Georg de Habsbourg nommé ambassadeur de Hongrie en Espagne

Georg de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche et ambassadeur de Hongrie à Paris, s’apprête à poser ses valises à Madrid. Une nomination à la croisée des enjeux diplomatiques et des résonances historiques.

C’est une information qui ne manquera pas de faire parler dans les ministères des Affaires étrangères. Le Parlement hongrois a approuvé, avec un large soutien de la majorité comme de l’opposition, la désignation de l’archiduc Georg de Habsbourg-Lorraine comme futur ambassadeur de Hongrie en Espagne. Un dernier geste formel de la part du président hongrois, puis l’aval de la diplomatie espagnole, officialiseront cette nomination au parfum d’histoire dynastique.

Une affinité ancienne avec l’Espagne

Né en 1964 à Starnberg, en Bavière, Georg de Habsbourg-Lorraine est le cadet des sept enfants de l’archiduc Otto — le dernier héritier de la double monarchie austro-hongroise — et le frère du chef actuel de la Maison impériale et royale, Karl de Habsbourg-Lorraine. Par cette nomination, c’est une figure d’un gotha européen discret mais encore bien vivant qui s’installe dans une capitale où le souvenir des alliances matrimoniales et politiques entre Habsbourg et Bourbon n’est jamais tout à fait éteint.

Ce retour de l’archiduc sur les terres ibériques n’est pas anodin comme le rappelle le quotidien El Debate : il réactive une histoire personnelle marquée par de longues périodes passées en Espagne. C’est là que le prince impérial a passé nombre de ses étés d’enfance, dans une maison familiale nichée dans un village de pêcheurs devenu, au fil des décennies, une destination prisée de la jet-set européenne.

Mais au-delà de ces attaches affectives, ce sont ses enfants qui incarnent le lien le plus profond avec l’Espagne contemporaine : tous trois y ont poursuivi leurs études supérieures, confirmant une immersion hispanique bien ancrée dans le présent.

Entre tradition dynastique et diplomatie moderne

Si le choix du gouvernement hongrois peut sembler symbolique, il n’est pas que protocolaire. L’archiduc Georges n’en est pas à son premier poste : il fut ambassadeur de Hongrie auprès de l’Union européenne dès 1996, puis président de la Croix-Rouge hongroise pendant près d’une décennie. Marié à la duchesse Eilika d’Oldenbourg et établi à Budapest depuis la chute du Mur de Berlin, il incarne cette noblesse européenne qui a su se reconvertir sans renier ses origines, maintenant la flamme d’un nom qui est toujours très populaire en Hongrie. En 2020, ce polyglotte a été nommé Ambassadeur de Hongrie en France. 

Mais cette nouvelle nomination intervient dans un contexte diplomatique plus tendu. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, devra délivrer l’agrément. Certains observateurs y voient une épreuve de neutralité face au style politique controversé du Premier ministre Viktor Orbán dont le prince impérial est proche. Toutefois, Georg de Habsbourg-Lorraine et Albares se seraient déjà rencontrés à Paris dans leurs fonctions respectives, laissant espérer une transition diplomatique apaisée.

Un ambassadeur à la croisée des héritages

Au-delà de la fonction, cette nomination est aussi un clin d’œil au poids discret mais persistant de l’aristocratie dans les arcanes de la diplomatie. Dans un monde politique dominé par la technocratie, le profil de l’archiduc rappelle que certaines figures unissent les attributs de la noblesse, la mémoire historique et les compétences internationales.

L’Espagne, qui n’a jamais totalement tourné la page des Habsbourg, dont le règne d’or s’est étalé de 1506 à 1700, verra ainsi revenir un nom chargé de souvenirs, porteur d’un destin dynastique désormais mis au service des relations bilatérales.

Copyright@Frederic de Natal