Chute des mollahs ? Les Pahlavi en ordre de bataille !
Chute des mollahs ? Les Pahlavi en ordre de bataille !
Face aux tensions entre Israël et l’Iran, la perspective d’un changement de régime en leur faveur, les héritiers de la dynastie Pahlavi affichent leur unité. Le prince Reza, sa fille Noor et le prince Davoud se sont conjointement adressés à leurs compatriotes.
Alors que la République islamique d’Iran est visée par des frappes israéliennes ciblées contre ses infrastructures militaires et nucléaires depuis le 13 juin 2025, un vent d’espoir souffle au sein de la diaspora iranienne. Trois figures issues de la dynastie Pahlavi — le prince Reza, sa fille la princesse Noor et le prince Davoud — ont pris la parole d’une même voix.
Ensemble, ils dénoncent le régime des mollahs et saluent ouvertement les attaques israéliennes comme un levier contre l’oppression. Une position politique forte, révélatrice d’un réveil monarchiste qui entend incarner une alternative en cas de chute du régime.
Reza Pahlavi : « La fin de la République islamique est proche »
Le 17 juin 2025, le prince Reza Pahlavi, figure centrale del’opposition iranienne, 64 ans, a affirmé que la République islamique vit ses derniers instants. « Nous sommes engagés dans la campagne pour la liberté depuis des années, et ce moment approche à grands pas », a-t-il déclaré dans une interview à Bloomberg News. Constatant les fissures internes du régime, il assure que « certains éléments envisagent de fuir et le contactent » affirmant que « les dirigeants se cachent comme des souris dans un bunker ». Dans un message vidéo publiée le même jour sur ses réseaux sociaux, vue par plus de deux millions de personnes, il a assuré avec force que: «L a République islamique a atteint sa fin de vie et est en train de tomber. [L’Ayatollah Ali] Khamenei (...) s'est réfugié dans la clandestinité et a perdu le contrôle de la situation. Ce qui a été commencé est irréversible. », assure le prétendant au trône du Paon.
Solidaires des Iraniens confrontés à la répression, Reza Pahlavi dénonce « la guerre de 46 ans menée par le régime contre le peuple » et appelle à l’insurrection populaire : « Il ne reste plus qu'un soulèvement national pour mettre fin à ce cauchemar une fois pour toutes. ». Il se veut rassurant face au spectre du chaos : «L'Iran ne sombrera ni dans la guerre civile ni dans l'instabilité. Nous avons un plan pour l'avenir (...). Nous sommes prêts pour les cent premiers jours suivant la chute, pour la période de transition et pour l'instauration d'un gouvernement national et démocratique – par le peuple iranien et pour le peuple iranien. ». Appelant à l’unité des provinces et des forces du pays, il exhorte les militaires et les services de sécurité à se ranger du côté de la nation : « Ne vous dressez pas contre le peuple iranien au nom d'un régime dont la chute est amorcée et inévitable. Ne vous sacrifiez pas pour un régime en déclin. En vous tenant aux côtés du peuple, vous pouvez sauver vos vies. Jouez un rôle historique dans la transition de la République islamique et participez à la construction de l'avenir de l'Iran.»
Et de conclure, confiant : « L’Iran libre et prospère est devant nous. Puissions-nous bientôt nous retrouver. »
Noor Pahlavi : « Le cri de liberté résonne à travers l’Iran »
La princesse héritière Noor Pahlavi, fille du prince Reza Pahlavi, a exprimé sur Instagram sa solidarité avec le peuple iranien, pris entre les frappes israéliennes et la brutalité du régime des mollahs. « Alors qu'Israël cible les armes oppressives de la République islamique, je suis de tout cœur avec la nation impuissante d'Iran ; avec ceux qui sont pris au milieu de cet incendie et qui essaient de se trouver un abri sûr », écrit-elle, « Mon cœur bat pour tous mes compatriotes innocents qui non seulement aujourd'hui, mais depuis des années, ont été pris en otage par le régime sanguinaire et oppressif. Je suis inquiète pour les braves prisonniers politiques […] pour tous les Iraniens qui ont risqué leur vie pour combattre la tyrannie. », s’inquiète l’héritière d’une dynastie qui a considérablement modernisé l’Iran entre 1921 et 1979.
Née en exil, Noor Pahlavi évoque avec émotion les blessures d’une nation confisquée et la mémoire d’un pays perdu : « Bien que je sois née et élevée loin de l'Iran, j'ai vécu les blessures profondes de la République islamique sur ma famille. Pendant des années, nous avons vécu avec la mémoire d'un pays qui nous a été enlevé, des êtres chers perdus et un rêve pour l'avenir. ». Mais à la douleur de l’exil succède aujourd’hui une espérance affirmée : « La fin des oppresseurs est arrivée. Le cri de liberté est entendu pour ceux qui ont été injustement emprisonnés, et le jour où nous nous souviendrons fièrement de ceux qui ont perdu la vie est proche ».
Dans un dernier vœu, adressé à sa grand-mère, l’impératrice Farah, elle confie avec foi : « Que la justice se lève à nouveau et que la lumière revienne à la terre qui a toujours été notre patrie. ».
Le prince Davoud , fidèle de son cousin, appelle à faire front contre les mollahs
Interrogé par Le Diplomate, le prince Davoud Pahlavi, cousin de Reza Pahlavi et figure montante du monarchisme iranien, livre une analyse tranchante de l’affaiblissement du régime des mollahs. « Le régime est plus vacillant que jamais, miné par sa légitimité érodée et son incapacité à répondre aux besoins de son peuple. Ce régime, qui a imposé un demi-siècle de souffrances à la nation iranienne – répression brutale, censure, privation des droits fondamentaux et isolement international – est aujourd’hui confronté à une guerre qu’il a lui-même attisée, mais dont les conséquences retombent tragiquement sur le peuple iranien. », déclare-t-il. L’intensification des frappes israéliennes et les tensions croissantes avec Washington minent encore davantage l’autorité du pouvoir en place, selon lui. « Chaque frappe israélienne érode davantage la crédibilité du régime aux yeux de sa population et de ses partenaires, rendant l’hypothèse d’un effondrement politique de plus en plus plausible. », affirme Davoud Pahlavi.
