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Interview du prince Reza Pahlavi à BILD

Le fils du dernier Shah vit en exil depuis 1979.  Son pays d'origine, l'Iran, est pris en otage par les mollahs qui ont mis en place un régime théocratique qui importe et finance dans le monde sa révolution islamique. Reza Pahlavi a récemment formé une alliance avec différents opposants. Son but : soutenir les Iraniens qui se sont soulevés en septembre dernier et instaurer une démocratie. Il a répondu aux questions du magazine allemand « BILD ».

BILD : De nouvelles manifestations ont éclaté dans de nombreuses villes en Iran. Cela fait déjà cinq mois que l’Iran est secoué par soulèvement populaire. Est-ce le début d'une nouvelle révolution en Iran ?

Reza Pahlavi :  Oui, c'est une révolution. C'est comme si le pays était en feu - le soulèvement dure depuis cinq mois. Des manifestations à l'échelle nationale ont de nouveau éclaté jeudi dernier. C'est vraiment un élan continu et bien sûr nous devons le faire passer au niveau supérieur, c'est pourquoi il est si crucial de le soutenir. Les gouvernements occidentaux cherchent enfin à dialoguer avec l'opposition. C'est un signal très fort envoyé non seulement au régime, mais aussi au peuple iranien.

BILD :  Le régime des mollahs a-t-il vraiment peur de ces manifestations ?

Reza Pahlavi : Il fait certainement face à beaucoup de pression, les sanctions contre les mollahs ont été renforcées. Il importe cependant qu'une politique de soutien maximal aille de pair avec une politique de pression maximale. Les pressions extérieures, sous la forme de sanctions économiques, peuvent à elles seules affaiblir le régime, mais elles ne suffiront peut-être pas à le mettre à genoux.

 

 

BILD :  Vous avez formé une nouvelle alliance d'opposition avec certains des critiques les plus connus du régime iranien. De quoi s’agit-il ?

Reza Pahlavi : J'ai toujours investi pour l'Iran. Je ne vis que pour le jour où les Iraniens pourront voter et choisir librement leur futur système politique. Notre objectif actuel est de créer une alliance plus large de forces démocratiques laïques.

 BILD :   Votre vision de la monarchie a changé. Restaurer la monarchie ne vous intéresse pas ?

Reza Pahlavi : Si j'avais le choix entre une république laïque et une monarchie héréditaire, je choisirais bien sûr la république. Mais peut-être pouvons-nous bénéficier d'un changement, et même innover pour créer quelque chose d'entièrement nouveau. Nous avons une occasion parfaite de le faire.

 BILD :   Selon vous, les Européens agissent-ils de manière suffisamment décisive ? Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) ne figure toujours pas sur la liste terroriste de l'UE. Êtes-vous déçu ?

Reza Pahlavi : Il ne s'agit pas d'être déçu. La mise en place de nouvelles sanctions contre le CGRI ne doit pas seulement servir un objectif d'exclusion, mais aussi servir un but. Plus ils sont mis sous pression, plus ils se rendent compte que les jours du régime sont comptés. Ils sont incités à se détourner du régime et à se ranger du côté du peuple augmente.

Reza Pahlavi, prince impérial @pinterest

BILD :   Les pays occidentaux entretiennent néanmoins de nombreux liens avec le régime des mollahs, notamment sur le plan économique. Pensez-vous que l'Occident s'intéresse davantage à son économie qu'aux droits de l'Homme ?

Reza Pahlavi : Ça a toujours été comme ça. J’ai toujours personnellement pensé qu’il était hypocrite de la part de pays à prétendre se soucier des droits de l'Homme et de continuer à faire des affaires avec un régime alors que celui-ci bafoue ces mêmes droits de l'Homme que ces pays ne cessent de défendre.

 BILD :   Quelle a été la plus grosse erreur de votre père selon vous ?

Reza Pahlavi :  Mon père s’est battu pour développer son pays alors que nous étions en pleine Guerre froide. Plus vous éduquez le peuple, plus vous le faites participer à ce développement, plus il exige de participer à la vie politique. Le plus gros problème que nous avions à l'époque et que la libéralisation politique progressait trop lentement, générant des frustrations.

BILD :    La révolution islamique a eu lieu parce que les Iraniens pensaient que le Shah avait fait son temps. Le comprenez-vous ?

Reza Pahlavi :  Oui, bien sûr. Mais le plus tragique, c'est qu'ils se sont rebellés contre un régime totalement réformable et ont mis en place un système non-réformable pendant près de 30 ans. Qu'apprenons-nous de toutes ces expériences ? Que peut-il arriver à la fin ? La politique participative est bien sûre importante. Mais en même temps, pour une société qui s'implique de manière proactive, il faut aussi prendre ses responsabilités en tant que citoyen et ne pas tout rejeter sur le gouvernement.

BILD :    Que pensez-vous d'Israël ? L'Iran d'aujourd'hui n'est pas exactement amical envers ce pays.

Reza Pahlavi :  Nous avons toujours entretenu une relation biblique avec Israël. Bien avant qu'il ne devienne un État. Je rappelle que le jour du sabbat, les juifs commémorent aussi Cyrus II (roi perse qui a libéré les Juifs de Babylone.). Mais ce ne sont pas que des liens culturels : Israël possède aujourd'hui les meilleurs scientifiques capables de trouver des solutions à nos problèmes d’eau. Je pense que nous devons travailler ensemble pour nous attaquer aux problèmes environnementaux. Il ne s'agit donc pas seulement de se reconnaître, mais de travailler ensemble - toute la région pourrait en bénéficier !

Copyright@Frederic de Natal

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