, de meubles et tableaux, au cours d’une vente historique. Brièvement fiancé à sa cousine Beatrix de Hohenlohe-Langenburg, c’est finalement sur l’archiduchesse Valérie de Habsbourg-Lorraine que Max de Bade va jeter son dévolu. Leur mariage fastueux en 1966 rappellera les grandes heures de l’empire défunt et accouchera de quatre enfants. Dont le prince Bernhard (né en 1970), avocat et viticulteur de profession, désormais à la tête de cette prestigieuse dynastie très discrète. 

Une maison prestigieuse et discrète entourée d’un mystère

Si la maison de Bade a depuis perdu un certain nombre de ses demeures, elle a laissé son nom dans l’Histoire de l’Allemagne. Monarchie absolue, elle reste pourtant une des plus progressistes de son temps (elle fera abolir la torture et l’esclavage). Lors de la Révolution française, le Margraviat de Bade ouvre ses portes aux émigrés français, parmi lesquels, Louis de Bourbon-Condé, duc d’Enghien que le Consul Bonaparte fera enlever et exécuter en 1804. Le futur Napoléon Ier se fera pardonner deux ans plus tard en élevant le Margraviat en Électorat puis en Grand-duché, permettant à son titulaire, Charles Ier (1728-1811), d’agrandir son territoire. Son fils et successeur, Charles II (1786-1818), épousera d’ailleurs Stéphanie de Beauharnais, fille adoptive de l’Empereur des Français. Un mariage marqué par un mystère qui demeure encore irrésolu aujourd’hui (l’affaire Kaspar Hauser), un règne désastreux qui sombrera dans la débauche, et qui contraindra le monarque a modifié la loi de succession afin de permettre à une branche morganatique de sa famille de monter sur le trône et de stopper ainsi les ambitions expansionnistes de la Bavière. 

Le Grand-duché de Bade n’échappera pas aux soubresauts de la révolution constitutionnelle de 1848 et il faudra l’intervention de l’influente Prusse pour que Léopold Ier (réfugié en Alsace-Lorraine) puisse récupérer sa couronne. Dès lors le destin des deux états va être intimement lié, politiquement et dynastiquement. Le dernier chancelier du Second Reich (octobre-novembre 1918) sera Max de Bade (1867-1929), héritier au trône du Grand-duché et grand-père du prince récemment décédé.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 30/12/2022

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