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Dom João d’Orléans-Bragance au chevet de la démocratie brésilienne

Dom joao d orleans braganceHomme d’affaires, conférencier et photographe, le prince Dom João d’Orléans-Bragance est une des figures marquantes du monarchisme brésilien. Ce Petrópolis, membre de la branche libérale de la maison impériale, est aussi un prince qui n’a pas hésité à battre le pavé aux côtés de milliers de ses compatriotes afin de dénoncer publiquement la montée de la corruption dans son pays. Aujourd’hui, il se porte au chevet de la démocratie et prend officiellement position contre le président Jair Bolsonaro.

«La gouvernance est menacée, la démocratie est devenue fragile, l'instabilité politique et économique affecte l'ensemble de la population brésilienne, en particulier les moins favorisés et les plus vulnérables». Dès les premières lignes de son éditorial, publié hier dans le «Diaro de Pernambuco», le prince João d’Orléans-Bragance ne cache pas ses inquiétudes sur l’avenir du Brésil depuis l’élection en 2018 du président Jair Bolsonaro. «Le chef de l'Etat doit donner l'exemple dans la défense des institutions et de la démocratie qui a garanti et légitimé sa victoire» rappelle le neveu préféré de feu la comtesse de Paris, Isabelle d’Orléans-Bragance (1911-2003). «C'est une honte pour notre pays de voir son président de participer à manifestations appelant à une intervention militaire» s’agace Dom João qui marque ici son opposition au gouvernement actuel.

Très populaire au Brésil, Dom João d’Orléans-Bragance a souvent fait la page des couvertures people de son pays. Prince surfeur, il est considéré par les partisans de sa branche comme un potentiel héritier au trône. Une couronne qu’il ne revendique pourtant pas. «Le président se moque de son pays (…). Quand vous dirigez un état de 200 millions de personnes, la moindre chose, c’est de les respecter» écrit Dom João qui dénonce l’ingérence aberrante du président dans les affaires de justice. «Il ne peut pas intervenir dans les institutions de l'État pour satisfaire ses propres intérêts et ceux du gouvernement. Le président n'est pas la constitution. Il obéit à la Constitution» poursuit le prince impérial qui parle d’une «trahison de la part d’un homme qui refuse tout débat».

Blason des orleans bragancePour Dom João d’Orléans-Bragance, la démocratie brésilienne est désormais en danger. Reprochant au président Bolsonaro ses liens avec l’armée, il rappelle que les Forces armées «ont été formées pour défendre l'État, la nation et non pour diriger le gouvernement». C’est «une grave erreur historique» déplore-t-il dans éditorial, allusion à la dictature qui a dirigé le pays de 1964 à 1985. «Lui comme son fils [le député de Sao Paulo, Eduardo Bolsonaro-ndlr] ternissent l’image du Brésil à l’International et nous risquons de perdre des décennies de leadership régional. Il est effarant de constater, alors que la diplomatie nous apprend à faire preuve de consensus et de sang-froid, que le président et ses ministres s'en prennent aux dirigeants et aux pays avec lesquels nous avons toujours entretenu des relations et qui sont des partenaires essentiels de notre programme commercial» regrette Dom João d’Orléans-Bragance. Et qui analyse les conséquences inévitables auxquelles ce pays d’Amérique du Sud va être confronté : «instabilité et affaiblissement de notre l’économie, aggravant le niveau de pauvreté» affirme le prince.

«Le Brésil ne peut se permettre autant de divisions et c’est d’un vrai leader dont nous avons besoin» plaide le prince. «Dans les moments graves, d'autres pays ont réussi à rassembler des partis et des dirigeants aux idéologies et orientations politiques opposées afin de faire face à des défis qui exigent grandeur et pragmatisme » poursuit-il. «Les Brésiliens veulent la liberté, l'indépendance des pouvoirs et l'équilibre institutionnel qui permettront de gérer autant la crise sanitaire qu’économique que nous subissons. Notre pays a besoin d'unité, de tolérance et de dialogue entre les différentes forces politiques et le pouvoir actuel dans ces circonstances difficiles que nous traversons» conclu le prince, désormais premier opposant au bolsonarisme.

Agé de 66 ans, le prince vit à Paraty où il dirige un hôtel trois étoiles réputé. Ancien soutien du président Lula da Silva avant d'en être déçu, il a condamné récemment les propos de son cousin Dom Bertrand d’Orléans-Bragance qui a nié tout racisme dans la société brésilienne.

Copyright@Frederic de Natal

 

 

Date de dernière mise à jour : 28/06/2020

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