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Le royaume d’Eswatini, Mswati III et ses croquants

Mswati IIIMais que se passe-t-il actuellement dans l’ancien royaume du Swaziland ?  La mort d’une étudiante en droit a déclenché un vaste mouvement de contestation contre la monarchie absolue du roi Mswati III qui reste pourtant indifférent au bruit de la rue. Souverain autocratique, qualifié « d’Ubu » par la presse internationale, il a progressivement fait interdire tous les partis d’opposition, muselé la presse et pris la main sur le parlement qui ne plus rien décider démocratiquement sans passer par le monarque, père d’une trentaine d’enfants. 

Blason du royaume d'Eswatini Fin mai, l’ancien royaume du Swaziland, rebaptisé du nom d’Eswatini en 2018, a été secoué une nouvelle fois par de violentes manifestations contre la monarchie. A 53 ans, Mswati III règne toujours d’une main de fer sur son pays, ex-colonie britannique enclavée dans l’Afrique du Sud. Il nomme les juges, les hauts-fonctionnaires, conserve un pouvoir de fait sur le parlement et fait preuve d’un certain népotisme. Monarque absolu, il offre l’image d’un chef d’état ubuesque qui dépense sans compter ses milliards, une fortune qui contraste avec le niveau de vie des swazis. Une population qui semble à bout de souffle, qui reproche au roi son manque d’empathie sur le sort de ses sujets et qui exige un retour à la vie démocratique. 

Thabani NkomonyeThabani Nkomonye avait 25 ans. Etudiante en droit, elle a subitement et mystérieusement disparu dans le courant de la première semaine du mois de mai. Filmée dans un bus, on peut la voir, malmenée par trois policiers. Depuis, son portable reste désespérément éteint et tout porte à croire qu’elle a été la victime des fonctionnaires du roi. Un meurtre maquillé en accident de circulation ? C’est ce que pense l’opposition exilée qui a appelé à manifester contre les brutalités policières très récurrentes dans le royaume. Si l’appel a été entendu, Mswati III ne devait pas  s’attendre à ce que les manifestations se transforment en un vaste mouvement de contestation contre sa monarchie, réclamant que le souverain réforme drastiquement son régime afin de lui redonner son sens fédérateur. « Le premier ministre et le gouvernement ne sont pas élus, mais c'est le roi qui les nomme » rappelle avec agacement Sikelela Dlamini, secrétaire générale de l'Association nationale des enseignants du Swaziland (SNAT) qui demande une révision de la constitution.

Manifestation contre les violences policièresL’imposant dispositif de sécurité déployé a fait craindre le pire et n’a pas déçu les journalistes sud-africains présents le 25 mai, les premiers à avoir publié dans la presse tous les éléments étranges relatifs à cette affaire qui a suscité un tollé dans toute l’Afrique australe. Thabani Nkomonye est devenue, malgré elle, le symbole d’une jeunesse avide de changements. La police a tenté de disperser les manifestants accusés par le gouvernement de « tentative de renversement, de diaboliser la monarchie et de déstabiliser le pays » comme le rapporte l’édition francophone de Voice of Africa (VOA). La violence de la répression a fait le tour des médias africains, effarés par tant de tirs de gaz lacrymogènes qui ont conduit la mère et la sœur de la victime à l’hôpital. « Selon certains manifestants, un bébé de quatre mois est mort entre les mains de sa mère après avoir inhalé des gaz lacrymogènes » indique même VOA. La police aurait également arrêté Safanabakhe Sacolo, un des leaders de la contestation comme l'affirme le Parti communiste du Swaziland sur Twitter.

Mswati IIIPis, lorsque 3 députés du parlement ont osé publier sur leurs comptes Facebook respectifs le hashtag populaire du moment #justiceforThabani, ils se sont faits rappeler à l‘ordre par leurs collègues. « « Aller dans la rue et jouer à manifester ne résoudra pas les défis et les problème qui se posent à nous. Le gouvernement a réagi rapidement pour régler ce problème en déclenchant une enquête dont il faut attendre les résultats » a déclaré un des élus qui est pro-monarchiste. Le député de Kwaluseni Sibusiso Dlamini a renchéri de son côté en condamnant le comportement de certains de ses collègues qui  « trompent les jeunes en leur donnant de faux espoirs » et qui a pointé du doigt une volonté de certains parlementaires de mettre fin à l‘institution royale.  Quant au roi Mswati III, il semble indifférent aux évènements qui ont éclaté dans son pays. Aucune intervention du souverain n’est venue apaiser les tensions qui continuent de grandir et pourraient une nouvelle fois menacer la stabilité précaire d’une monarchie absolue devenue caricaturale.

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Date de dernière mise à jour : 19/06/2021

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