Edouard VIII, roi pronazi ? Le dossier noir des Windsor.

Hitler salue wallis warfield simpson« Vous devez me croire quand je vous dis qu’il m’est impossible de supporter le lourd fardeau des responsabilités d’État sans l’aide et le soutien de la femme que j’aime ». Le 10 décembre 1936, le roi Édouard VIII annonce à la radio, à une nation consternée, qu’il a décidé d’abdiquer pour vivre librement son idylle avec Wallis Warfield Simpson. Mais derrière ce qui s’apparente à un conte de fée moderne, se cache en fait une douloureuse vérité plus sombre. Celle d’un roi-dandy qui aurait eu des sympathies pour le régime nazi bien trop encombrantes pour le gouvernement de Sa Majesté et dont il fallait se débarrasser au plus vite à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Edouard VIII, roi pro-nazi ? Enquête complète et détaillée sur l’un des chapitres le plus noir de la maison royale des Windsor.

David edouard prince de gallesFils aîné du roi Georges V et de la reine Mary de Teck, l’héritier de la Couronne britannique donne durant son enfance cette image conformiste qui semblait répondre aux attentes de la famille royale. De ses nombreux prénoms de baptême, ses parents affectionnaient particulièrement le dernier, David. Ce prince taciturne à l’aspect juvénile, qui dans sa prime adolescence se livrait à une véritable mortification monastique, effrayé à l’idée de prendre du poids, tente de braver l’autorité paternelle en rejoignant le front d’une Europe en proie aux horreurs d’une guerre mondiale. Les officiers du roi se gardent bien de l’y envoyer et en lieu et place de cet héroïsme guerrier suicidaire qu’il cherche, ses camarades de caserne le livrent aux joies d’une prostituée française. Nous sommes en 1916, il a vingt-deux ans. Dès lors, les rapports du prince héritier avec le sexe faible vont passer d’un extrême à un autre. Ce même radicalisme va caractériser toute sa vie les choix du prince de Galles. À Londres, il est un champion de la vie mondaine. Son élégance naturelle teintée d’un physique de jeune premier et d’un vague aspect efféminé lui permet de multiplier les aventures avec les femmes de l’aristocratie comme avec les… hommes. Il affronte les réprimandes de ses parents, qui fort diplomatiquement, lui reprochent « d’être l’homme le plus mal habillé du royaume ». Autrement dit, de ne pas tenir son rang ! Il est même convoqué par un souverain offusqué d’apprendre qu’il a été vu à demi-nu avec son aide de camp et cousin « Dicky » (ici Louis de Mountbatten, futur vice-Roi des Indes) dans une piscine et dont les jeux aquatiques laissèrent plus que pantois la domesticité présente. « Vous et Dick ensemble dans une piscine, cela manque de dignité ! » lui assène le petit-fils de la reine Victoria. Ne peut-il donc pas prendre exemple sur son frère, Albert duc d’York (1895-1952) qui a épousé en 1923 Elizabeth Bowes-Lyon (1900-2002) ? La vie dissolue du prince n’est pas le seul sujet sur lequel il s’affronte avec son père, d’autant qu’après Louis viendra cette relation suivie avec le capitaine de cavalerie Edward Metcalfe, rencontré en 1922 au cours d’un voyage aux Indes. La politique est l’objet de véritables passes d’armes entre le souverain de Grande-Bretagne, d’Irlande du Nord et Empereur des Indes et le prince de Galles. Notamment et particulièrement sur le sujet allemand. Le père et le fils sont aux antipodes de l'un et de l'autre.

