Reza Pahlavi appelle les forces armées à rompre avec le régime
Reza Pahlavi appelle les forces armées à rompre avec le régime
Alors que l’Iran fait face à une nouvelle escalade militaire provoquée par une attaque israélienne, le prince Reza Pahlavi, figure de l’opposition en exil, a lancé un appel direct aux forces armées et au peuple iranien pour renverser la République islamique.
Alors que les tensions entre Israël et l’Iran ont franchi un nouveau seuil avec l’attaque de Tsahal contre des infrastructures militaires et nucléaires en territoire iranien, le prince Reza Pahlavi, figure emblématique de l’opposition en exil, a publié un message cinglant sur X, directement adressé aux forces armées et au peuple iranien, les appelant à se soulever ensemble contre les mollahs.
هممیهنان،
علی خامنهای، رهبر نابخرد رژیم ضدایرانی جمهوری اسلامی بار دیگر ایران ما را درگیر جنگ کرده است؛ جنگی که جنگ ایران و ملت ایران نیست، جنگ جمهوری اسلامی و خامنهای است.
پیام من به نیروهای نظامی، انتظامی و امنیتی روشن است: این رژیم و سرکردگان فاسد و نالایقش نه برای جان…
Fils aîné du dernier chah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, renversé par la révolution islamique de 1979, Reza Pahlavi vit en exil aux États-Unis depuis plus de quatre décennies. Bien qu’il ne revendique pas explicitement un retour de la monarchie (préférant que la question soit poosée par référendums), il reste le symbole vivant d’un Iran pré-république islamique, souvent idéalisé par une frange de la population lassée par la répression, la corruption et l’isolement du régime actuel.
À 64 ans, l’ancien prince héritier s’est imposé comme la voix la plus visible et la plus organisée de l’opposition iranienne à l’étranger, multipliant les contacs avec les principaux leaders de ce monde. Depuis les grandes manifestations de 2009, jusqu’au soulèvement massif de 2022 déclenché par la mort de l’étudiante Mahsa Amini, son visage revient régulièrement dans les médias occidentaux et sur les réseaux sociaux iraniens. Mais cette notoriété ne fait pas l’unanimité.
Un leadership contesté, une légitimité disputée, un monarchisme en mutation
Si Reza Pahlavi est respecté par une partie de la diaspora – notamment aux États-Unis, au Canada et en Allemagne –, d'autres opposants l’accusent de ne pas incarner suffisamment la pluralité des voix iraniennes ou d'être trop proche de Tel Aviv qui l'a reçu en grande pompe (2023). Son refus de s’associer à certains groupes républicains ou à des figures laïques de gauche lui vaut des critiques, tout comme sa stratégie jugée trop prudente. D’anciens militants de la révolution verte ou du mouvement des femmes lui reprochent aussi son héritage monarchique et l’absence de condamnation plus explicite du régime de son père, dont l'autoritarisme reste critiqué.
Selon un sondage réalisé en 2023 par l’institut GAMAAN (basé aux Pays-Bas), 21 % des Iraniens interrogés dans un cadre anonyme et sécurisé soutiendraient une forme de monarchie constitutionnelle – une proportion encore minoritaire face aux 22 % en faveur de la République islamique ou au 34% qui favorisent la mise en place d'une république laïque. Dans ce même sondage, Reza Pahlavi apparaissait malgré tout comme la personnalité la plus populaire de l’opposition, avec plus de 39 % de confiance parmi les répondants. Des chiffres difficiles à vérifier mais révélateurs de l’écho qu’il conserve, malgré l’exil.
Le monarchisme iranien ne se limite donc plus à une nostalgie muséale. Porté par des figures jeunes, actives sur les réseaux sociaux, et un rejet croissant de la République islamique, ce courant attire de nouveaux soutiens, notamment parmi les classes urbaines lassées de l’idéologie religieuse imposée par le régime. En Iran même, les monarchistes n’ont pas de structure officielle, mais leur présence est tangible, notamment dans les villes du nord et dans certaines couches de la bourgeoisie éduquée.
There is only one solution to the ongoing crisis with Iran: helping the Iranian people overthrow the regime that holds both Iran and the world hostage.
The Islamic Republic has plundered Iran's wealth not to serve our people but to spend hundreds of billions on enrichment and a… pic.twitter.com/5OBisJOuz5
Dans son communiqué, Reza Pahlavi va plus loin que de simples mots de solidarité. Il appelle directement à la dissidence au sein de l’armée :« Mon message aux militaires, aux forces de l’ordre et aux forces de sécurité est clair : ce régime et ses dirigeants corrompus et incompétents n’accordent aucune valeur à vos vies ni à notre Iran. »
Il décrit l’attaque israélienne du 13 juin 2025 (qui a coûté la vie à plusieurs officiels importants de Téhéran) non comme un affront au peuple iranien, mais comme une conséquence de la politique agressive de la République islamique. « Ali Khamenei, le dirigeant insensé du régime anti-iranien de la République islamique, a une fois de plus entraîné l’Iran dans une guerre. Une guerre qui n’oppose pas l’Iran à une autre nation, mais la République islamique à la nation iranienne elle-même. », déclare le fils du Shah.
Ce positionnement vise à accentuer le fossé entre le régime et la population, en particulier parmi les jeunes soldats et les cadres intermédiaires du pouvoir, déjà fragilisés par la crise économique et l’usure morale. Une faiblesse qui n’a pas échappé aux mollahs puisque diverses sources de l’opposition iranienne affirment qu’ils ont opéré des purges au sein de l’armée.
Le pari du soulèvement populaire, un avenir encore incertain
Pour le prince Pahlavi, la seule issue réside dans la mobilisation populaire :« Le combat de la nation iranienne contre le régime destructeur de la République islamique est de reconquérir l’Iran et de le reconstruire. La solution est de renverser la République islamique par des manifestations de rue et des grèves nationales. »
Ces mots rappellent ceux utilisés lors des soulèvements de 2022, où des slogans monarchistes comme « Reza Shah, repose en paix » s’étaient fait entendre jusque dans les rues de Téhéran, défiant la propagande d’État. Un régime qui avait promptement réagi en arrêtant des milliers de personnes ou en tuant des centaines d’autres par le biais de procès expéditifs.
Reza Pahlavi peut-il incarner une alternative politique crédible ? Son absence d’organisation interne en Iran, son rejet par une partie de la gauche laïque et la crainte d’un retour à l’ordre ancien freinent encore sa capacité à fédérer une opposition unie. Mais à mesure que la République islamique s’enfonce dans la crise, sa voix résonne comme celle d’un recours possible. « Nous sommes tous ensemble dans ce combat et nous vaincrons », conclut-il dans un ton qui se veut à la fois fraternel et résolument combatif.