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Crise électorale en Roumanie : la voix de la Couronne

Dans une rare prise de parole, au lendemain d'une élection présidentielle très tendue, SM la princesse Margareta de Roumanie a appelé à l’unité nationale, à la mise en place de réformes sociales et à la vigilance sur le plan géopolitique.

À la suite d’un scrutin général particulièrement tendu en Roumanie, marqué par une forte défiance envers les partis traditionnels (pro-européens) et une progression des forces conservatrices (pro-russes),, la famille royale a pris la parole. Sans intervenir dans le champ politique direct, SM la princesse Margareta de Roumanie, 76 ans a livré, dans un communiqué publié en ligne, une analyse grave mais lucide de la situation de son pays dont elle est la prétendante au trône.

La Gardienne de la Couronne rappelle d’emblée que la Roumanie n’est pas un cas isolé. « Le phénomène observé lors du récent processus électoral en Roumanie n’est pas unique », souligne-t-elle. À l’image de nombreux pays démocratiques, le scrutin a été marqué par des « vifs débats sur les procédures, des doutes quant à l’exactitude des résultats » et « d’importantes fluctuations au sein de l’électorat ». Ce climat de suspicion généralisée, dans un pays aux institutions encore fragiles, une élection marquée par des ingérences russes et éuropéennes, reflète une dynamique préoccupante pour l’ensemble de l'Union européenne (UE). Il témoigne, selon la princesse, d’un malaise profond entre les citoyens et leur classe dirigeante, accentué par les inégalités sociales et le sentiment d’abandon dans les zones rurales.

Un modèle de croissance à revoir d’urgence

« Tous les pays dont l’économie croît rapidement génèrent des inégalités », constate la princesse Margareta, mettant en lumière une fracture persistante entre les élites urbaines et les territoires délaissés. La Roumanie figure parmi les économies en forte progression au sein de l’Union européenne, mais cette croissance reste « rapide, mais inégale ». « Nous disposons de spécialistes bien rémunérés, tandis que dans les villages à moitié vides, les retraités ont à peine les moyens de se nourrir », déplore-t-elle, appelant à « investir davantage dans les services sociaux » et à « développer des politiques spécifiques d’inclusion ». Autre paradoxe : malgré l’essor technologique, la Roumanie affiche les plus faibles dépenses de santé de toute l’UE.

La relation avec les millions de Roumains vivant à l’étranger, souvent négligés en dehors des périodes électorales, mérite une attention renouvelée. « Elle doit se sentir partie prenante de la vie roumaine au quotidien, et pas seulement avant les élections, lorsque nous l’invitons à voter », plaide la fille du roi Michel Ier. Cet appel intervient alors que la diaspora, notamment en Europe de l’Ouest, joue un rôle de plus en plus décisif dans les scrutins roumains, tout en demeurant critique vis-à-vis de l’état de la gouvernance nationale.

La Roumanie, sentinelle de l’Est européen

Dans ce climat intérieur tendu, la princesse rappelle les acquis de la Roumanie en matière de sécurité et de stabilité, notamment grâce à son ancrage euro-atlantique dont elle est une fervente partisane. « Jamais, dans son histoire moderne, la Roumanie n’a bénéficié d’un niveau de sécurité plus élevé et de meilleures conditions de prospérité économique qu’aujourd’hui, en tant que membre de l’Union européenne et de l’OTAN », affirme-t-elle. Alors que la guerre en Ukraine se poursuit à l’Est, la Roumanie joue un rôle stratégique dans la défense du flanc oriental de l’Alliance atlantique. Elle est également un acteur clé dans le soutien humanitaire et logistique à son voisin ukrainien, tout en renforçant ses liens avec la République de Moldavie. Cette ancienne province roumaine, qui a pris son indépendance au lendemain de la chute du Mur de Berlin, a été également au centre d'une récente élection présidentielle, entachée de controverses et de multiples ingérences venues de Moscou et de Bruxelles. 

La princesse Margareta conclut son message en exhortant les responsables politiques à tirer les leçons de ce cycle électoral : « un cri d’angoisse, un appel passionné venu du cœur d’électeurs qui se sentent ignorés et négligés ». Le cynisme croissant de la jeunesse vis-à-vis de la classe politique doit, selon elle, être pris au sérieux. « Nous devons repenser le fonctionnement de nos institutions. Nous devons proposer à l’électorat roumain de véritables solutions politiques, et non des jeux de coalition », tranche-t-elle, appelant à restaurer la confiance civique dans un pays où l’abstention et la colère électorale progressent.

SM la princesse Margareta @palais royal

Une mission morale, au-delà du politique

Fidèle à son rôle constitutionnel non partisan, la Couronne roumaine se veut un repère dans la tourmente comme une alternative, soutenue par divers leaders politiques. 30% des Roumains souhaitent le retour de la monarchie. « Ma famille poursuivra sa mission historique au service de tous les Roumains, où qu’ils soient et aussi difficiles soient-ils », conclut la princesse, dans une déclaration empreinte d’engagement et de responsabilité.

Dans un pays confronté à des défis internes majeurs et des menaces externes croissantes, cette prise de parole royale s’inscrit comme un rappel fort : la démocratie ne se défend pas seulement dans les urnes, mais aussi dans les actes de solidarité, la réforme institutionnelle, et la fidélité aux valeurs européennes. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 20/05/2025

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