Louis mountbatten et edouard dans la psicineLors de la Première Guerre mondiale, par souci de patriotisme et afin de préserver l’avenir de la monarchie, Georges V avait décidé de changer le nom trop germanique de la dynastie, celui de Saxe-Cobourg-Gotha, en Windsor. Cette décision avait heurté Édouard alors encore enchanté des souvenirs de son été 1913 dans l’Empire du Kaiser où il avait chassé le cerf en Thuringe avec son cousin Charles-Edouard de Saxe-Cobourg-Gotha. Il suit la progression du mouvement national-socialiste et s’enthousiasme tant pour ses résultats politiques qu’économiques et sociaux. Ce sujet (qui le préoccupe) le rend populaire parmi la classe ouvrière de son pays. Il faut avouer que le prince craint une révolution communiste et la grève de 1926 avait secoué la famille royale, effrayée de subir le sort de ces Romanov qu’elle n’avait pu sauver à la suite des pressions exercées par le parti de la gauche travailliste. Le gouvernement de Sa Majesté s’émeut de certains des commentaires publics du prince qui dénotent une certaine sympathie ouverte envers Herr Hitler. D’autant qu’il a tendance à comparer les résultats obtenus par les nazis (arrivés au pouvoir en 1933) à cette France dont il fustige l’inertie. Georges V est désespéré et prophétise : « Après ma mort, ce garçon va se ruiner en un an. »

Wallis simpsonEt il a de quoi s’inquiéter. Ce noceur invétéré vient d’entamer en 1934 une relation avec une américaine de 38 ans, Wallis Warfield Simpson, dont le caractère dominateur a plu si vite à Édouard que les deux sont devenus rapidement amants. Une enquête du palais laisse apparaître un rapport accablant. Sudiste américaine, c’est une mondaine qui a déjà épousé en 1916 un alcoolique bisexuel, le capitaine de Marine Earl Winflied Spencer. Muté en Extrême-Orient, elle le suit mais s’ennuie et s’adonne à l’apprentissage des plaisirs de la chair dans les salons de massage de Pékin. Elle y rencontre un certain Galeazzo Ciano. Diplomate italien, il est le gendre du Duce Mussolini et son amant, dont on dit qu’elle a eu un enfant, contrainte d’avorter clandestinement. Elle espionnera pour le compte des fascistes, avant de nouer des relations avec des officiels du régime allemand   puis de divorcer de son mari en 1921. C’est son remariage avec Ernest Simpson qui lui permet de s’introduire dans le cercle intime du prince. Ce pedigree fait craindre au département d’État qu’elle n’influence davantage l’héritier au trône vers la voie du nazisme ou qu’elle ne divulgue des documents secrets que garde Édouard et qu’il laisse à la vue de tous. Le gouvernement a d’ailleurs de quoi se poser des questions sur l'attitude du prince de Galles. En novembre 1933, Edouard confesse à un diplomate autrichien  qu’il « espère que le monde ne sera plus jamais en guerre mais que si celle-ci devait éclater, les britanniques devaient être du côté des vainqueurs ». Et d’ajouter : « J’espère que ce seront les allemands et non pas les français ». Pis il n’hésite pas à prôner le rapprochement des associations de vétérans avec les nazis dans une lettre qu’il leur adresse en juin 1935 afin que les premiers « tendent la main » aux seconds. Pour Edouard, le «  communisme est plus dangereux que le fascisme » et va juqu’à nier les rumeurs de rafles d’opposants par les nazis.  Horrifié, Georges V convoque son fils  et le rappelle à l’ordre. Une nouvelle fois.

