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L'Oncle Sam réclame la fin de la monarchie absolue en Eswatini

Drapeau de l eswatini ex swazilandLe palais royal ne décolère pas. Ambassadrice des Etats-Unis au royaume de l’Eswatini, anciennement connu sous le nom de Swaziland, Lisa Peterson n’a pas mâché ses mots lors d’un Live en direct sur Facebook. Critiquant le style de vie du roi Mswati III, elle a demandé au souverain de renoncer au pouvoir absolu, de cesser ses dépenses dispendieuses et de réinstaurer une monarchie constitutionnelle. Nommée à son poste par le Président Barack Obama, ses relations avec le monarque ont été très houleuses tout au long de son mandat diplomatique. Des déclarations qui cachent aussi des tensions sous-jacentes avec la Chine.

Lisa Peterson traîne derrière elle une longue carrière diplomatique en Afrique. Œil de la présidence Barack Obama, elle a planté la bannière étoilée de l’Oncle Sam à Kinshasa, Lusaka et et Nairobi en Afrique de l’Est. Sa nomination au Swaziland (actuellement Eswatini) comme ambassadrice a été bien accueillie  au départ par le roi Mswati III. Mais leurs relations se sont très rapidement détériorées peu de temps après son arrivée en novembre 2015. Pis, Lisa Peterson a très vite critiqué le manque de démocratie flagrant dans le royaume (marqué par le pouvoir absolu d’un seul monarque sur son trône depuis 1986) et n’a pas hésité à soutenir l’opposition en exil.  A la veille de son départ du pays, Lisa Peterson s’est fendue de déclarations controversées qui ont irrité le palais royal. Ce dernier a accusé les Etats–Unis d’ingérence et a récusé les propos de la diplomate.

Lisa peterson«C’est un adieu triste et décevant à l’Ambassadrice, qui détruit tout le bon travail qu’elle a accompli au fil des ans. C'est une bonne chose qu'elle parte» a écrit le journal «L’Observer» , considéré comme pro-royaliste et contrôlé par le gouvernement du roi. «Est-il pertinent de continuer à aider au développement du pays quand on voit les dépenses dispendieuses du roi» a demandé Lisa Peterson lors d’une interview aux médias du pays. Des déclarations qui ont pu être suivies lors d’un Facebook Live, où elle a pointé du doigt l’achat récent de 19 rolls royces et de nombreux voyages à Disneyland par la famille royale. «Nous en sommes arrivés au point où vous vous demandez où va réellement l'argent des impôts destinés à vos enfants.  Les deniers publics ne devraient-ils pas être dépensés pour les soins de santé dans ce pays, alors qu'il semble clair que le roi a trop d'argent et ne sait pas quoi en faire ? »

Ce n’est pas la première fois que l’ambassadrice prend position contre la monarchie accusée d’avoir mis fin à la démocratie et de se servir dans le trésor public afin d’assurer son train de vie. 14 femmes et autant de palais royaux pour chacune d’entre elles, des enfants qui étudient dans les prestigieuses universités d’Europe et des Etats-Unis. « Un train de vie opulent, immortalisé sur les réseaux sociaux, qui contraste avec la grande pauvreté dans laquelle son peuple s’enfonce et qui vit avec moins de 2 dollars par jour» écrit dans une de ses éditions, le journal «Le Monde». En novembre 2018, elle a attaqué directement Mswati III et a accusé le roi d’avoir violé la constitution lors de la nomination du premier ministre, le prince Ambrose Mandvulo Dlamini, son cousin. «L'article 67 de la constitution stipule que le roi doit nommer le premier ministre parmi les membres de la Chambre d'assemblée, mais Dlamini n'en est pas membre. Il n'a pas été élu par le peuple» avait alors rappelé l’ambassade des Etats-Unis qui s’indigne de la mainmise totale du monarque sur les institutions parlementaires.  En Eswatini, les élections se ressemblent. On vote pour le parti du roi, les partis d’opposition (Le People’s United Democratic Movement, le Swaziland Democratic Party et le Ngwane National Liberatory Congress) sont interdits de tout scrutin, les membres du Sénat sont quasiment tous nommés par Mswati III et toute manifestation est rapidement réprimée. Dans la foulée, l’ambassadrice avait également critiqué le manque de parité au sein du parlement, «Ces lacunes montrent que l’égalité entre les sexes n’est pas une priorité pour les plus hauts fonctionnaires du pays, ce qui signifie qu’elle ne sera pas une priorité pour de nombreux autres membres du parlement dominé par les hommes d’Eswatini» avait regretté Lisa Peterson.

Le roi du swaziland Mswati IIIL’ambassadrice a-t-elle outrepassé ses prérogatives ? En 2016, les Etats–Unis avaient inauguré les nouveaux locaux de l’ambassade en Eswatini. Un complexe, 5 fois la taille d’un stade de rugby, qui avait coûté la bagatelle de 14 millions aux contribuables américains et dont la splendeur devait refléter les « liens d’amitiés » entre Washington et Mbabane. Mais pour la presse sud-africaine, l’ambassade des Etats-Unis n’est là que pour «jouer les espions» affirme le « Sunday Times » qui soupçonne également le pays de Donald Trump de tenter de «renforcer son influence face aux chinois qui ont pénétré l’Afrique». Pékin qui a mis sous pression le royaume afin qu’il ne reconnaisse plus l’indépendance de l’île sécessionniste de Taïwan et mis en place un vaste plan d’échange d’étudiants entre les deux pay. Le départ de Lisa Peterson et les critiques directes qu’elle a exprimé contre le roi s’inscrivent donc plus dans une realpolitik que dans un souci de respect des droits de l’Homme. Un avertissement des Etats-Unis à la monarchie Swazi, ancien protectorat britannique, qui n’est pas passé inaperçu.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 08/08/2020

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