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L'histoire du monarchisme au Pérou

Partisans d'un retour de la monarchie au Pérou« Je pense qu'il serait judicieux de donner à nouveau au Pérou une monarchie constitutionnelle et indépendante qui aurait à sa tête un prince de la famille royale d'Espagne ». Lorsqu’en 1821, le Pérou décide de prendre son indépendance, les insurgés décident d’adopter la République comme institution d’état. Pourtant se pose très vite la question de la restauration de la monarchie au profit d’un prince inca, d’un prince étranger où d’autres plus improbables. Divers projets sont alors vainement échafaudés afin de couronner cette jeune démocratie. Aujourd’hui encore, une minorité de péruviens espèrent encore réaliser le rêve du général José de San Martin, héros de l’indépendance.  Couronner le pays de tous les fantasmes !   

Monument érigé en hommage à l'Inca PachacutecUn monarque au Pérou ? Loin d’être saugrenue, c’est une idée qui a fait son retour dans ce pays d’Amérique latine marquée par des décennies de soubresauts politiques et qui au cours de son histoire a connu divers projets d’instauration de la monarchie visant à obtenir pleinement son indépendance de Madrid. C’est d’ailleurs au cours du XVIème siècle, peu de temps après la chute de l’empire inca, que les premières velléités d’indépendance monarchique sont apparues dans la Cordillère des Andes. Erigée en vice-royauté, une guerre civile éclate après que le vice-roi Blasco Núñez Vela ait fait voter une loi interdisant l’esclavage des indiens. A la tête de cette rébellion, Gonzalo Pizarro, frère du tombeur de le Sapa Inca Atahualpa dont les héritiers se sont réfugiés dans les hauteurs de Vilcabamba, dernière survivance d’une monarchie qui tombera finalement en 1572 avec l’exécution de son ultime souverain, Tupac Amaru. Après avoir fait assassiner  Blasco Núñez Vela en 1546,  Gonzalo Pizarro tente de s’affranchir de la tutelle de la mère-patrie et se tailler un royaume dont l’existence n’excédera pas deux ans. Le temps pour l’armée espagnole de venir en renfort et à Pizarro d’être abandonné à un sort funeste par ses anciens alliés.  

Statue équestre de  Jose Gabriel Tupac Amaru IIIl faut attendre 1780 pour qu’un autre projet monarchique n’émerge au Pérou. Se revendiquant héritier des Incas, Jose Gabriel Tupac Amaru réussit à soulever les indiens et se faire reconnaître comme souverain légitime sous le nom de Don José Ier (ou Tupac Amaru II ). Indissociable du roman national péruvien, ce riche exploitant métisse forme rapidement un gouvernement et s’empresse de décréter la fin de l’esclavage. Largement soutenu, son armée s’offre même le luxe de menacer Cuzco. Trahi, il est arrêté et écartelé en place publique.  Afin de stopper toute autre rébellion et fédérer les espagnols autour d’un projet commun, le comte Pedro Pablo Abarca de Bolea d'Aranda propose au roi Charles III de créer 4 royaumes sud-américains avec à leur tête un infant et de le couronner empereur de cette nouvelle entité monarchique. Chaque état devrait payer une taxe en argent, or et épices à Madrid de manière équitable. Considéré comme avant-gardiste par divers historiens et qui aurait pu éviter à l’Espagne de perdre ultérieurement ses conquêtes, le Bourbon ne donna pas suite à cette idée jugée trop libérale à son goût. En 1814, alors que Cuzco est la proie de manifestations intenses réclamant le rétablissement de la constitution suspendue par le roi Ferdinand VII, les frères José, Vicente et Mariano Angulo tentent de renverser la vice-royauté afin d’établir une monarchie indigène. Ici aussi ce será un échec, tous deux battus par les royalistes quelques mois plus tard.

