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Le royaume Ndongo a un nouveau souverain

Le royaume Ndongo a un nouveau souverain. Située en Angola, cette monarchie traditionnelle a joué un rôle central dans l'histoire de l'Afrique australe et centrale. Bien qu’elle ait perdu tout statut politique, cette royauté méconnue est, encore de nos jours, l’illustration des défis auxquels les sociétés africaines ont été confrontées pendant l'ère coloniale.

C’est au cours du XIVe siècle que l’on trouve les premières traces du royaume Ndongo. Constitué de plusieurs ethnies bantous qui partagent une culture commune, les premiers souverains de cette monarchie, souvent appelés « ngolas», ont établi des structures politiques et sociales qui ont contribué à la croissance de ce royaume situé dans l’actuelle République d’Angola. 

Carte des royaumes africains en Angola. Portrait de la reine Njinga

Un royaume, vassal d'un empire, objet de convoitises

Avec l’arrivée des Portugais sur les côtes, vassal de l’Empire Kongo, le Ndongo a noué très rapidement des relations commerciales, essentiellement basées sur la vente d’ivoire, de cuivre et d’esclaves (les « abikas ») déjà présents dans le royaume. Ces échanges ont contribué à l'enrichissement du royaume et mis en place les premiers jalons de la traite négrière atlantique. En cherchant à maximiser leurs profits en intensifiant la capture et le commerce d'esclaves, les relations entre les Portugais et les Ndongo se sont détériorées progressivement. Durant tout le XVIe siècle, les deux nations vont s’affronter alors que le Portugal commence à annexer  plusieurs villes côtières et à signer des alliances avec diverses communautés (« sobas ») qui ne souhaitent plus être sous la juridiction des Ndongo. Il faut attendre 1569 avant que les Portugais acceptent finalement de reconnaître la frontière du royaume Ndongo avec leur colonie. C’est dans ce contexte que la figure de la reine Nzinga Mbande va apparaitre.

Héroïne, icône monarchique de l'histoire africaine

Nzinga Mbande, également connue sous le nom de Njinga, est entouré d’un flot de légendes et de mystère. Dès sa naissance en 1581, une prophétesse lui prédit un avenir guerrier alors qu’elle n’est que la sœur d’un roi et qu'elle n’est pas destinée à jouer un rôle crucial dans la résistance contre l'expansion portugaise. L’arrivée d’un nouveau gouverneur en 1617, Luis Mendes de Vasconcellos, va perturer la relative accalmie existante entre le Portugal et le royaume Ndongo. Il entend coloniser toute cette partie de l’Afrique au profit de la cour de Lisbonne. Malgré les protestations du roi Alvaro III du Kongo, qui écrit même au Pape, pour dénoncer cette intrusion dans les affaires de son Empire, le gouverneur lance ses premières actions militaires. Elles vont bientôt nécessiter des renforts importants venus du Portugal.  « Son action militaire est alors directement guidée par l'objectif d'obtenir le plus possible d'esclaves par tous les moyens possibles » tandis que « des négriers, à la fois noirs et blancs accompagnent les troupes portugaises et les groupes d'Imbangala » résume alors un témoin de l’époque. L’Angola vient de naître dans le sang. Envoyée en ambassade, Nzinga Mbande refuse de se plier au protocole et de s’assoir par terre face au gouverneur installé sur un trône (1622). Au contraire, elle ordonne à une esclave de se mettre à quatre pattes et s’assoit sur son dos afin de montrer qu’elle est l’égale du gouverneur. C’est cet acte de rébellion qui va faire d’elle une véritable icône africaine et la faire entrer dans l'Histoire. 

Les Portugais en Angola

Une maison royale victime des ambitions de ses princes

Les Portugais trouvent le moyen de gérer la succession du royaume de Ndongo, destituant, nommant ou assassinant les rois de cette monarchie qui s’affaiblit sous les assauts des Portugais et de leurs alliés. Devenue reine au suicide de son frère en 1626, Nzinga Mbande mène la résistance et impose un traité à ses ennemis. Il n’est pas certain que ce soit un accord de vassalité tant les avis divergent sur la question, mais il lui permet de récupérer des milliers de serfs (« ijikos ») placés sous la protection portugaise. Convertie au christianisme sous le nom de Dona Ana de Sousa (elle sera reconnue par le Pape Alexandre VII), elle s’aperçoit vite que les Portugais n’entendent pas respecter leur part des accords. Elle se débarrasse de son neveu, encombrant héritier, afin de diriger seule le royaume et renforce sa position en signant une alliance avec les Hollandais, nouveaux venus dans la couse à la colonisation du continent. En 1644, elle défait les Portugais à la bataille épique de Ngoleme mais n’arrive pas à les faire reculer au-delà des frontières du royaume. La trahison des Hollandais va laisser cette infatigable guerrière esseulée, en dépit de quelques résultats diplomatiques notables. Epuisée par des années de guerre, elle finit par accepter de signer la paix avec le Portugais en 1657 avant de s’éteindre paisiblement six ans plus tard. La guerre civile qui éclate par la suite va mettre fin à l’indépendance du royaume Ndongo qui passe dans le giron portugais en 1683, ses rois n’étant plus que de simples fonctionnaires au service de Lisbonne et leur territoire fragmenté en plusieurs entités. 

 

 

Un nouveau monarque pour le royaume  traditionnel Ndongo

Bien que le royaume Ndongo ait perdu son statut politique, son héritage culturel persiste. Les coutumes, la langue kikongo, et d'autres aspects de la culture ndongo ont survécu et continuent d'influencer la société angolaise moderne. Luís António Ngola « Diba Ngola Njungo » a été intronisé en septembre 2023 comme nouveau souverain des Ndongo. Il succède a son père, décédé centenaire après trois décennies de règne. Née le 23 décembre 1955, il a suivi une formation d'enseignant et a occupé, entre autres comme fonctions, celles de commissaire municipal de Cahombo, de député de l'Assemblée populaire de Malanje (1986-1991), de chef politique du Détachement de l’Organisation de Défense Populaire  (dans le secteur de Kizela (1976-1979) et  enfin de chef politique de la troisième Compagnie du Bataillon de Réserve des Forces Armées Populaires de Libération de l'Angola (FAPLA) durant la guerre d’indépendance. 

Lors de son discours d’intronisation, le roi Luís António Ngola a rappelé qu’il entendait continuer à favoriser l'union des peuples de la région, renforcer la coopération avec le gouvernement, achever construction du mémorial des Rois et souverains du Ndongo, afin de valoriser la région et la transformer pour en faire une attraction pour le tourisme local

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Date de dernière mise à jour : 13/03/2024

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