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La disparition roi Ntare V du Burundi, une quête inachevée pour sa vérité

La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Burundi poursuit son enquête sur le sort tragique du prince Charles Ndizeye, également connu sous le nom de Ntare V, dernier roi du pays. Malgré des efforts soutenus, la CVR n'a toujours pas réussi à localiser sa sépulture.

Le 29 avril 2024, la princesse Esther Kamatari a rendu hommage au roi Ntare V, lâchement assassiné, sur ses réseaux sociaux. Un dècès entouré d'un mystère jamais résolu. Depuis des années, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Burundi reste en quête de vérité sur le sort du dernier roi burundais, baptisé sous le nom de Charles Ndizeye. Malgré ses efforts soutenus, cette organisation, mis en place après la guerre civile, n’arrive toujours pas encore à localiser le lieu où repose le monarque. Le président de la CVR, Pierre Claver Ndayicariye, a exprimé son désarroi face à certains témoins réticents à partager des informations cruciales sur l'assassinat de Ntare V. « Nous avons travaillé et fouillé, mais nous n'avons pas, à l’heure où nous parlons, pu trouver les ossements humains du jeune roi Ntare V », avait déjà déclaré  M. Ndayicariye lors d'une conférence de presse tenue, il y a un an. 

Un monarque mystérieusement assassiné

Ntare V, fils du roi Mwabutsa IV Bangiricenge et de la Reine Baramparaye, est né le 2 décembre 1947 au Palais de Gitega. Proclamé souverain du Burundi le 8 juillet 1966, il est renversé par un coup d'État qautre mois plus tard,  mené par le capitaine Micombero, qui instaure une République et en devient le Premier Président. Le pouvoir en place, craignant toujours l'influence de Ntare V en exil, élabore un plan d'extradition pour le ramener au pays. Malgré les assurances écrites de sécurité fournies par le président de l'Ouganda, Idi Amin Dada, Ntare V fut ramené de force à Bujumbura le 30 mars 1972. Il fut immédiatement placé en résidence surveillée à Gitega, accusé de comploter pour restaurer la monarchie. Le 29 avril 1972, au cours d’événements confus, d’une tentative de putsch, le souverain est exécuté au Camp Commando de Gitega, sous les ordres du capitaine Ntabiraho Onesphore (alias Rwabisazi), de trois coups de révolvers. Son assassinat, déguisé en attaque simulée contre le camp militaire, sera couvert par un flot de mensonges d'État distillés par les médias contrôlés par le gouvernement.

Une vérité qui dérange, une quête inachevée

En 2011, des fouilles entreprises par le professeur Cassiman, responsable du Centre de génétique humain de l'Université catholique de Louvain, à la demande de feu le Président Pierre Nkurunziza et une des deux prétendantes au trône ( la princesse Rosa Paula Iribagiza ancienne députée entre 2005 et 2010), n’avaient rien donné en dépit de quelques pistes intéressantes. Des témoignages recueillis par la commission suggèrant deux possibles lieux de sépulture. Certains affirment que la dépouille aurait été jetée dans une fosse commune sur la colline de Tankoma, près de l'Université polytechnique de Gitega. D'autres sources indiquent que Ntare V pourrait être enterré au cimetière des religieux à Mushasha, dans la capitale politique Gitega. Pierre Claver Ndayicariye, qui a déploré le manque de coopération de certains détenteurs d'informations clés, souligne que « malheureusement, certaines personnes qui le savent sont en train de disparaître ». La question de l'identification des restes humains reste complexe pour la CVR. Pierre Claver Ndayicariye explique d'ailleurs qu'identifier une personne parmi des centaines de restes sans savoir où ils ont été enterrés pose un défi considérable. Les contraintes techniques et financières rendent également difficile la réalisation de tests ADN, surtout lorsque les ossements proviennent de fosses communes contenant plusieurs corps. 

En appelant à la réhabilitation du défunt en tant que personnalité politique et symbole de la monarchie burundaise, le président de la CVR avait souligné l'importance de reconnaître le rôle de ceux qui ont marqué l'histoire du pays. Le destin tragique de Ntare V reste pourtant un point de discorde et de recherche de vérité au Burundi. Sa courte période de règne, marquée par des bouleversements politiques majeurs, demeure un chapitre controversé de l'histoire du pays, rappelant les défis persistants de la réconciliation et de la justice post-conflit.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 07/05/2024

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