Armoiries du prince Agustín Muñoz y BorbónLa révolution française et le Premier empire vont largement influencer le mouvement d’émancipation qui ne cesse de croître dans la vice-royauté. José Francisco de San Martín y Matorras est un héros de la lutte pour l’indépendance. Né en 1775 au sein d’une famille bourgeoise argentine, il se destine à une carrière militaire où il va se distinguer lors de la guerre d’Espagne. C’est d’ailleurs durant cette période qu’il ait initié à la franc-maçonnerie (Loge des Chevaliers rationnels) et qu’il va adhérer à une cause qui va précipiter son destin. En rentrant en Amérique du Sud, il trouve un continent agité avec des juntes royalistes mise en place au nom du roi Ferdinand VII et d’autres qui entendent gouverner par elle-même. La guerre civile qui éclate ne donne pas les succès escomptés pour les indépendantistes en dépit de quelques victoires notables. Avec le retour de Ferdinand VII (dont le nom a été cité pour occuper un trône mexicain) au pouvoir, c’est la débandade dans le camp républicain. San Martin décidé alors de créer l’Armée des Andes et en 1816, c’est le soulèvement général qui va amorcer le lent déclin de l’empire espagnol.  

Une guerre de 5 ans qui permet à San Martin de proclamer l’indépendance et de se faire reconnaître comme «  protecteur du Pérou ».  Il s’aperçoit très rapidement que les péruviens éprouvent peu de sympathies pour l’idée républicaine et pour éviter que l’anarchie ne s’installe, il se lance dans un projet d’établissement de monarchie constitutionnelle, inspiré par celle de 1791 en France. Il rétablit les titres de noblesse, crée l’Ordre du Soleil et un mouvement monarchique, la Société patriotique de Lima, chargé de promouvoir son idée de restauration.  Il envoie même une délégation en Europe mandatée pour trouver un prince qui acceptera de régner notamment parmi les monarchies allemandes du Gotha. Des négociations avec le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (futur roi des Belges) sont d’ailleurs largement entamées quand San Martin est victime d’un coup d’état qui s’empresse de proclamer la République (1822). Il avait tenté de rallier un autre héros de la Libération, Simon Bolivar, mais celui-ci lui avait opposé un refus net. 

Jose de San MartinCe n’est pas pour autant que l’histoire monarchique s’arrête ici. En Amérique du Sud, certains héros de la guerre d’indépendance souhaiteraient une monarchie inca afin d’unifier les peuples. Une idée qui a fait son chemin depuis l’aventure de Tupac Amaru II. Francisco de Miranda est un compagnon de Bolivar qui a participé à la révolution française. Il est d’ailleurs l’un des rares à avoir son nom sur l‘Arc de de Triomphe. Accusé d’avoir comploté avec les royalistes, il repart en Amérique du Sud en 1798 et tente de promouvoir la création d’un empire de Colombie qui aurait rassemblé divers provinces sous la houlette d’un Inca. Ce sera un échec et c’est un autre chemin politique tout aussi glorieux qui attendra Francisco de Miranda. Le projet sera repris par Manuel Belgrano qui tente d’imposer un Inca puis un Bourbon à la tête de l’Argentine. Mais à Lima, il faut attendre 1824 pour que l’on reparle de monarchie. Jose Maria Pando est un ministre de Simon Bolivar dont le nom est indissociable de l’histoire sud-américaine. L’homme est adulé et on n’hésite pas à lui proposer une couronne impériale qu’il refuse au nom de ses idéaux républicains. Si le projet échoue, Jose Maria Pando a toutefois réussi a ancrer l’idée monarchique dans le pays. C’est dans cet esprit qu’en 1846, le président de l’Equateur, José Juan Flores tente de mettre en place une confédération monarchique, comprenant son pays, le Pérou et la Bolivie avec l’intention de mettre un prince européen à sa tête. Ce sera Agustín Muñoz y Borbón, demi-frère de la reine Isabelle II, dont le pays va soutenir financièrement avec la France de Louis-Philippe d’Orléans. Encore une fois ce sera un échec. Face aux partisans de la République, les royalistes de José Juan Flores sont battus un an plus tard et la couronne du Pérou jettée aux oubliettes de l’histoire. 

