À l’occasion de l’anniversaire du référendum de 1946 qui a mis fin à la monarchie italienne, le prince Emmanuel-Philibert a renouvelé son appel solennel au rapatriement des dépouilles de ses grands-parents, Umberto II et la reine Marie-José. Dans un message empreint de mémoire et d’espérance, le chef de la maison de Savoie a plaidé pour une réconciliation historique entre l’Italie et son passé royal.
Le dernier souverain d'Italie va t-il pouvoir revenir en Italie ? « Il est temps de boucler la boucle, de permettre le retour d’Umberto II en Italie », a déclaré d’une voix calme mais déterminée le prince Emmanuel-Philibert de Savoie. Pour le 69e anniversaire du référendum de 1946 qui a scelle le sort de la monarchie italienne, le petit-fils du dernier roi d’Italie, 52 ans, a souhaité revenir sur les circonstances douloureuses de ce départ : « Il a vécu l’exil codifié par un règlement dit ‘transitoire’, avec la profonde mélancolie de quelqu’un arraché à ses racines, à ses amis, à sa terre. ». Un exil d’autant plus amer que le roi fut privé de ses biens et éloigné de ses enfants, alors que l’Italie faisait le choix d'une République dans des conditions très controversées.
Un monarque qui repose en terre française
Né en 1904, monté brièvement sur le trône à la suite de l’abdication de son père Victor-Emmanuel III, Umberto II – surnommé le « Roi de Mai » – ne régna que 33 jours. Battue de justesse lors du référendum de juin 1946 (avec environ 54% pour la République contre 45% pour la Monarchie), la Maison de Savoie a du quitter le pays précipitamment, prenant acte de la décision populaire. Ses membres masculins, bannis par une clause constitutionnelle, abrogée seulement en 2002.
Aujourd’hui, Umberto II repose toujours dans l’abbaye d'hautecombe, en Savoie, depuis 1983. Une situation que son petit-fils juge désormais incompréhensible : « Cette situation était censée être temporaire. Pourtant, plus d’un demi-siècle plus tard, mon grand-père repose toujours sur la terre de l’exil. » Depuis Genève où il vit, le prince Emmanuel-Philibert incarne désormais seul la mémoire dynastique. Après le décès de son père, Victor-Emmanuel, en janvier 2024, il a pris les rênes de la Maison de Savoie avec toute la dignité que cela impose, en dépit de la querelle dynastique qui agite sa famille. Il a notamment œuvré pour que le cercueil de son père trouve sa place à la basilique de Superga, auprès des souverains piémontais, dans la salle royale où repose déjà le roi Charles-Albert de Sardaigne (1798-1849).
Les restes du roi Umberto II, symbole de la réconciliation entre Italiens ?
Mais pour lui, la réconciliation ne sera complète qu’avec le retour d’Umberto II et de Marie-José, dernière reine d’Italie, décédée en 2001. « Il faut reconnaître l’héritage moral de mon grand-père. Ce geste d’humanité, de respect et de paix historique serait un signal fort, dans l’esprit même de la République italienne, que je ne combats pas, mais que je respecte. », affirme t-il. Le prince se tourne résolument vers l’avenir : « Ce n’est pas un acte politique, c’est un acte de mémoire. Nous ne demandons pas la restauration de la monarchie. Nous demandons seulement que l’Italie honore ses morts, comme toute grande nation se doit d’honorer ses souverains. ». Il en appelle enfin à la sagesse des institutions italiennes, et tout particulièrement à celle du président Sergio Mattarella : « Nous sommes certains que son sens de l’unité nationale permettra de refermer pacifiquement un chapitre encore ouvert de notre Histoire. ».
Il est des gestes qui ne réécrivent pas l’Histoire mais qui contribuent à en panser les blessures. Le retour en Italie d’Umberto II serait de ceux-là. Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, digne héritier d’une lignée millénaire, ne réclame ni couronne ni revanche, seulement justice pour ses aïeux. À travers lui, c’est une Italie réconciliée avec toutes ses mémoires qui pourrait enfin se dessiner.
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