Edward viii abdication radio bbc december 11 1936Lorsqu’il monte sur le trône, le 20 janvier 1936, Édouard VIII brise le protocole. Dès le premier jour de son règne, il s’affiche à la fenêtre du palais avec sa maîtresse, une nouvelle fois divorcée. En mars suivant, Édouard VIII s’oppose à toute intervention militaire franco-britannique après que l’Allemagne, en dépit du traité de Versailles, a envahi la Rhénanie. Le Premier ministre Stanley Baldwin estime que le souverain, qui est sorti de sa réserve, affiche un peu trop ses affinités avec l’Allemagne hitlérienne. Outré, il commence à évoquer déjà l’abdication du roi. De Charbonnières, alors attaché à l’ambassade de France au même moment, écrit à son ministre de tutelle, qu’il est fort possible que le souverain ait quelques accointances marquées avec certains dignitaires nazis présents à Londres. Une lettre de l’ambassadeur Léopold von Hoesch au Führer, datée du 21 janvier 1936, semble corroborer les inquiétudes du Premier ministre. L’ambassadeur lui assure « des sentiments du roi envers l’Allemagne ». Son successeur, et pas le moindre, Joachim von Ribbentrop, affirmera, quant à lui en août, qu’une abdication du roi compliquerait l’influence allemande en Grande-Bretagne. Un diplomate qui devient également l’amant de la maîtresse de l’héritier au trône et qui prend l’habitude d’envoyer 17 roses à Wallis Simpson. Une rose par nuit d’amour selon le rapport du FBI. La germanophilie d’Edouard se retrouve encore dans cette déclaration : « Les dictatures sont très populaires de nos jours et nous pourrions bien en avoir besoin en Angleterre. » Enfin, il y a cette visite de son cousin, Charles-Edouard de Saxe-Cobourg-Gotha, peu après son couronnement, et dont le nazisme affiché prouvait qu’il était ici en mission afin de convaincre Édouard VIII de signer un traité d’alliance avec Hitler. Le gouvernement britannique entre en conflit avec le roi qui se mêle de tout et de rien, renvoie des documents officiels bien trop tardivement et entachés d’alcool. Stanley cherche le moyen de se débarrasser du roi et c’est ce dernier qui va le lui fournir malgré lui : sa volonté d’épouser Wallis, alors réfugiée en France. Le gouvernement britannique et le Commonwealth refusent tout mariage morganatique et lui rappellent qu’il est le chef de l’Église anglicane. Les Anglais ont appris alors la relation du roi avec sa maîtresse durant l’été. Au scandale succède une crise qui aboutit à l’abdication du roi après dix mois de règne.

Edouard vii passe en revue les troupes naziesLorsque l’abdication est connue d’Oswald Mosley, le leader fasciste des Chemises noires du British Union of Fascists menace de prendre d’assaut le palais et de sauver le roi. Durant quelques heures, l’Angleterre est menacée par le spectre de la guerre civile. Devant Buckingham, bras tendus, des dizaines de milliers de ses partisans défilent tandis que d’autres se sont rassemblés devant la chambre des communes. A Berlin, Hitler lui-même déplore la décision du roi. Si Édouard VIII a peu de liens avec Mosley, Wallis s’était empressée de le féliciter lors de son mariage auquel avait participé Hitler lui-même. Titré duc de Windsor, Édouard VIII ne se sent plus lié par ses droits de réserves et part épouser le 3 juin 1937 au château de Candé, Wallis Simpson. Un lieu plus que symbolique puisqu’il appartient à l’industriel français, Charles Bedaux, un proche… d’Adolf Hitler. Le chancelier offre même aux mariés une petite boîte en or. Finalement, le coup d’État n’aura pas eu lieu, pas plus que la nuit des « longs couteaux ».  Mosley sera finalement interné plus tard pour ses activités subversives. 