Aujourd’hui encore il existe des nostalgiques de la monarchie au Pérou. Entre 2014 et 2016, un cercle monarchique appelé « Monarquista de San Martiniano»  a opèré au Pérou et tenté de convaincre de la nécessité de restaurer la monarchie dans un pays secoué par des coups d’états, des régimes autoritaires et une rebellion marxiste (Sentier Lumineux).  Le jour de l’Hispanité, il n’est pas rare de voir les symboles de la monarchie resurgir dans les manifestations pro-espagnoles. Ces derniers jours, des péruviens ont arboré la Croix de Bourgogne, chère aux carlistes, dans leur manifestations anti-gouvernementales.  Il existe un Partido Monarquico Peruano (Parti monarchique péruvien) mais qui n’a aucune réelle assise politique ou encore un autre qui souhaite le retour du système impérial (Monarquía Imperial Peruana), suivi par 30 000 personnes sur le réseau social Facebook. Ce dernier n'excluant pas de mettre sur un hypothétique trône un des muliples descendants des Sapas Incas ou un monarque européen, de préference un ...Bourbon. 

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Date de dernière mise à jour : 12/08/2021

Commentaires

  • Darwin Valencia

    1 Darwin Valencia Le 14/08/2021

    Vous dîtes: ……Il existe un Partido Monarquico Peruano (Parti monarchique péruvien) mais qui n’a aucune réelle assise politique,……..

    On fait ce qu'on peut faire, en fonction des moyens à bord, et surtout, en tenant comte d'autres aspects essentiels ; comme la différence abyssale qu’on peut percevoir dans sa réel dimension, entre le pionnier dans la matière au pays, avec des copieurs postérieurs, qui est un être automate imitateur compulsif, qui verse plein de poudre aux yeux, pour rien dire; qui ne sait pas quand il faut manœuvrer dans telle ou telle direction, et que se passe-t-il lorsque l'imitateur, doit prendre lui des initiatives, non seulement lui, mais tout le processus avancé va tout droit au ravin, pour la simple raison que l'automate imitateur ne sait même pas comment et par quel procès est née une tel proposition et ses implications, processus et les mesures à prendre en temps opportun; comment dit un dicton de chez nous, (escucha cantar el gallo, pero no sabe por donde).
    Ou pire encore, des interventions étrangères, même s’il sont fait avec des bons intentions, comment l’intervention de Napoleón Bonaparte en Espagne, amenant une tenace résistance du pays, au Mexique avec Maximilien pareille résultat ou ailleurs dans cet monde chaque fois plus globalisé avec similaires parallélismes.
    Le cas du Mexique est un cas d’école, avec Maximilien, qui s’est avérée contre-productive, malgré les bons propositions et réformes pour le pays, échec dû au manque de respect aux procédés, bien définis du pays; cette manque de vision a entraîné non seulement la chute de Maximilien, mais surtout a porté un échec cuisant, à l’ensemble du processus d’implantation du système de gouvernance monarchique constitutionnel au Mexique et bien au-delà.

    On fait pas, du jour au lendemain, le petit grain avec noyau consistant, qui plus tard, alors poussé par sa substance à lui, se transformera en une grande boule de neige; donner du temps au temps; on est sur le chemin, pour ça, nous vous prions de la compréhension et patience, jusqu'à ce que les temps soient parfaits, et enfin, advienne ce qu’il doit y arriver.

    En attendant veuillez recevoir nos plus distinguées salutations

    Emperadores del Perú
    Atahualpa Carlos 1ro (Darwin Valencia)
    Quispe Coya 2da (Chloe Julmy)

    partidomonarquicoperuano@gmail.com

    Partido Monárquico Peruano
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