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La Chine honore la reine-mère Norodom Monineath Sihanouk

La reine norodom monineath sihanouk et le president chinoisLe 7 novembre dernier, la République populaire de Chine a accueilli le roi Norodom Sihamoni et sa mère la reine-mère Norodom Monineath Sihanouk, en visite d’état dans le pays de Mao Zédong. A cette occasion, Pékin a décidé de célébrer des décennies de relations sino-cambodgiennes en décorant l’ancienne souveraine de la médaille de l’amitié. Mais dans cette ancienne partie de l’Indochine française, certaines voix s’agacent de l’omniprésence persistante du régime communiste dans les affaires cambodgiennes et celles du palais royal.

La reine mere honoree en chine« En plus de 60 ans, j'ai visité la Chine à de nombreuses reprises, et chaque fois que je me rends en Chine, je peux ressentir le développement et les changements rapides qui ont eu lieu ici ».  C’est tout sourire aux lèvres que le président Xi Jinping a reçu le roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, et sa mère, la reine Norodom Monineath Sihanouk, qui parachevaient une tournée de trois jours dans le pays de Mao Zédong. Au cours d’une brève cérémonie, le dirigeant communiste a remis la médaille de l’amitié à l’ancienne souveraine  de 84 ans, visiblement très émue par cette décoration, « promettant de continuer à œuvrer pour l'amitié entre les deux pays » note l’agence de presse officielle, XinHuanet. Principal investisseur au Cambodge, diverses voix s’élèvent contre l’omniprésence de la Chine dans les affaires du royaume.

Le roi norodom sihanoukC’est sous le règne de Norodom Sihanouk ( roi de 1941 à 1955 et 1993 à 2004, président  de 1960 à 1976) que les relations entre son pays et la Chine vont s’accentuer. Face à la pression américaine, alors empêtrée dans le bourbier vietnamien, le monarque tente de garder une certaine neutralité tout en cherchant un géant politique capable de lui assurer une paix tranquille à son régime autoritaire. De l’autre côté, Pékin voit d’un très bon œil les demandes d’ouverture du souverain et trouve dans cette alliance de circonstance, un moyen de stopper les tentatives hégémoniques de l’ancien Annam et de la Thaïlande voisine. En 1956, la visite du premier ministre Zhou Enlai à Phnom Penh va illustrer l’influence qu'exerce la Chine sur le roi Norodom Sihanouk. Il appelle la communauté chinoise à collaborer de près avec l’administration royale qui signe 4 ans plus tard un pacte de non-agression avec la monarchie khmère. Au grand dam des américains qui pensent à faire remplacer l’institution royale et son monarque. Des contacts ambigus sont même noués avec Sam Sary, alors secrétaire du mouvement monarchiste Sangkum Reastr Niyum. Ironie, celui qui a connu une ascension comme une chute fulgurante est le père de l’actuel opposant Sam Rainsy. Ou encore des officiers militaires comme le ministre de la défense Lon Nol (président de 1972 à 1975). Il est vrai que la présence de ministres issus du parti communiste dans le gouvernement avait profondément déplu à Washington qui avait scellé le sort du roi Norodom Sihanouk, qui lui était persuadé que les mouvements de ce type en Asie allaient remporter la victoire à court terme. L’histoire lui donnera raison mais lui coûtera aussi son trône. Le 18 mars 1970, alors qu’il est absent de son pays, l’assemblée destitue le roi qui se réfugie à …Pékin. Ici, il forme un gouvernement en exil et s’allie avec les Khmers rouges qui le reconnaissent théoriquement comme chef d’état. Le Cambodge sombre dans la guerre civile avec son génocide bien connu et une ingérence flagrante du Vietnam qui se livre une guerre d’influence avec la Chine voisine qui conserve Sihanouk comme carte maîtresse. 

Norodom sihamoniUne amitié avec le géant communiste qui continue encore avec l’actuel souverain désigné lors de l’abdication de son père en 2004. Norodom Sihamoni séjourne régulièrement en Chine. Un pays qui évoque dans quasiment tous ces articles, « cette amitié indéfectible » entre les deux pays, « une communauté d’avenir » affirme même le président Xi Jinping. Pékin n’a pas hésité à aider la monarchie dans la lutte contre la pandémie de covid-19. « La Chine maintiendra les échanges étroits de haut niveau avec le Cambodge, mettra en œuvre le plan d'action sur la construction d'une communauté de destin entre les deux pays et portera les relations sino-cambodgiennes vers de nouveaux sommets » déclare le numéro 1 du parti communiste chinois. Pourtant, tous n’acceptent pas cette présence des chinois. En octobre dernier, une manifestation devant l’ambassade de Chine a été organisée par des membres du parti du Sauvetage national pour le Cambodge de Sam Rainsy, interdit.  Les manifestants accusaient la Chine de vouloir installer à Sihanoukville une base militaire afin d’avoir un nouvel accès à la mer et de développer des activités illégales de blanchiment d’argent via les nombreux casinos qu’elle a mise en place dans la province. De quoi irriter les plus nationalistes des cambodgiens qui pointent aussi du doigt la responsabilité du gouvernement de Hun Sen. Un premier ministre qui s’est singulièrement rapproché de la Chine depuis son coup d’état de 1997 où il a chassé du pouvoir les royalistes du Funcipec.

La maison royale semble faire fi de tout cela et continue de privilégier ses liens avec la Chine qui ne cesse d’organiser des visites sur mesure au souverain Khmer désormais protégé par une loi de crime de lèse-majesté. Applaudi, les traités se sont multipliés entre les deux pays depuis la restauration de la monarchie en 1993, laissant un arrière-goût de vassalité du royaume envers le dragon rouge. En recevant la médaille de l’amitié, la reine-mère  Norodom Monineath Sihanouk a rappelé très sobrement « que le roi-père Sihanouk et elle-même étaient les bons et loyaux amis du peuple chinois ». 

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 15/11/2020

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