Mariage royal et de rêve en Sicile

C’était le mariage du week-end attendu par tout le Gotha et les passionnés des monarchies. Dans la cathédrale d'architecture arabo-normande Santa Maria Nuova (« Sainte Marie la neuve »), l’héritier de la couronne des Deux-Siciles, Jaime de Bourbon-Siciles, a convolé en justes noces avec Lady Charlotte Diana Lindesay-Bethune, fille d’un membre de la chambre des Lords du Royaume-Uni. Plus de 200 invités, parmi lesquels des grands noms de l'aristocratie, venus assister à la cérémonie présidée par le cardinal Gerhard Ludwig Müller. 

C’est au son des cornemuses que les invités du mariage ont été été accueillis à la cathédrale Santa Maria Nuova avant l'arrivée du prince Jaime de Bourbon-Siciles et de son père Pedro de Bourbon-Siciles. Derrière eux, une foule massée aux abords de ce chef d’œuvre de l’architecture normande à laquelle s’ajoute des influences musulmanes et qui résume toute l’histoire du royaume normand de Sicile. Un lieu emblématique situé à Monreale (« Mont Royal ») constellé de vitraux qui racontent la vie du Christ. Pour l’héritier de la maison des Deux-Siciles, une monarchie emportée par le Risorgimento et au prix d’une belle résistance romantique contre les chemises rouges de Guiseppe Garibaldi à Gaète en 1860, le choix de cette cathédrale consacrée s’est imposé de lui-même. Catholique pratiquant et dévoué, titré duc de Noto, le fils de Pedro de Bourbon-Siciles et de Sofía Landaluce y Melgarejo est l’aîné d’une fratrie de sept ans. A 29 ans, repose déjà sur ses épaules une histoire tumultueuse dont il aura la charge au décès de son père. Il descend de Louis XIV en ligne directe et titulaire d'un diplôme en droit ainsi que d'une maîtrise en administration des affaires. Il a longtemps vécu à Paris avant de s’installer à Londres où il y travaille comme directeur d'un fonds d'investissement depuis 2018. 

L’année dernière, à la surprise générale et en pleine pandémie de covid-19, il avait annoncé ses fiançailles avec Lady Charlotte Diana Lindesay-Bethune, d’un an sa cadette et dernière fille du comte de James Randolph Lindesay-Bethune. Un titre acquis au XVIIème siècle et qui permet à cette famille aux origines écossaises de siéger à la chambre des Lords. Une maison qui a également des origines françaises puisque sa branche aînée s’est éteinte en 1833 et qui a compté parmi ses illustres membres, un certain Maximilien de Sully, duc de Bethune. Diplômée en langue arabe et perse de l’Université d’Oxford, elle travaille depuis des années à la Citibank. C’en en calèche que la future princesse est arrivée aux bras de son père.  

Si les deux mariés résident à la Villa Igiea, très peu de détails ont fuité pour cette cérémonie à l’image du prince Jaime qui est connu pour être un « royal » très discret. D’abord annoncés, le roi et la reine d’Espagne ont dû se désister en raison des récents évènements aux Canaries.  Des membres de l’Ordre Constantinien de Saint-Georges, de la famille de Bourbon-Parme, des Deux-Siciles, les princes Mirko de Bulgarie et Maximilian de Windisch-Graetz, la princesse Anna d'Orléans (grand-mère du marié) , l’archiduc Siméon d’Autriche et son épouse, le prince Charles-Philippe d'Orléans et un certain nombre de membre de la Maison royale de France, un panel de membres des Lindesay-Bethune et du gouvernement régional de Sicile étaient présents dans la Cathédrale. « Je suis très heureux d'accueillir dans ce magnifique Palais Royal, qui fut aussi la demeure des Bourbons-Deux-Siciles « a déclaré à la presse Gianfranco Miccichè, président de l'assemblée de Sicile. Il accueillera un déjeuner avec tous les invités au Palazzo Mazzarino.  Un mariage qui a été célébré autant en anglais qu’en italien.

Exilée par les affres de l’Histoire, la maison royale des Deux-Siciles est actuellement divisée en deux branches qui revendiquent le trône. Le prince Jaime de Bourbon-Siciles est affiliée à celle dite « légitimiste » et qui a le titre de Grand d’Espagne.  Une réconciliation a eu lieu entre les deux lignées rivales en janvier 2014, prévoyant qu’au décès des deux prétendants au trône, le duc de Noto recueillerait entre ses mains l’héritage royal qui achèverait l’unité de la dynastie. Mais deux ans plus tard, coup de théâtre inattendu, le prince Charles (Carlo) de Bourbon-Siciles, son adversaire, est revenu sur son accord et a nomme sa fille aînée, Maria-Carolina, héritière au trône. Une décision vertement critiquée par les partisans de la monarchie sicilienne.. La dispute dynastique perdure toujours de nos jours. 

Ironie de l’histoire, le prince Jaime de Bourbon-Siciles est aussi dynaste généalogiquement au trône de France que d’Espagne. 

Copyright@Frederic de Natal @https://www.instagram.com/realcasadiborboneduesicilie/