Le roi Gyanendra Shah lance une campagne en faveur de son retour

Accompagné de son fils, le sulfureux prince Paras Shah, le roi Gyanendra Bir Bikram a inauguré la campagne en faveur de la restauration de la monarchie au Népal. La date du 13 février n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle correspond à celle anniversaire du début de l’insurrection maoïste, lancée il y a deux décennies, par l’actuel Premier ministre Pushpa Kamal Dahal "Prachanda" et qui a été récemment décrétée fériée. 

L’action est aussi symbolique que politique. Le 13 février 2023, le roi Gyanendra Shah, 75 ans, a rejoint une foule importante venue assister au lancement d’une campagne, baptisée « Sauvez la nation, la nationalité, la religion, la culture et les citoyens ». Le but :  promouvoir la restauration de la monarchie hindoue tombée en 2008. Accompagné de son fils, le prince Paras Shah, qui s’est racheté une popularité auprès des Népalais après des décennies de réputation sulfureuse, de sa nièce la princesse Sitashma, le monarque n’a cependant pas pris la parole. Sa présence seule dans la ville de Kakarbhittan située dans l’Est du pays, a suffi à galvaniser les partisans de la monarchie qui protestaient également contre la décision du gouvernement de décréter fériée cette journée. 

La République népalaise, un « paroxysme suffocant »

Redevenu Premier ministre à la suite d’un accord entre différents partis, Pushpa Kamal Dahal "Prachanda" a décidé de commémorer le 23e anniversaire de l‘insurrection qui a conduit à la chute de l’institution monarchique en 2008. L’ancien rebelle ne cache pas sa volonté de mettre fin aux activités des monarchistes qui ont fait leur grand retour au parlement avec 14 députés élus en 2022 et avec lequel il est contraint de gouverner. Force d’opposition, « faiseurs de roi », le Rastriya Prajatantra Party (RPP) a obtenu trois grands ministères (dont la vice-présidence) au sein du gouvernement de coalition nationale début 2023?  a rapidement marqué son rejet de la République et de la laïcité lors de déclarations publiques. Alliés au Parti communiste népalais-Parti marxiste-léniniste unifié (PCN) de l’ancien Premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli (2018-2021), les royalistes du RPP participent à cette campagne qui devrait durer six semaines et qui fédère cependant divers courants politiques. Pour Durga Prasai, membre du comité central du PCN, la situation politique du pays a atteint un « paroxysme suffocant » qui nécessite désormais que l’on songe au retour de la monarchie et à la fin du système fédéral actuel qui ne fonctionne pas. « Bien que lui-même n’appelle pas réellement à sa restauration, c’est un choix qui s’impose » comme il l’explique à l’Indian Express, tout en avouant qu’il a rencontré et invité lui-même le roi à se joindre à cette campagne. 

Le roi Gyanendra prêt à remonter sur son trône

Ce n’est pas la première fois que le roi Gyanendra Shah intervient dans le débat politique népalais ou participe à une telle manifestation de masse. En 2022, des milliers de Népalais l’avaient acclamé à son arrivée dans la capitale Katmandou. A diverses reprises, il a fait des déclarations officielles, reprises par les médias locaux, dénonçant régulièrement  l’atmosphère délétère qui règne au Népal depuis qu’il a abdiqué, accusant les gouvernements marxistes qui se sont succédé d’être soumis à Pékin qui se livre à une guerre d’influence dans le pays avec l’Inde voisine. Ses nombreuses apparitions lors de cérémonies religieuses où il est régulièrement applaudi ont irrité plus d’un élu ou ministre marxiste, accusant le monarque de saper les fondations de la nouvelle démocratie. Une République aux lendemains qui déchantent, plongée dans une violente crise identitaire et économique qui n’épargne aucune couche sociale.

En février 2022, interrogé, le roi Gyanendra s'est dit prêt à assumer de nouveau sa charge de monarque si les Népalais le souhaitaient, pointant du doigt des élites issues de l'ex-rébellion qui se fourvoient dans  une « trahison » quotidienne envers ses compatriotes. 

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