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Décès du prince David Kawananakoa, mémoire vivante d’Hawaï

Le prince David Kawananakoa n’était pas un homme de cour, mais un homme de terre. Par son engagement discret au sein des cercles culturels et sa fidélité à l’esprit du royaume défunt d'Hawaï, il a su incarner une figure apaisée mais résolue de la résilience de son île. Un deuil de plusieurs jours a été décrété par le gouverneur de cette île américaine.

C’est une figure discrète mais essentielle de l’aristocratie insulaire qui vient de s’éteindre : le prince David Klaren Laamea Kaumualii Kawananakoa, descendant des anciens souverains du royaume d’Hawaï, est décédé à l’âge de 73 ans, le 1er mai 2025, à Honolulu, entouré de sa famille.

Un deuil national a été décrété jusqu’au 9 mai et les drapeaux ont été mis en berne à travers tout l’archipel par décision du gouverneur Josh Green. Hawaï pleure désormais l’un de ses derniers alii – ces nobles gardiens d’un héritage que l’histoire n’a jamais complètement effacé.

Une personnalité révérée par tous

Issu d'une branche de la Maison royale, le prince David Kawananakoa, incarnait un lien vivant avec le passé royal tumultueux de l'île d'Hawaï. Descendant du prince David Kawananakoa (1868-1908), désigné héritier présomptif du trône par la dernière reine Liliʻuokalani et fondateur du Parti Démocrate d'Hawaï, il était également l’arrière-arrière-petit-fils du roi Kaumualii, dernier souverain indépendant des îles de Kauai et Niihau annexées par le roi Kamehmeha Ier.

Vice-régent du prestigieux Hale O Na Alii O Hawaii, organisation vouée à la préservation des lignées royales et des traditions culturelles ancestrales, le prince David a consacré sa vie à la transmission de la langue hawaïenne, de ses coutumes et du sens profond du "kuleana" – cette responsabilité sacrée qui lie les générations aux terres de leurs ancêtres. " Sa présence dans nos vies était discrète mais puissante, un rappel de nos origines ", a déclaré son frère, le prince Quentin Kuhio Kawananakoa, un des prétendants au trône d'Hawaï, ancien député Républicain (1995-1999).

Le gouverneur Josh Green, de son côté, a salué en lui " un pilier de l'aloha ʻāina (l’amour de la terre) et de la fierté culturelle de nos îles ".

La monarchie hawaïenne : une histoire d'indépendance et de dépossession

L’évocation du nom Kawananakoa ravive les mémoires d’une royauté aux racines profondes, tragiquement interrompue par l’histoire coloniale. Le royaume d’Hawaï, fondé en 1810 par le roi Kamehameha Ier, était reconnu internationalement comme un État souverain. Durant tout le XIXe siècle, Hawaï s’érige en nation moderne, disposant de sa propre monarchie constitutionnelle, d’un drapeau, d’ambassades à l’étranger, et d’une vie politique riche. Mais ce fragile équilibre insulaire fut brisé en 1893, lorsqu’un coup d'État mené par des intérêts économiques américains et soutenu par les Marines renversa la reine Liliʻuokalani, dernière souveraine du royaume. Le pays fut annexé de facto en 1898 et malgré diverses tentatives avortées de retauration de l'institution royale, il devint un territoire américain,  intégré comme 50e État en 1959.

Pourtant, la famille royale n’a jamais disparu, ni dans les mémoires, ni dans l’âme du peuple hawaïen. Des figures comme la princesse Abigail Kawananakoa, décédée en 2022, ou son neveu, le prince David aujourd’hui disparu, ont continué à représenter cette noblesse spirituelle et culturelle qui fait vibrer l’âme de l’archipel. Aujourd’hui encore, de nombreux Hawaïens réclament réparation, reconnaissance voire restauration symbolique de leur souveraineté culturelle, voire politique.

La question du retour des terres royales, de l’autodétermination et de la sauvegarde de la langue et des coutumes ancestrales reste vive, portée notamment par les descendants de la maison Kawananakoa.

 

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 07/05/2025

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