Les Petrópolis contre-attaquent !

Alors que la question du retour de la monarchie divise les brésiliens, quasiment absente de la scène politique brésilienne depuis la mort du prince impérial Dom Pedro–Gastao d’Orléans-Bragance en 2007, la branche la plus libérale de la maison impériale a décidé de réagir par voie de presse.  Pour les partisans de ces descendants d’Isabelle la Rédemptrice,  il faut faire faire barrage aux monarchistes bolsonaristes qui soutiennent une idéologie contraire à l’héritage de Dom Pedro II.

Trone du bresilIl vit dans l’ancienne capitale impériale de Petrópolis. Pour une partie des partisans de la restauration de la monarchie au Brésil, Dom Pedro-Carlos d’Orléans-Bragance, 74 ans, est le véritable chef de la maison impériale. Son père, Dom Pedro-Gastao (1913-2007), a été une des figures marquantes et populaires du XXème siècle. Le frère de feu la princesse Isabelle, comtesse de Paris, avait conduit les monarchistes lors de la campagne de 1993. Mais face aux résultats décevants lors du référendum sur la question monarchique, le prétendant au trône avait fini par dissoudre le Mouvement parlementariste monarchiste (Movimento Parlamentarista Monárquico). Muré par la suite dans le silence, la branche rivale au trône, les Vassouras, s’était imposée progressivement dans l’espace public et politique du pays.  Peu charismatique comme son père, Dom Pedro (V) Carlos d’Orléans-Bragance fait de rares apparitions et ne prend quasiment pas la parole. Pis, en 2008, il a surpris ses concitoyens en se déclarant républicain lors d’une interview accordée à un journal espagnol, n’hésitant pas à renchérir que si un second référendum devait être organisé, il voterait pour ce système. Ses partisans remettent d’ailleurs toujours en question cet entretien  réalisé par « Publico », arguant d’une incompréhension des propos du prince par le journaliste. L’intéressé, lui,  n’a jamais pourtant démenti ses propos.

A la tête des manifestations contre le régime des deux présidents Lula Da Silva et Dilma Rousseff, Dom Joãozinho fait office de chef de la maison par substitution. A 65 ans, le fils du prince João d’Orléans-Bragance, ancien membre du mouvement d’extrême-droite  Action intégrailiste brésilienne(AIB), est autant un déçu du régime de Lula Da Silva (pour lequel il avait voté avec enthousiasme en 2003) qu’il est un opposant au nouveau président populiste Jair Bolsonaro. « Il a une manière irrespectueuse de s’adresser aux gens et je n’ai jamais vu un président aussi mal préparé à son poste, avec un tel comportement moyenâgeux » a déclaré récemment à la presse cet ancien surfeur qui tient une maison d’hôte réputée à Paraty. Entre les Petrópolis et les Vassouras, un conflit dynastique. La seconde ligne qui ne reconnaît pas les droits au trône de la première, après que  le père de Dom Pedro-Gastao ait été contraint de renoncer à ses droits en 1908 pour épouser une comtesse tchèque, promeut un programme conservateur ultra-catholique qui ne laisse aucune place aux réformes sociales. Ainsi par exemple, Dom Joãozinho est un partisan du mariage pour tous, violemment rejeté par le prince dom Bertrand d’Orléans-Bragance, son cousin Vassouras, autre prétendant au trône qui a le soutien  de certains ministres et députés du gouvernement.

Lors de la dernière élection législative de 2018, c’est un groupe monarchiste, qui bien que disséminé à travers divers partis politiques, qui s’est reconstitué. « Ces gens ne comprennent rien au vrai sens monarchie » ajoute le prince Dom Joãozinho qui regrette que ses cousins enferment le mouvement dans une trame politique éloigné des idéaux prônés par Dom Pedro II, dernier souverain constitutionnel du Brésil, exilé en 1889 après un coup d’état qui a mis fin à sept décennies de monarchie.

Historienne et journaliste Astrid Beatriz Bodstein Romeo, 50 ans, est une référence parmi les chercheurs et les défenseurs de la monarchie. Interrogée par la presse locale qui ne cesse de s’intéresser à la résurgence du monarchisme dans ce pays de l’Amérique du Sud, elle ne cache pas son agacement des points de vue distillés sur les réseaux sociaux ou dans les médias par cette aile conservatrice de la dynastie impériale. En 2017, elle avait vivement protestée contre les propos homophobes du prince Dom Bertrand, rappelant que ceux-ci ne « représentaient pas du tout la pensée des monarchistes brésiliens et des autres membres de la famille impériale du Brésil qui se sont publiquement positionnés en faveur de thèmes tels que la protection des minorités quel qu’elles soient dans le pays».

Groupe monarchiste parlementaire au bresilS’il a refusé de rentrer dans un gouvernement, Dom Joãozinho, s’inquiète de la dérive autoritariste du gouvernement actuel tout en pointant du doigt « la responsabilité du Parti des Travailleurs dont les affaires de corruption ont permis l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro » affirme-t-il. D’ailleurs, le prince n’hésite pas à dire que seul le parlement peut choisir le nom du prétendant en cas de restauration de la monarchie. Un retour auquel ne croit pas la Petrópolis Astrid Beatriz Bodstein. Du moins pour l'instant. «Il n'y a pas de parti politique monarchiste. Avoir Luiz Philippe comme député fédéral (neveu de Dom Bertrand élu à Sao Paulo avec 118000 voix-ndlr) et deux ou trois autres parlementaires (on compte 15 députés actuellement favorables au retour de la monarchie-ndlr) qui se prétendent monarchistes, ne constitue pas un groupe parlementaire monarchiste pour autant, encore moins ont-ils le pouvoir de favoriser une restauration » surenchérit celle qui a soutenu l’élu parlementaire impérial avant d’être déçu par ses prises de positions.  «La grande majorité des brésiliens ne savent pas ce qu'est une monarchie et ne connaissent pas plus  la famille impériale. Il n'y a aucune notion d'identification des brésiliens avec celle-ci. S'il n'y a pas de soutien politique ou populaire, comment la monarchie pourrait-elle être restaurée demain ?» demande-t-elle.

Astrid Beatriz Bodstein se trace dans les pas de Dom Joãozinho. « Les monarchies parlementaires constitutionnelles, telles qu'elles existent dans une grande partie de l'Europe, fonctionnent avec l'avantage de séparer le gouvernement et l'État. Je pense que le parlementarisme fonctionne mieux avec un souverain. Les princes(ses) des familles royales sont éduqué(e)s dès leur plus jeune âge pour servir le pays, consacrer leur vie à la nation, sans rien vouloir en retour. C'est une posture d'idéalisme et de patriotisme indiscutable » explique le prince impérial. Hors pour Astrid Beatriz Bodstein, professeur d’université,  les partisans des Vassouras, « ces néo-monarchistes » comme elle les appellent, n’ont aucune lecture du monarchisme autre que d’en voir sa version extrémiste. Ils se contentent de lire ce qu’ils voient sur Internet et ce qu’ils écrivent, affirment, ne font qu’éclabousser l’idéal monarchiste ». 

Entre les Petrópolis et les Vassouras, deux  notions irréconciliables de la monarchie et une  division profonde qui avait été aussi une des raisons premières de l’échec du référendum de 1993.

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Publié le 09/03/2020

Date de dernière mise à jour : 31/03/2020

Commentaires

  • Alain monier
    • 1. Alain monier Le 21/11/2020
    les voyous du clan Vassouras ont bien choisis leur complice, un tyran san scru;pule. Qui s"assemble se ressemble Monier
    ee

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