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Charles Bonaparte, « un Napoléon qui n’est pas bonapartiste »

Charles Bonaparte Photo@Sylvie cambon maxppp« Nous faisons face à des défis considérables qui nécessitent que les responsables politiques prennent des décisions nouvelles avec des principes nouveaux ». Descendant du roi Jérôme de Westphalie, frère de Napoléon Ier, Empereur de la république française, Charles Bonaparte enchaîne les interviews. L’ancien adjoint au maire d’Ajaccio et soutien d’Anne Hidalgo ne cesse d’évoquer cette histoire familiale qui continue de fasciner des générations de français et revient sur les difficultés auxquelles ses compatriotes vont devoir faire face après la fin de la pandémie de Covid-19. 

Ingres napoleon on his imperial thronePrince Napoléon devenu citoyen Bonaparte, le descendant du roi Jérôme jette un regard inquiet sur le futur de la France et revient sur les grands moments de cette Histoire impériale qui conserve ses nostalgiques et ses passionnés. Marengo, Austerlitz, Eylau,… autant de noms de batailles qui sont les synonymes d’une épopée glorieuse qui a marqué le subconscient national. A 70 ans, Charles Bonaparte porte sur ses épaules un héritage à la fois émouvant et critique. A la veille des commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, le 5 mai prochain, l’ancien prince multiplie les interviews et intrigue même la presse étrangère qui lui  a consacré des portraits élogieux comme dernièrement « The Times ».  

Face aux reproches dont il est objet au sein de la mouvance bonapartiste, qui regrette ses positions européennes et  ses idées de gauche, s’inscrivant dans la droite ligne politique que fut celle de « Plon-Plon », le cousin rouge de Napoléon III et un de ses ancêtres, Charles Bonaparte répond simplement sur France Info que l’on « ne vit bien avec son héritage que lorsqu'on en a fait l'inventaire, c'est-à-dire lorsqu'on en a fait le tour ». « C'est à partir de ce moment-là que l'on devient réellement propriétaire de cet héritage et que l'on peut en faire quelque chose d'utile pour soi et pour les autres » affirme le père de l’actuel prétendant au trône impérial, Jean-Christophe Napoléon, bien moins prolixe  que lui dans les médias.

« Napoléon est un personnage extrêmement important dans l'histoire de France et celle de l'Europe mais il est aussi extrêmement, incroyablement présent dans l'histoire d'une famille et donc il pèse de tout son poids sur les générations et en particulier la mienne ».  Charles Bonaparte est un homme blessé qui n’en finit pas de panser ses plaies familiales. L’enfant de mai 1968 qui a suivi le défunt premier ministre Michel Rocard dans ses aventures mitterrandiennes a grandi dans un milieu conservateur dans lequel il s’est toujours senti à l’étroit. « Mon père m’a privé d’un héritage moral auquel je n’accorde pas beaucoup d’importance. La République à laquelle je crois ne reconnaît aucune valeur au titre de chef de la maison impériale »  rappelle-t-il au Figaro, préférant de loin le concept consulaire  mis en place par  Bonaparte entre 1799 et 1804, plus proche de ses principes, que la période monarchique qui a achevé de construire la figure titulaire de Napoléon Ier. Il n’a aucun regret, il a « vécu cette rupture comme l'acceptation de la vie » et considère que « c'était indispensable pour se construire ».  D’ailleurs, il ne voit pas d’un mauvais œil que l’on juge l’action de l’empereur avec des yeux contemporains, qu’il y ait débat comme il l’expliquait en mars dernier sur la chaine franco-allemande Arte, tout en insistant sur la compréhension et la recontextualisation que l'on doit faire des évènements passés.

Charles Bonaparte« Ce que je tire de [ Napoléon], c'est que c'est un homme de progrès parce qu'il a su faire fi des traditions, du conservatisme et prendre des risques pour créer de toute pièce une situation nouvelle ». Il s’est engagé en politique, porté par son nom, et a réuni assez de suffrages pour se faire élire tour à tour adjoint au maire d’Ajaccio et Conseiller municipal de Nemours. Retiré de toutes activités du genre, il lutte aujourd’hui pour la conservation du patrimoine (il a fondé en 2004 la Fédération européenne des cités napoléoniennes)  mais continue de suivre l’actualité qui secoue la France, un pays plongé dans une crise identitaire qui s’est accentuée avec l’arrivée au pouvoir du Président Emmanuel Macron  (lequel fera une brève apparition aux Invalides, lieu de repos de Napoléon Ier depuis 1840, avec un dépôt de gerbe ) et dans une crise sanitaire qui menace de dégénérer en troubles économique de grande ampleur sous peu. Au Figaro, il évoque ce  « décalage entre la reproduction d’une tradition et l’évolution de la société ». « Nous faisons face à des défis considérables qui nécessitent que les responsables politiques prennent des décisions nouvelles avec des principes nouveaux » averti  encore cet ancien soutien à Anne Hidalgo sur France Info. Sans pour autant  « préconiser que la France revienne à un État napoléonien ». Charles Bonaparte l’assure, il « n’est pas du tout bonapartiste mais républicain tendance révolution française »  et se veut ancrer dans son temps, loin de tout passéisme suranné. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 30/04/2021

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