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Le roi Mswati III ouvre le Parlement d'Eswatini

Le Swaziland, aujourd'hui appelé Eswatini, est une monarchie absolue dirigée par le roi Mswati III. Cette nation d'Afrique australe est marquée par des traditions profondément enracinées et des coutumes qui façonnent le rôle du monarque dans la vie politique et sociale du pays.  Une monarchie constamment sous le feu des critiques. 

Le 9 février, 2024 le roi Mswati III, 55 ans, a ouvert la nouvelle session du Parlement aux côtés de la reine-mère. L’assemblée est actuellement composée de 76 membres (dont 10 nommés directement par le monarque). Comme les partis politiques sont interdits au sein de l’hémicycle depuis 1973, les élus sont officiellement tous indépendants et majoritairement acquis à la volonté royale, ne laissant aucune place à une opposition quelconque. Non repérsentés, les leaders People's United Democratic Movement (PUDEMO)  ont été contraints  à l’exil (comme le People's United Democratic Movement (PUDEMO). Toute manifestation en faveur d’un mouvement opposé à la monarchie est d'ailleurs irrémédiablement réprimé (en 2021,  le pays a été secoué par de violentes manifestations estudiantines qui ont fait plusieurs morts). 

Sous couvert d'une constitution, une monarchie absolue

Le roi Mswati III est à la tête du gouvernement et exerce des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Il nomme le Premier ministre et les membres du Cabinet sans être forcé de passer par le Parlement. De son côté, le gouvernement dirige le pays sous couvert  d'une constitution adoptée en 2005, qui a introduit un semblant de gouvernance démocratique tout en préservant les regalia de la monarchie. Toutefois, le roi peut dissoudre le Parlement selon son bon vouloir. Sur le plan traditionnel, le roi Mswati III est également le chef suprême des Swazis, incarnant la continuité de la lignée royale. La culture swazie accorde une grande importance à la monarchie, considérée comme le pilier de l'unité nationale et de l'identité culturelle. C’est sous le règne du roi Shobuza II (1899-1982) que le Swaziland a obtenu son indépendance en 1968.  Très rapidement, le monarque est entré en conflit avec le système démocratique, qu'il a rapidement abrogé afin de s'arroger les pleins pouvoirs. Son fils a rebaptisé le Swaziland en Eswatini afin de couper les liens du pays avec son passé colonial (2018) et suit les traces du roi Shobuza II.

Le roi s adresse aux parlementaires @Twitter /Eswatini gvt

Un harem royal, symbole de la puissance de l'Ingwenyama 

Un aspect singulier de cette royauté est le système des reines qui reste un puissant levier de succession au trône à venir. Le roi Mswati III a plusieurs épouses, et chaque année, lors de la danse royale appelée Umhlanga, il peut choisir une nouvelle épouse parmi les jeunes femmes du pays (qui ne sont plus autorisées à divorcer ni à porter des jupes), préalablement vierges et seins nus face à lui. Ce rituel, bien que critiqué par certains comme étant archaïque et dénoncé par des associations féministes, est ancré dans la tradition et maintient la symbolique de la royauté. Le roi Mswati III, appelé  l'Ingwenyama (lion),  a d’ailleurs 15 co-épouses (deux l'ont quitté entre temps et une a dû être kidnappée en 2002 afin qu'elle épouse le souverain. En dépit de poursuites inédits devant les tribunaux, engagée par la mère, le roi n’a jamais été condamné). De ses mariages, Mswati III est le père de 24 enfants (loin des 200 présumés de son père).  Chacune des épouses, si elle est la mère d'un fils, peut revendiquer le trône au décès du souverain.

Ouverture du Parlement swazi @Twitter./Eswatini gvt

Une succession au trône complexe

A la mort du souverain, le choix du successeur est défini par  la famille royale . Réunis, ce sont ses principaux membres  qui désignent la « Grande Épouse » et de « l'Indlvukazi » (signifiant « Éléphante », désignant la « reine mère »). En conséquence, le fils issu de cette épouse est automatiquement élevé au rang de roi suivant, préservant ainsi le caractère héréditaire de cette monarchie enclavée en Afrique du Sud. En dépit de la complexité de ce système, les querelles de successsion sont nombreuses et il n'est pas rare que le pays connaisse des guerres de régentes. Une institution royale dirigée par la même dynastie depuis le XVe siècle, celle des Dlamini. C'est en 1986 que le roi Mswati III est monté sur le trône de cette ancienne colonie britannique. 

Controverses et critiques

Malgré son statut de chef d’État, le roi Mswati III a fait face à de fortes critiques de la part de communauté internationale. Des préoccupations ont été soulevées concernant le respect des droits de l'homme, la liberté d'expression au Swaziland. Des groupes d'opposition et des activistes locaux continuent pourtant de plaider en faveur de la démocratisation et de réformes politiques. Ils appellent à une plus grande participation politique, à la levée des restrictions sur la formation de partis et à la protection des droits fondamentaux. Ces appels reflètent un désir croissant de changement au sein de la population, malgré les défis persistants comme la précarité des Swazis (53% de la population vit en dessous du taux de pauvreté). Une situation qui contraste avec la fortune du roi estimée a plus de 200 millions de dollars et régulièrement brocardée sur les réseaux sociaux.

Le règne du roi Mswati III du Swaziland est marqué par un équilibre délicat entre les pouvoirs constitutionnels et traditionnels. Alors que le pays traverse des périodes régulière de contestation, le monarque joue un rôle central dans la préservation de la culture et de l'identité swazies, tout en faisant face aux défis modernes et aux appels à la réforme.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 16/02/2024

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