Dom Bertrand d’Orléans-Bragance accusé de négationnisme

Le prince dom bertrand d orleans bragance veja«Il n’y a aucun problème racial au Brésil».  Lors d’une vidéoconférence consacrée aux violences policières et aux manifestations anti-racistes qui secouent le monde entier, Dom Bertrand d’Orléans-Bragance a nié tout problème de racisme au sein de la société brésilienne. Partageant ses analyses sur la crise du covid-19, les problèmes environnementaux ou encore le retour de la monarchie, les propos de ce prétendant à la couronne impériale ont été largement commentés sur les réseaux sociaux de ce pays d’Amérique Latine, l'accusant de «négationnisme».

«Chaque brésilien a un peu de sang blanc, de sang indien et sang noir» n’a pas hésité à affirmer le 16 juin dernier, au cours d’une vidéoconférence organisée dans les locaux de la Fondation Alexandre de Gusmão, le prince Dom Bertrand d’Orléans–Bragance. Peu touché par le mouvement Black Lives Matter (La vie des noirs compte), les déclarations du prétendant à la couronne impériale du Brésil n’ont toutefois pas manqué de soulever les passions. «Alors que certains pays vivent avec des problèmes raciaux très violents. Cela n’est pas le cas ici. Nous n’avons simplement pas ce genre de problèmes ici» a poursuivi l’arrière-arrière-petit-fils de l’empereur dom Pedro II. «Ils essaient de créer des tensions raciales, mais ils ne peuvent qu’échouer. Ici, nous nous entendons parfaitement bien», a renchéri le prince qui a toutefois appelé ses concitoyens à «défendre leurs statues ». Il y a quelques jours des appels à déboulonner de leurs socles, les monuements représentant les défunts empereurs et la Rédemptrice Isabelle de Bragance avaient largement relayé sur les réseaux sociaux, non sans générer une certaine émotion chez les monarchistes des dux tendances dynastiques.

Pour Dom Bertrand d’Orléans-Bragance, «le peuple brésilien est de nature pacifique et héroïque. «Notre mode de vie brésilienne est inspiré des indiens [d’Amazonie-ndlr] dont nous avons hérité l’intuition. Nous avons fait notre, certaines de leurs coutumes, comme notre sacro-sainte habitude de nous baigner tous les jours par exemple. Nous possédons une chaleur humaine qui nous vient exactement de nos ancêtres africains. Tout ce mélange, fait que nous formons un peuple extraordinaire marqué par la douceur et la loyauté» a tenté de convaincre l’héritier à la couronne. «Moi-même, mon frère aîné, Dom Luiz, avons enquêté sur nos ancêtres et nous avons trouvé les traces d’un homme noir autour de la quatrième génération. s’est réjoui  le prince qui dément catégoriquement toute forme de racisme existant au Brésil.

Dom Joao d'Orléans-Bragance s'oppose à son cousin dans la presseUn «négationnisme» qui a irrité certains brésiliens (comme l'acteur et populaire Youtubeur Felipe Neto ou encore le prince Joãozinho d’Orléans –Bragance, membre de la branche rivale des Pétropolis, qui est monté au créneau dans les médias pour contredire son cousin), qui n’ont pas hésité à le lui faire savoir et qui se sont demandés dans quel monde vivait-il.  En effet, frappé par une hausse de la criminalité, le Brésil connait environ 6 meurtres par heures selon les statistiques publiées par l'ONG Forum brésilien de sécurité publique (FBSP). Selon la Coalition pour les droits des noirs, qui manifestait le même jour que son intervention (patronnée par le ministère des Affaires étrangères), en 2017, sur plus de 65000 homicides au Brésil, 49500 concernaient des Afro-Brésiliens. «Entre 2007 et 2017, plus de 400 000 Afro-Brésiliens ont été tués sous la violence policière, des conflits entre gangs» , dénonce ce mouvement qui évoque également un «racisme structurel, historique et avéré dans la société brésilienne». «Les analyses économétriques fondées sur les modèles de capital humain montrent également qu'au Brésil, les métis et les Noirs gagnent environ 20 à 25 % de moins que les Blancs issus de la même classe sociale lorsque les caractéristiques de l'âge ou l'expérience professionnelle, le sexe, la région, les origines sociales, le niveau d'éducation et le marché du travail sont pris en compte» affirme même un rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Des violences en tout genre qui se sont multipliées depuis l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro, lui-même auteur de propos violents sur les afro-brésiliens et les homosexuels.

 L'acteur Felipe Neto accuse Dom Bertrand de négationnisme«Tous nos problèmes viennent de Chine». Dans la foulée, le prince impérial s’est attaqué à ce géant du communisme, pointant du doigt sa lourde responsabilité dans l’apparition du covid-19. Si sa famille elle-même a été touchée par le coronavirus, l’attitude controversée du président Jair Bolsonaro sur le sujet divise profondément les brésiliens. Le virus a déjà tué plus de 45 000 personnes dans le pays. «Le début de la pandémie est née là-bas et c'est à partir de ce pays qu'il s'est développé. Depuis décembre de l'année dernière, ils savaient déjà qu'il y avait un virus. Par conséquent, les chinois sont largement responsables. Pas le peuple, mais bel et bien le gouvernement chinois. Les chinois n’assument rien et je suis convaincu qu'ils sont coupables, car ils n'ont pas alerté la communauté internationale» s’est agacé Dom Bertrand d’Orléans-Bragance. Au cours de son intervention, il a d’ailleurs remis en cause les chiffres avancés par certains pays européens sur leur nombre de morts. «Il existe des données très intéressantes sur la pandémie qui ne sont pas publiées comme elles devraient l'être» affirme le prince qui entend remettre le sort du Brésil entre les mains du Très-Haut. «Nous avons toujours dit que Dieu est brésilien. Nous devons avoir confiance en la bonté de Dieu, notre seigneur » a surenchérit Dom Bertrand, un brin mystique et qui à travers plusieurs vidéos a accusé certains gouvernements de fabriquer des «fake news» sur la réalité du covid-19.

 «Pas plus de problèmes raciaux qu’environnementaux » a poursuivi le prince qui a nié que l’Amazonie soit en «feu» quand même bien «on aurait utilisé des lance-flammes» a ironisé Dom Bertrand d’Orléans-Bragance connu pour son eco-scepticisme et son opposition aux  Sans-terre. Un mouvement qu’il accuse d’être à l’origine des incendies qui ont mobilisé la communauté internationale l’année dernière. Avant d’évoquer le retour du monarchisme en guise de conclusion. Le prince, qui a été présenté par les organisateurs comme un «descendant des maisons royales françaises, autrichiennes et portugaises», dont les branches confondent avec une «longue tradition de héros, de rois et de saints», a souligné que le mouvement monarchiste «n'avait jamais été aussi fort qu'aujourd'hui » et «qu"il est plus facile de défendre les valeurs de la monarchie aujourd'hui qu'il y a dix ans». Plébiscitant le retour de la monarchie constitutionnelle, il précise toutefois que celle-ci ne pourra revenir que «si la nation le souhaite».  

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Date de dernière mise à jour : 18/06/2020

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