Face aux menaces brandies par le Président Donald Trump qui pourrait intervenir aux côtés de ses alliés israéliens, Davoud Pahlavi reste lucide : « Trump a fréquemment recours à des déclarations belliqueuses pour projeter une image de puissance, effrayer ses adversaires et imposer ses conditions, que ce soit en politique étrangère ou dans d’autres domaines. ».
Attaché à la mémoire de ses aïeux impériaux, Davoud Pahlavi inscrit toutefois son action dans une vision moderne et démocratique de l’avenir de l’Iran. « Reza Shah et Mohammad Reza Shah veillent sur nous. Leur œuvre inspire notre combat. Nous avons un rendez-vous historique avec notre nation, un moment crucial où l’union ne doit pas se limiter aux mots, mais se traduire en actions concrètes.. » Dans cette perspective, il appelle de ses vœux un nouveau contrat politique fondé sur la réconciliation nationale, dans lequel la monarchie constitutionnelle jouerait un rôle stabilisateur. Un projet de refondation profonde où le passé impérial n’est ni renié ni mythifié, mais mobilisé au service d’un avenir d’unité et de liberté.
Le monarchisme iranien aujourd’hui : mythe ou option crédible ?
Le monarchisme n’est pas majoritaire dans la diaspora iranienne, contesté par divers autres partis d'opposition, mais il est solide et bien plus organisé. L’idée ne se limite pas à un retour du trône. Elle est perçue comme un levier symbolique pour reconstruire l’unité nationale et restaurer l’autorité d’un État mis en lambeaux.
La chute du Shah Mohammad Reza en 1979 a été suivie par l’abolition de la monarchie millénaire iranienne. Reza Pahlavi, alors adolescent, s’est exilé avec sa famille. Pendant des décennies, le nom Pahlavi a été soit honni, soit ignoré, notamment en raison des accusations de répression sous le régime impérial, les membres de sa famille et les anciens dignitaires chassés par des agents iraniens, parfois assassinés. Mais avec le temps, le bilan du règne du Shah (industrialisation, laïcité, avancées féminines, diplomatie équilibrée) est peu à peu réévalué, en particulier face à la violence et au dogmatisme du régime islamique.
Depuis les années 2000, Reza Pahlavi a multiplié les initiatives : conférences internationales, déclarations aux médias occidentaux, soutien à la jeunesse iranienne, campagne contre la censure et multiplié les soutiens, reçu parfois comme un chef d'État en exil . Sa fille Noor symbolise aujourd’hui la relève d’une monarchie renouvelée, plus féminine, tournée vers la justice sociale et les droits humains. En cas de restauration de la monarchie (par référendum ?), il est probable qu’elle incarne le renouveau d’une famille, visage de ce qu’a initié l’impératrice Farah Pahlavi, en matière d’émancipation des femmes.
À l’intérieur du pays, les monarchistes n’ont ni partis ni organes reconnus, mais les manifestations récurrentes dans le pays, depuis 2018 -date du début de la Révolution des œufs- montrent un attachement persistant à la dynastie déchue. À défaut d’une restauration immédiate, le nom Pahlavi devient pour beaucoup le symbole d’un « Iran normal », débarrassé du clergé politique, réintégré dans le concert des nations. Le nom des Pahlavi est régulièrement scandé par les manifestants au régime théocratiques. Selon plusieurs sondages indépendants réalisés en ligne, Reza Pahlavi reste d'ailleurs de loin la figure politique la plus populaire parmi les exilés, devant toute autre personnalité d’opposition. Il bénéficie de l'image d’un opposant modéré, défenseur d’un Iran laïc, démocratique et pro-occidental. « Je ne cherche pas à m’imposer, je me mets au service de mon pays. Si le peuple souhaite une monarchie, alors je suis prêt. Mais ce doit être un choix souverain. » assure le fils du Shah. Il se dit même ouvert au principe de République comme le fut avant lui son grand-père homonyme, fondateur de la dynastie.
Son cousin Davoud Pahlavi soutient pleinement cette initiative : « Ma loyauté envers le Prince Reza Pahlavi, notre guide, est inébranlable. Elle s’ancre dans l’héritage de nos pères fondateurs, ceux qui ont jadis forgé un Iran dont la grandeur résonne encore dans nos cœurs. Cet Iran, bâti sur des valeurs de justice, de dignité et de progrès, est notre boussole. Nous ne pouvons trahir cet héritage en cédant à des compromis qui renieraient notre identité ou nos aspirations.». L’opposition en exil a longtemps souffert de divisions, de querelles de leadership et d’un manque de stratégie commune. Pour Davoud Pahlavi, l’heure n’est plus aux ego mais à la responsabilité : « Que notre unité soit forgée non dans la hâte ou la compromission, mais dans la force de nos valeurs communes et dans notre engagement indéfectible envers notre peuple.. », plaide le cousin du Shah qui rappelle l'importance de la cohésion de toutes les forces politiques pour renverser le régime des mollahs.
Le retour des Pahalvi en Iran ne semble désormais plus qu'une question de temps. Tout dépendra de la décision des États-Unis à entrer dans la guerre afin de mettre fin à un régime aux abois.