Retour surprise du Président-roi des Bamangwatos au Botswana
Retour surprise du Président-roi des Bamangwatos au Botswana
Roi des Bamangwatos, en exil, le président Ian Khama a effectué un retour inattendu au Botswana. Il doit faire face à une série d'accusations qu'il réfute en bloc. Les chefs de clans du royaume lui ont apporté un soutien sans faille face au procès qui l'attend et qui pourrait déstabiliser politiquement l'ancien Bechuanaland.
L’ancien président du Botswana, Ian Khama, a effectué un retour inattendu dans son pays natal après trois années d’exil volontaire, le 14 septembre 2024. À 71 ans, le monarque en titre des Bamangwatos, qui avait eu des mots touchants au décès de la reine Elizabeth II, a comparu devant le tribunal de Gaborone pour répondre à une série d'accusations, notamment de blanchiment d’argent et de possession illégale d’armes à feu. Ce retour en terre botswanaise a été marqué par une scène d’effervescence à sa sortie du palais de justice, où des partisans enthousiastes scandaient : « Le général est de retour !». Ian Khama, qui a gouverné le pays de 2008 à 2018, fait face à un total de 14 chefs d’accusation, incluant le recel de biens volés, accusations qu'il réfute en bloc, les qualifiant de persécution politique.
Un retour inattendu qui surprend le gouvernement
Le procureur de l’État, Ambrose Mubika, a exprimé sa surprise face à la décision de l’ancien président de revenir au Botswana et de participer à son procès. « Nous ne nous attendions pas à ce qu’il revienne, encore moins à ce qu’il assiste à cette audience », a-t-il déclaré. Ian Khama, qui avait affirmé qu’il risquait un empoisonnement s’il revenait au Botswana, a vu les mandats d’arrêt émis contre lui en 2022 être annulés par un magistrat. Ces mandats avaient été lancés après qu’il n’avait pas comparu lors de précédentes audiences. Malgré ces tensions, l’ancien président a indiqué qu'il ne se présenterait pas aux prochaines élections, où son rival, le président Mokgweetsi Masisi, brigue un second mandat. Prince de son état, Ian Khama a vivement critiqué Masisi, qu'il a qualifié de « version botswanaise de Donald Trump », tout en admettant que la décision de l’avoir nommé son successeur au sein du Parti démocratique du Botswana (BDP) était une « erreur ».
Un climat politique de plus en plus tendu
La relation entre les deux hommes s'est nettement détériorée après que Mokgweetsi Masisi a annulé plusieurs politiques mises en place sous la présidence de Khama. En parallèle, des tensions croissantes ont émergé au sein du pays en raison des préoccupations concernant la corruption. Selon l’organisme de sondage Afrobarometer, l’attribution de contrats gouvernementaux à des proches de responsables politiques a ajouté un facteur de crispation dans le climat politique botswanais. Ian Khama, fils du premier président du Botswana et père de l'indépendance (1966), Seretse Khama, a jusqu'à présent vécu en Afrique du Sud, financé par ses propres moyens sa sécurité privée, bien qu’il soit normalement éligible à une protection étatique en tant qu’ancien chef de l’État.
Un espoir de réconciliation entre Khama et Masisi ?
En marge de cette comparution, les chefs de clans Bamangwatos, l’une des principales communautés ethniques du pays à laquelle appartient Khama, ont organisé une cérémonie pour marquer son retour. Ils ont invité le président Mokgweetsi Masisi à y assister, mais celui-ci étant à New York pour la réunion générale des Nations Unies, il n'a pu se rendre à cette cérmonie qui réinstalle Ian Khama dans ses régalia. Dans un esprit de paix et de réconciliation, les leaders traditionnels ont exprimé leur souhait que cet événement soit l’occasion pour Khama et Masisi de renouer le dialogue et de résoudre pacifiquement leurs différends. Cette initiative fait suite à des déclarations publiques de Masisi, affirmant qu’il ne souhaitait ni harceler ni persécuter son prédécesseur. Cependant, le climat reste tendu entre les deux hommes qui ne devraient pas tarder à régler leurs comptes publiquement.
Le Botswana, longtemps considéré comme un modèle de stabilité politique et de bonne gouvernance en Afrique, se retrouve désormais en proie à une crise politique qui pourrait bien façonner un avenir incertain pour l'ancien Bechuanaland.