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Face à la guerre, le message de paix d’une impératrice

Dans un message émouvant adressé aux Iraniens, l’ancienne impératrice Farah Pahlavi a exprimé son soutien face aux épreuves que traverse son pays natal. Celle qui fut l’âme culturelle et sociale du règne du Shah demeure une figure respectée, admirée, presque maternelle. Plus qu’un mot de compassion, c’est un appel à l’unité et à l’espoir qu’elle lance aujourd’hui à son peuple.

Alors que l’Iran traverse une période de tensions extrêmes, une voix familière et respectée s’est élevée, pleine de dignité et d’émotion. Celle de l’ancienne impératrice Farah Pahlavi, aujourd’hui âgée de 86 ans, qui depuis son exil continue d’incarner aux yeux de millions d’Iraniens un symbole de stabilité, de culture et d’espoir : « En ces jours sombres et tristes, mon cœur est avec le vôtre. Je ressens votre douleur, j’admire votre courage et je crois au grand et ferme esprit de notre nation. [...] je veux que tu saches que tu n'es pas seul. Notre force réside dans notre unité, dans notre histoire glorieuse et dans notre volonté inébranlable.», a déclaré l'épouse du Shah, le 21 juin 2025.

Des mots qui résonnent comme une prière et une promesse. Plus qu’un message politique, il s’agit d’un acte d’amour envers un peuple qui l’a tant marquée, et qu’elle n’a jamais cessé de soutenir depuis le renversement de la monarchie en 1979. Dans les souvenirs de nombreux Iraniens, Farah Pahlavi demeure celle qui a tendu la main aux plus fragiles, investi dans l’éducation, l’architecture, la sauvegarde du patrimoine national et la promotion des arts.

Une reine moderne et engagée

Née Farah Diba en 1938, étudiante brillante en architecture à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle épouse le Shah Mohammad Reza Pahlavi en décembre 1959. Devenue impératrice, mère de 4 enfants d(ont deux sont décédès tragiquement), elle bouleverse rapidement les codes traditionnels du rôle féminin dans une monarchie du Moyen-Orient. Loin de se cantonner aux fonctions symboliques, Farah devient une véritable actrice du développement culturel et social du pays.

Elle fonde ou préside plus de 30 institutions philanthropiques, allant de la santé mentale à l’alphabétisation, en passant par la protection de l’enfance. Elle crée notamment la Fondation pour la culture et les arts plastiques d’Iran, l’Organisation de bienfaisance pour les enfants et l’Institut pour la protection maternelle et infantile. Son intérêt marqué pour la culture l’amène à faire venir à Téhéran des artistes de renommée internationale, tels que Salvador Dalí, Henry Moore ou encore le metteur en scène Peter Brook.

En 1977, elle inaugure le Musée d'Art contemporain de Téhéran, véritable joyau de l'époque impériale, dont la collection — aujourd’hui encore conservée dans les sous-sols du musée — est estimée à près de 3 milliards de dollars. Elle y a réuni des œuvres d’Andy Warhol, Jackson Pollock, Francis Bacon ou Mark Rothko, dans un Iran qui, à l’époque, aspirait à devenir un carrefour culturel majeur entre l’Orient et l’Occident.

Dans les provinces rurales, elle se rend régulièrement en personne dans des villages isolés, notamment dans les régions du Baloutchistan et du Khouzistan, pour superviser des campagnes de vaccination, lancer des programmes d’alphabétisation féminine ou encore soutenir l’artisanat local. Elle met également en œuvre des projets de construction d’écoles pour filles, à une époque où l’instruction féminine était encore marginale dans certaines zones.

À travers son image, toujours élégante mais sobre, Farah Pahlavi incarne toujours une forme d’émancipation féminine qui reste, aujourd’hui encore, une référence pour de nombreuses Iraniennes. Elle a souvent été comparée à Jackie Kennedy pour son goût de la mode mais elle a surtout su créer son propre style : celui d’une souveraine intellectuelle, accessible, humaniste et pleinement investie dans les enjeux de son temps.

Une popularité toujours vivace

Depuis l’exil, après la chute du régime impérial et la révolution islamique, Farah Pahlavi n’a jamais renié son rôle ni ses responsabilités morales. Elle reste profondément attachée au sort de ses compatriotes. Son message d’aujourd’hui, prononcé dans un contexte de tensions accrues entre Israël, les États-Unis et la République islamique, s’adresse à tous les Iraniens, quelle que soit leur position politique. « L'Iran, une terre qui a traversé des épreuves difficiles à de nombreuses reprises, s'est levé avec plus d'honneur et de gloire à En ces jours difficiles, préservons notre amour les uns pour les autres, protégeons les innocents et gardons la flamme de l'espoir allumée dans nos maisons.», renchérit la reine des reines.

Sa popularité, loin de s’éroder, n’a cessé de se renforcer au fil du temps, notamment auprès des jeunes générations en quête de repères. Sur les réseaux sociaux, son portrait – souvent aux côtés de celui de son fils, le prince Reza Pahlavi – est largement partagé par les Iraniens en quête d’un retour à la dignité, à la liberté et à l’espoir.Dans les rassemblements de la diaspora ou les manifestations internes, son nom, tout comme celui de la dynastie Pahlavi, revient avec insistance comme symbole d’un Iran laïque, fier et indépendant.

« Sa Majesté Impériale, comme son fils, Son Altesse Royale le prince héritier Reza, est parfaitement consciente du mécontentement des Iraniens vivant sous ce régime brutal et dictatorial. Cette inquiétude s'est accrue avec les ambitions de Téhéran de se doter d'armes nucléaires, ambitions qui, selon elle, perdureront même si un nouvel accord est conclu avec les États-Unis. », explique l'un des plus proches collaborateurs de Farah, Firouzeh Ghaffarpour, au Sunday Express. « Sa Majesté Impériale estime que sa popularité en Iran, où l'on scande encore le nom Pahlavi, demeure telle que cela offrirait enfin aux Iraniens une alternative qu'ils accueilleraient favorablement, une monarchie constitutionnelle profondément attachée aux principes de démocratie, de procédure régulière et de droits de l'homme, et offrant une stabilité régionale et internationale. », assure t-il. Il a ajouté que seule l'Impératrice a la légitimité pour garantir qu'il n'y ait pas de vide du pouvoir en cas de chute du régime.

Le message de l’impératrice, sobre et plein de compassion, rappelle les vœux silencieux d’une mère pour ses enfants. Une figure presque mythique, qui n’a jamais cessé de croire dans le potentiel de son peuple, ni dans sa capacité à se relever. « Espérant la victoire de la lumière sur les ténèbres et la liberté de l’Iran. », plaide l'Impératrice. En ces heures troubles, ses mots prennent un relief tout particulier. Car au-delà de la politique, Farah Pahlavi incarne une mémoire, une tendresse et un espoir d’un Iran réconcilié avec lui-même. Presque un demi-siècle aprèss son départ de Perse, elle s'appêtre enfin à revenir dans un Iran libre si le régime des mollahs tombe.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 22/06/2025

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