Edouard viii faisant le salut naziLe 27 octobre 1937 est marqué par la visite du duc et de la duchesse de Windsor à Berchtesgaden dans les Alpes bavaroises. Les photos de l’époque sont sans équivoques. On y voit un ancien roi fasciné par le chancelier allemand à qui il rend son salut nazi et qui passe en revue une unité de SS. Il y rencontre également Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, avec qui il s’entend fort bien. Édouard aurait confessé qu’il se verrait bien revenir sur un trône au côté d’un Reich triomphant et se serait alors lancé dans une violente diatribe contre « ces juifs, ces communistes, responsables de la montée des tensions en Europe ». Enfin, il y a Adolf Hitler qui donne de « l’Altesse royale » à Wallis, un titre que Londres refuse obstinément à son épouse. Et l’attitude du chancelier enchante positivement le duc. Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, un diplomate espagnol rapporte que l’ex-roi aurait souhaité que la capitale britannique soit bombardée. D’autres rapports évoquent que le duc aurait remis des plans de défense de la Belgique à son ami Bedaux et obtenu des nazis qu’ils gardent sa résidence alors qu’ils venaient à peine d’envahir la France. Mais ce qui va agacer Buckingham, c’est la photo du baisemain d’Hitler à la duchesse de Windsor lors de sa visite au Führer. Poussé par son gouvernement, le roi Georges VI décide d’envoyer son frère et son épouse dans les îles lointaines des Bahamas comme gouverneur-général. Il faut éviter pour le royaume que l’ombre du nazisme ne plane à nouveau sur la famille royale et que les nazis ne soient de nouveau tentés de faire enlever le couple comme en mai 1940 (le gouvernement britannique évoquera une banale propagande allemande sans fondements).

Edouard viii et wallis simpsonSa nouvelle nomination ne plaît pas à Edouard et qui le fait savoir. Premier ministre depuis mai 1940, Winston Churchill entre dans une colère noire. Les rapports sur les activités de l’ancien monarque se multiplient. Son statut d’attaché militaire auprès de l’état-major français lui a permis d’informer la chancellerie allemande qui lui fait miroiter un retour sur le trône. Edouard presse Berlin d'envoyer … les stukas sur Londres. Il va pouvoir régner avec Wallis, une fois la victoire obtenue. Churchill menace de le passer sous cour martiale. Edouard capitule et le couple ducal passera le reste de la Guerre Mondiale dans les Caraïbes mais également sous la surveillance étroite des espions américains qui épluche son courrier, enregistre ses conversations. Ainsi on apprend que Wallis Simpson a noué une étroite relation avec le millionnaire suédois et fondateur d'Electrolux, Axel Wenner-Gren, qui achète des munitions ou encore son mari qui s’indigne que des juifs louent des appartements à Nassau, la capitale des Bahamas. L’attitude et l’héroïsme tenace du roi George VI et de la reine (-mère) Elizabeth de la princesse Elizabeth  II sauront redorer le blason  d'une maisn royale terni par un homme sous la coupe de sa femme.

Couverture du sunPeu avant son dernier souffle en 1972, Édouard VIII niait dans ses mémoires toutes activités pro-nazies. En privé, les proches de l’ancien roi affirmaient pourtant qu’il tenait toujours des propos très favorables à Mussolini et Hitler, n'exprimaient aucun regret et se souciant de son unique avenir financier. Il ne subsiste aucune trace officielle de la correspondance du roi avec Hitler. À la fin de la guerre, un petit escadron militaire s’empresse  de faire récupérer dans les archives du château de Kronberg, tous les courriers échangés entre Edouard avec les nazis ? Qu’avait-elle donc à cacher ? Pourquoi une telle hâte d’autant que certaines lettre ont été promptement détruites selon l'historienne Karina Urbach qui réclame la déclassification des documents royaux relatifs à cette période  ?  En juillet 2015, le tabloïd The Sun publiera une vidéo de quelques minutes où l’on voit une jeune Élisabeth II de six ans faisant le salut nazi devant un Édouard VIII tout souriant. L’embarras fut tel pour le palais royal qu’il fut obligé d’émettre un communiqué réaffirmant l’engagement et le dévouement de la reine lors des bombardements de Londres par les nazis. Preuve s’il en est qu’il reste encore de nos jours bien des zones d’ombres dans le « dossier Windsor » qui divise toujours les historiens et qui alimente encore toutes les controveres. Car pour beaucoup au Royaume-Uni, aucun doute, le pro-nazi Édouard VIII a bel et bien trahi son pays pour un trône et une femme sulfureuse, bien loin de toute cette romance officielle que nous connaissons et qui se terminera en 1986 avec le décès de Wallis.

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Date de dernière mise à jour : 06/01/2021

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