Monarchies et Dynasties du monde Le site de référence d’actualité sur les familles royales

Le prince Karan Singh appelle à restaurer le statut d'État du Cachemire

Alors que les tensions se sont exacerbées entre l’Inde et le Pakistan, le prince Karan Singh, personnalité influente de la vie politique locale, héritier au trône du Cachemire, a appelé à la restauration de son état dans sa forme originelle. 

C’est un attentat revendiqué par le Front de la résistance qui a secoué le Cachemire. Un état indien revendiqué par le Pakistan depuis un demi-siècle.  Perpétré le 22 avril 2025, dans la ville de Pahalgam, il a coûté la vie à 26 personnes. La réaction de l’Inde ne s’est pas fait attendre. Elle a immédiatement bombardé son voisin qui a dénoncé un «  acte de guerre », laissant craindre une escalade militaire de haute intensité entre les deux pays.

Interrogé par la presse, l’ancien prince héritier du Jammu-et-Cachemire et dirigeant de longue date du Parti du Congrès, Karan Singh, a vigoureusement condamné cet acte orchestré par ce groupe terroriste d’obédience islamiste. Qualifiant cette attaque de « tentative délibérée de division religieuse », il a pointé du doigt une stratégie dangereuse destinée à briser la (fragile) coexistence intercommunautaire au sein de l’Inde. « Il s'agit manifestement d'une tentative de division au nom de la religion – une tentative grossière et dangereuse, ancrée dans la vieille théorie pakistanaise selon laquelle hindous et musulmans ne peuvent coexister pacifiquement », a déclaré Singh à l’agence IANS.

Le Parti du Congrès a, de son côté, fait front avec le prince héritier et dénoncé un acte « lâche » et barbare, soulignant l’urgence d’une réponse unifiée face à la menace terroriste.

Un contexte géopolitique toujours tendu

Karan Singh a salué la résilience des habitants du Jammu-et-Cachemire, appelant à la poursuite du pèlerinage annuel d’Amarnath et à la relance de la saison touristique, deux piliers de la stabilité économique et morale de la région. « Nous ne devons pas laisser de telles intentions de division se réaliser, car elles sont préjudiciables à l'unité et à l'avenir de notre pays », a-t-il affirmé. Il a également exprimé sa solidarité envers les victimes et leurs familles, évoquant un « massacre soigneusement planifié » par des « esprits cruels et barbares ». Divers rapports affirment que les terroristes auraient soigneusement vérifié qui étaient musulmans ou non durant l’attaque.

Depuis la révocation de l’article 370 de la Constitution indienne, le 5 août 2019, qui retirait au Jammu-et-Cachemire son autonomie constitutionnelle, la région est le théâtre d’importants bouleversements politiques et sociaux. Divisé en deux territoires de l’Union – le Jammu-et-Cachemire et le Ladakh –, l’ancien État princier a vu ses institutions réduites, avec une assemblée dotée de pouvoirs limités et un contrôle accru du gouvernement central.

Malgré la validation de cette décision par la Cour suprême en décembre 2023, la promesse d’un retour rapide au statut d’État n’a pas encore été concrétisée. Cette instabilité juridique, couplée à une militarisation croissante et à une résurgence sporadique de violences, maintient la région dans une tension permanente, exacerbée par les rivalités indo-pakistanaises sur ce territoire frontalier disputé depuis 1947.

Un héritage princier au cœur du présent

Fils du dernier Maharaja du Jammu-et-Cachemire, le prince Karan Singh est l’héritier d’un passé princier complexe. L’État princier fut l’un des plus importants du Raj britannique par sa superficie et sa situation stratégique. Au moment de la partition de l’Inde, son père, Hari Singh (1895-1961) choisit de retarder son adhésion à l’Inde ou au Pakistan, dans l’espoir d’une indépendance. Ce choix ambigu contraint le Pakistan à intervenir, forçant Hari Singh à signer l’acte d'adhésion à l'Inde en échange d’une aide militaire. Point de départ du conflit indo-pakistanais sur le Cachemire, qui n’a jamais été entièrement résolu.

Devenu régent (1949-1952), puis gouverneur de l’État (1952-1965), Karan Singh incarne à la fois l’héritage monarchique et la modernité institutionnelle. Toujours actif malgré ses 94 ans, il continue de militer pour une réconciliation nationale et une reconnaissance pleine du Jammu-et-Cachemire. Il a récemment qualifié le statut actuel de la région de « diminution inacceptable du jioyau de la couronne d'Inde », exigeant le rétablissement immédiat de son statut d’État.

Un destin politique contrarié

Sa candidature à la présidence de la République a été envisagée en 2006 par Sonia Gandhi, Présidente du Parti du Congrès, mais rejetée par l’aile de gauche en raison de son passé princier : « Comment pouvons-nous avoir un maharaja comme président ? », auraient-ils déclaré, les dernières monarchies et statuts princiers ayant été révoqués dans les années 1970. Sans amertume, ancien ministre fédéral (1967-1980)  et député (1971-1984 et 2000-2018) le prince Karan Singh affirme ne nourrir aucun regret, se concentrant aujourd’hui sur ses activités culturelles et musicales, notamment la pratique régulière du riyaz.

Dans un contexte où l’histoire et la géopolitique du Cachemire continuent d’alimenter les tensions, la voix de Karan Singh, entre mémoire monarchique et engagement républicain, offre un rappel lucide de la nécessité de préserver l’unité face aux forces centrifuges

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 16/05/2025

Ajouter un commentaire

Anti-spam