Un vent de monarchisme dans les Andes

Monarchistes péruviensUn vent de monarchisme souffle sur les Andes Croix de Bourgogne, portraits des anciens rois d’Espagne y compris incas, c’est une petite centaine de jeunes péruviens, nostalgiques de l’histoire monarchique du pays, qui a célébré le jour de l’Hispanité, le 12 octobre dernier. Dans un pays malmené durant des décennies par le pouvoir omnipotent d’Alberto Fujimori et par la guérilla marxiste du Sentier lumineux, l’option monarchique dans ce pays d’Amérique latine ne semble plus un sujet tabou.

L’événement est assez unique pour qu’ une petite partie de la presse péruvienne en ait fait ses principaux titres. C’est le 20 novembre 1542 que l’empereur Charles Quint créé la vice-royauté du Pérou. Ce qui reste du Tahuantinsuyo, l’empire inca, survivra encore dans la forteresse de Vilcabamba jusqu’à la capture de Tupac Amaru Ier, 30 ans plus tard. Sur les ruines des temples, on construit des églises pour célébrer la conversation des peuples Quéchuas au catholicisme. Une nouvelle société va naître ; une société créole basée sur le racisme et l’esclavage, nobiliaire tant espagnole qu’inca, avec ses aspirations à l’indépendance au cours du XIXème siècle. 39 vice-rois vont se succéder entre 1544 et 1824, date à laquelle les royalistes sont défaits à la bataille d’Ayacucho, après 3 ans de guerre. Instable dès ses débuts, la république sera marquée par un nombre incessants de coup d’états et de dictatures. Lassée, la jeunesse péruvienne entend revenir à ses fondements, quitte à avoir une relecture de l’histoire. Porte-parole du collectif Hanaq Pachap (Sérénité du ciel), Aldo Marin, déclare que « le Tahuantinsuyo n'est pas tombé parce qu'il était faible. En fait, il n'est jamais tombé, il est devenu meilleur pour mieux se fondre dans la vice-royauté ». Le collectif revendique son hispanité. « Il n’est pas possible de défendre la culture péruvienne dans son ensemble. La reconnaissance de contribution espagnole comme métisse (…) nous permettront de défendre nos traditions face aux influences étrangères » affirme son site officiel. Drapeaux de l’ancien empire espagnol cohabitant avec les blasons royaux des différentes villes qui composaient l’ancienne vice-royauté, ces jeunes monarchistes en herbe portent en banderole les portraits de de Pachacútec, de l'Inca Garcilaso de la Vega et du vice-roi José Fernando de Abascal y Sousa. Ce dernier, marquis de la Concordia Española del Perú, étant un farouche partisan de l’absolutisme mais également un réformateur qui a laissé son empreinte dans la mémoire péruvienne par sa politique conciliatrice avec les créoles. Tout en faisant du Pérou un bastion de l’ultra-royalisme en Amérique du Sud entre 1806 et 1816.

Les monarchistes péruviens« L'objectif de cette manifestation culturelle est de sensibiliser les Péruviens, de leur rappeler qu'il existe un problème beaucoup plus grave que la confrontation actuelle entre Fujimori et le parti au pouvoir, et qu'il s'agit d’un combat fondamental pour le maintien d'une société stable basée sur notre identité », a déclaré Walter Arauco, membre du collectif et organisateur de la manifestation lord d’un discours sous la statue du conquistador Francisco Pizarro

La manifestation a intrigué les passants mais aussi cristallisé les oppositions. Des militants de la gauche marxiste ont tenté vainement de perturber cette manifestation au caractère indéniablement monarchiste et aux accents carlistes. Un roi pour le Pérou ? L’idée n’est pas nouvelle. Au lendemain de la déclaration d’indépendance, il avait été envisagé un projet de monarchie avec à sa tête un prince de la maison royale d’Angleterre, un archiduc Habsbourg, voir même un prince Bourbon de France. Il a même existé entre 2014 et 2016, un cercle monarchique appelé « Monarquista de San Martiniano», du nom de ce général nommé Protecteur du Pérou et qui envisagea de couronner la république naissante.

Signe d’un renouveau traditionaliste et monarchique au Pérou, le drapeau orné de la Croix de Bourgogne est désormais affiché dans les manifestations en faveur de la défense des traditions et de la famille comme en mars 2017 où un millier de péruviens, conduits par des prêtres, avaient investi la capitale Lima afin de refuser tout vote en faveur de l’idéologie du genre. Mais l’histoire ne dit pas qui pourrait être le prétendant au trône aujourd’hui, si on excepte les descendants de la maison impériale Inca, et quel sera le futur de ce collectif qui en ait à ses premiers balbutiements. Mais assez pour intriguer le mouvement carliste qui s’est ému de ce vent monarchique venu des Andes, sur les réseaux sociaux.

 

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Publié le 28/10/2018

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