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Qui sera le prochain prétendant au trône de Roumanie ?

La maison royale de Roumanie, issue de la lignée des Hohenzollern, a une histoire marquée par la grandeur et les turbulences. Depuis l’ascension du prince Carol au trône roumain en 1866 jusqu'à la fin de la monarchie en 1947, cette dynastie a profondément influencé le pays. Aujourd'hui, le débat sur la succession de cette couronne défunte continue de susciter des passions.

La maison royale de Roumanie puise ses racines dans l’arbre généalogique des Hohennzollern. C’est en 1866 que l’un de ses représentants, le prince Carol, issu de la branche des Sigmaringen, accède au trône d’une principauté réunissant les provinces de Valachie, de Moldavie et de Transylvanie avant de devenir officiellement un royaume en 1881 . La dynastie va diriger le pays jusqu’en 1947 où le roi Michel Ier est contraint de renoncer à)* son sceptre sous la pression des communistes qui se sont emparés de l’appareil d’État.

Un jeune prince désigné héritier au trône

Longtemps connue sous le nom de Hohenzollern-Sigmaringen, Michel Ier va incarner l’espoir des Roumains qui subissent de plein fouet la dictature communiste mise en place par Nicolae Ceaucescu. La chute du Conducator  va permettre aux différents membres de la maison royale de faire leur retour dans le pays, acclamé par leur compatriotes. L’apparition du roi Michel Ier lors des fêtes de Pâques en 1992 rassemblera pas moins d’un demi-million de personnes dans les rues de Bucarest. A ses côtés, son petit-fils, Nicolas Medforth-Mills, déjà considéré comme étant l’héritier direct du monarque. Michel Ier va rapidement s’employer à réhabiliter la monarchie et réintroduire cette idée comme une alternative crédible à une république en proie à ses démons.

Cachez ce Hohenzollern que je ne saurais voir

Le 30 décembre 2007, le roi Michel Ier annonce une réforme de la loi de succession. Il abroge dès lors le principe de succession par primogéniture salique au profit de ses cinq filles. Seuls les descendants du roi Carol II (1893-1953), son père, sont successibles à la couronne de Roumanie. Pour Michel, il s’agit également de bannir du trône une branche collatérale adultérine issue des amours de son père avec Zizi Lambrino, dont le mariage a été au coeur d’un scandale qui a secoué la monarchie roumaine après la Première Guerre mondiale. Une affaire qui a toujours été un objet d’irritation pour Michel qui n’a jamais reconnu son neveu, le controversé prince Paul de Hohenzollern, généalogiquement l’aîné de la famille royale mais exclu de toute succession au trône en raison de son illégitimité familiale.  Parallèlement à un accord signé avec le gouvernement qui lui reconnaît un statut officiel (2011), Michel Ier décide de roumaniser sa famille en lui retirant son nom dynastique au profit du pays afin de la confondre avec l’histoire nationale.

Une maison royale secouée par plusieurs scandales en dépit de sa grande popularité

Véritable icône de son vivant, Michel Ier décède en 2017, à l’âge de 96 ans. Il aura droit des funérailles nationales organisée en grande pompe par l’État roumain. Selon la loi de succession, la princesse Margareta (née en 1949 ) devient chef de famille, curatrice du trône et pour ses partisans , « Sa Majesté, la Reine de Roumanie ». L’idée monarchique a le vent en poupe avec plus de 30% de soutien parmi les Roumains. Jouissant de droits aussi importants que ceux du Président de la République, l’aînée des enfants du roi Michel Ier vit actuellement au Palais Elisabeth. Pour autant, la maison royale se retrouve bientôt fragilisée par deux affaires internes qui vont la contraindre de modifier sa loi de succession. D’abord avec la princesse Irina, sœur de Margareta, qui est exclue en 2014 de toute accession au trône après avoir été reconnue avec son époux d’organisation de paris illégaux et des combats de coqs dans leur ferme de l'État de l'Oregon. Enfin, avec l’exclusion de la lignée dynastique du prince Nicolas Medforth-Mills (né en 1985) accusé d’avoir contrevenu aux lois de succession au trône en ayant engendré un enfant hors mariage. Une décision pour ce dernier qui continue profondément de diviser la mouvance monarchique.

Des règles complexes de succession au trône

La princesse Margareta, mariée au prince Radu Dadu, est actuellement sans enfants. Selon la loi de succession, c’est sa sœur, la princesse Elena (d’un an sa cadette) qui devrait reprendre les prétentions au trône au décès de la fille aînée du roi Michel Ier. Puis après elle, sa fille, la princesse Elizabeta-Karina de Roumanie (née en 1989), tout juste mère d’Augustus Mihai de Roumanie-Metcalfe (né en 2024). Les règles de succession étant déterminées, rien ne s’oppose à ce qu’elles soient appliquée stricto-census. Pourtant, pour une minorité de monarchiste, le roi Michel ne pouvait changer celles-ci sans passer par l’approbation du Parlement. Ils invoquent la Constitution de 1923 qui rétablit la succession par primogéniture masculine et qui donne la primauté à la branche d’origine des Sigmaringen, dirigée par Charles-Frédéric de Hohenzollern. Lequel est autant catholique (ce qui l’exclut de facto du trône puisque le monarque se doit d’être orthodoxe) qu’il a déclaré en 2009 ne pas être intéressé par le trône de Roumanie.

Nicolas Medforth-Mills, espoir des monarchistes.

Une autre faction, plus importante, soutient ardemment le retour au sein de la succession de l’ancien prince Nicolas Medforth-Mills, père de deux autres enfants (dont un fils prénommé Michel), toujours très populaire parmi les Roumain(e)s. Vivant dans le pays de ses ancêtres, parlant couramment la langue du pays (contrairement à d’autres membres de la Maison royale), très impliqué dans le caritatif,  Nicolas Medforth-Mills a des relations très tendues avec sa tante, la reine Margareta. De timides rapprochements ont eu lieu mais n’ont pas permis à Nicolas d’être réintégré au grand dam des monarchistes qui ne cachent plus leur irritation sur les réseaux sociaux. Très proche de son frère, résidant au Royaume-Uni, la princesse Elizabeta-Karina n’a jusqu’ici jamais revendiquer son intention d’assumer la couronne. Son fils n’est d’ailleurs pas encore intégré à la ligne de succession. Des spéculations qui alimentent la mouvance monarchique et qui provoquent d’interminables discussions passionnées. Pour une majorité de monarchistes roumains, continuer à exclure « Nicolas de Roumanie » ne peut qu'affaiblir toute perspective de restauration de la monarchie. Un sujet éludé par la Maison royale qui n’évoque jamais cette affaire.

La succession de la maison royale de Roumanie demeure un sujet de controverse et de division au sein de la société roumaine, particulièrement parmi les partisans d’un retour à la monarchie. Entre les décisions de réforme de Michel Ier, les rivalités internes et les soutiens populaires pour des figures comme Nicolas Medforth-Mills, l’avenir de la dynastie reste incertain. Ces débats témoignent néanmoins de la persistance de l’idéal monarchique dans l'imaginaire collectif roumain et de son possible rôle dans le futur politique du pays.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 07/11/2024

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