Reza Pahlavi : « Je suis prêt à rentrer en Iran ! »
Reza Pahlavi : « Je suis prêt à rentrer en Iran ! »
Face à la guerre qui oppose désormais ouvertement l'Iran à Israël, le prince Reza Pahlavi, héritier au trône du Paon, appelle à une transition démocratique et enjoint les militaires à rejoindre le peuple. Dans un long discours, il s'est dit prêt à rentrer et assurer le pouvoir, proposant déjà un début de réforme constitutionnelle.
« Je suis prêt à rentrer en Iran !». C’est sur la chaîne de télévision française BFM TV que le prince Reza Pahlavi a annoncé qu’il entendait revenir en Iran, une fois le régime des mollahs tombés. C’est en 1979, après la chute de la monarchie, que le fils du Shah a dû s’exiler, restant une voix infatigable de l’opposition à une théocratie islamique qui n’a eu de cesse d’exporter sa révolution verte à travers le monde.
« Ce régime est vaincu, au bord de l’effondrement. Il ne faut pas le laisser perdurer » : dans un discours solennel diffusé à l’ensemble de la diaspora iranienne, face à la presse internationale, Reza Pahlavi a lancé l’un des appels les plus fermes et les plus structurés de ces dernières années. À 64 ans, celui qui ne revendique pas un pouvoir monarchique mais se positionne en chef de transition, entend incarner une alternative crédible, au moment où l’Iran plonge dans une crise intérieure et géopolitique sans précédent.
? "Je suis prêt à rentrer"
Reza Pahlavi, le prince héritier iranien appelle à des élections démocratiques en Iran pic.twitter.com/hebPHNTz5p
Le chaos iranien, fruit d’un pouvoir à bout de souffle
Depuis plusieurs semaines, l’Iran est la cible d’opérations militaires de plus en plus intenses, en particulier de la part d’Israël, qui accuse Téhéran de soutenir des milices armées dans toute la région. Les installations nucléaires de Natanz, Ispahan ou Fordow ont été visées. Des explosions retentissent jusque dans la capitale. La population, épuisée par les privations, les répressions et une inflation galopante, commence à fuir certaines zones sensibles.
Dans ce contexte, Reza Pahlavi dénonce une stratégie suicidaire, incarnée selon lui par le Guide suprême Ali Khamenei : « Ali Khamenei a conduit l’économie au bord de l’effondrement, pillé nos infrastructures, dilapidé les richesses nationales pour développer des armes nucléaires, porté atteinte à la sécurité du pays et volé la souveraineté du peuple iranien. ». Et de poursuivre avec gravité : « Cette guerre est le résultat de l’égoïsme, de la haine et de la terreur d’un seul homme. ».
Un appel à l’unité nationale et à la désobéissance loyale
Se posant en fédérateur au-delà des lignes partisanes, le prince affirme avoir échangé récemment avec « une mère fuyant Téhéran », « un ouvrier de Tabriz », « un officier des forces armées » et « une militante du mouvement Femmes, Vie, Liberté », évoquant un peuple « en difficulté mais résilient, qui ne réclame pas sa liberté, mais se bat pour elle ». Il évoque aussi avec émotion le destin de Javad Heydari, tué lors des manifestations contre la mort de Mahsa Amini, et de sa sœur, arrêtée après avoir crié : « Où irons-nous pour fuir votre tyrannie ? ».
Le prince appelle les membres de l’armée, des forces de sécurité et de la police à rejoindre le peuple : « Il est temps de rejoindre la nation. Je veillerai à ce que votre service rendu à l’Iran soit célébré », tout en annonçant la création d’un canal officiel et sécurisé pour organiser les ralliements.
Un message est également adressé à l’appareil étatique : « À ceux d’entre vous fidèles à la nation iranienne, et non à la République islamique : il y a un avenir pour vous dans un Iran démocratique, si vous rejoignez le peuple maintenant. » Reza Pahlavi affirme que les familles des hauts responsables du régime, y compris celle de Khamenei, prépareraient leur exfiltration en urgence. Selon ses sources, l’armée serait fracturée et de nombreux militaires hésiteraient désormais à exécuter les ordres. Il s’est adressé directement au guide suprême :« Démissionnez. Si vous le faites, vous bénéficierez d’un procès équitable. C’est plus que ce que vous avez jamais accordé à aucun Iranien. ». Dans cette optique, il met en garde l’Occident contre toute tentative de prolonger artificiellement la survie du régime. « Si on lui tend une bouée de sauvetage, le carrefour sera sanglant. Ce régime se déchaînera. ».
Et d’ajouter : « Tant qu’il est au pouvoir, aucun pays ne sera à l’abri. Ni Paris, ni Jérusalem, ni Washington. ».
Une vision pour l’après : démocratie, prospérité, souveraineté
Au-delà de la critique du régime, le prince détaille sa stratégie de transition. Elle repose sur trois piliers : L’intégrité territoriale de l’Iran, les libertés individuelles et l’égalité entre citoyens et la séparation de la religion et de l’État
À court terme, il annonce la tenue d’un Sommet d’unité nationale, réunissant opposants, entrepreneurs, intellectuels, experts, dans le but d’élaborer une feuille de route commune. Parallèlement, un Projet de Prospérité de l’Iran (PPI) a été lancé, structuré en trois phases (urgence, stabilisation, normalisation), visant à mobiliser les meilleurs spécialistes iraniens et étrangers pour reconstruire le pays.
Reza Pahlavi insiste sur la dimension sacrificielle de son engagement. Depuis la chute de la monarchie en 1979, il affirme n’avoir jamais cessé de servir les intérêts de l’Iran. « Il y a 46 ans, j’ai prêté serment à Dieu et à mon pays : je ne tournerais jamais le dos à l’Iran. Aujourd’hui, je renouvelle ce serment. », rappelle-t-il. Refusant l’image d’un prétendant au trône, il se définit comme un « serviteur du peuple », désireux de mener une transition avant de laisser les Iraniens trancher la forme du futur régime par référendum. Il se place dans la lignée de Cyrus le Grand, « unificateur de l’Iran », et en appelle au génie national pour que les Iraniens relèvent une fois de plus le défi de l’histoire. « C’est notre moment. Notre mur de Berlin. Le monde nous regarde. »
Ce discours très structuré, qui mêle stratégie, vision politique et mobilisation affective, marque un tournant. Il distingue Reza Pahlavi d'autres figures de l’opposition par la solidité de son programme et l’usage d’un langage d’État. Mais les obstacles restent nombreux : la surveillance extrême du régime à l’intérieur du pays, l’absence d’espace politique pour organiser une transition, une opposition très critique à son égard et l’ambivalence de certaines puissances étrangères. Il n'est même pas certain que Washington ait encore pensé à la formation d'un gouvernement de transition tant personne n'arrive à savoir quel chemin entend suivre le Président Donald Trump.
Toutefois, la multiplication des crises – économiques, sociales, militaires – pourrait provoquer une rupture. Reza Pahlavi semble vouloir s’y préparer.